Deux ans après son départ de Balthazar, Hélène de Fougerolles est de retour sur TF1 avec Les Disparus de la Forêt Noire, une nouvelle série en quatre épisodes avec également Grégory Fitoussi, Tchéky Karyo, Thierry Godard, Natalia Dontcheva (Infidèle) et Astrid Whettnall.
Produite notamment par Nagui, ce thriller tourné entre la région de Starsbourg et l'Allemagne débute lorsque douze corps sans vie sont retrouvés dans un charnier, près de la frontière franco-allemande, au cœur de la Forêt Noire et de la base militaire binationale.
Toutes les victimes sont des hommes, aussi bien français qu'allemands. Et cette macabre découverte va venir raviver des souvenirs que Camille Hartmann, une juge d'instruction hors pair qui a perdu la mémoire à la suite d'un accident de voiture, croyait enfouis. Et si cette affaire était liée à la nuit fatidique où la vie de la juge a basculé ? Et si Camille était impliquée dans toute cette histoire ?
Avant de succéder à Natacha Lindinger dans le rôle principal de Sam, Hélène de Fougerolles se confie sur Les Disparus de la Forêt Noire et sur ce personnage plus sombre que ceux qu'elle a incarnés auparavant. Ainsi que sur la thématique de fond de la série : les violences faites aux femmes.
AlloCiné : Les fictions policières vous connaissez, vous en avez tourné quelques unes au cours de votre carrière. On pense notamment à Balthazar. J’imagine que si Camille Hartmann avait été une énième flic, Les Disparus de la Forêt Noire ne vous aurait pas intéressé…
Hélène de Fougerolles : C’est vrai. Déjà Camille est une juge, donc ça ne faisait pas redite par rapport à ce que j’avais pu faire dans Balthazar. Mais ce qui m’a vraiment donné envie d’y aller c’était d'explorer quelque chose que je n’avais encore jamais eu l’occasion de faire, avec un personnage âpre, dur, même physiquement. Et qui est dans une réalité compliquée et qui a du mal à remonter à la surface. C’est ce qui m’intéressait avant tout.
Et puis il se trouve que la série enchaîne les rebondissements auxquels je ne m’attendais pas du tout, et ça j’ai adoré. Et la production m'a expliqué que ça allait être une fiction avec une ambiance, une lumière particulières. Une série presque de genre, avec un côté très froid, qui se tournait dans la forêt près de Strasbourg. C’est un polar très esthétique.
Comment avez-vous abordé ce personnage de juge d’instruction qui se remet difficilement d’un lourd trauma et souffre d’amnésie ?
Je me suis amusée à imaginer comment je pouvais être entre deux eaux, en apnée presque, à essayer de remonter à la surface et à avoir du mal à réémerger. Je me souviens que, parfois, sur le tournage, j’avais des moments où j’avais du mal à attraper mon texte, à "passer la seconde". J’étais vraiment sous l’eau, dans cette vulnérabilité. C’était important pour ce rôle. Il fallait que je sois là-dedans.
L’une des particularités de la série c’est qu’elle se déroule entre la France et l’Allemagne. Vous êtes-vous renseignée sur les différences qui existent entre la police et la justice française et allemande pour préparer votre rôle et le tournage ?
Pas du tout. Comme je n’ai pas de scènes de plaidoirie, ça ne me paraissait pas essentiel. Camille Hartmann est une juge un peu "à la retraite", car elle vit quelque chose de compliqué, un traumatisme et une perte de mémoire suite à un accident de voiture. Je me suis donc plutôt intéressée à comment elle se sentait dans cette vulnérabilité, où elle s’accroche à des bribes de souvenirs. Et finalement elle se retrouve à nouveau au milieu d’une enquête, et c’est excitant pour elle, c’est ça qui lui permet de tenir.
Alessandro Clemenza / Banijay Studios France - Fiction' Air / TF1
Au départ, la série commence comme une histoire de serial killer. Et finalement il y a une bascule et on comprend bien vite que le véritable sujet de la série est les violences faites aux femmes. C’est aussi cela qui vous a attiré à la lecture du scénario, le fait que la série aborde un sujet malheureusement toujours d’actualité, avec notamment plus de 90 000 femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol ?
Ce qui m’a plu c’est qu’au final quelque chose était abordé. Ce n’était pas juste une enquête avec une recherche de meurtrier. Il y a un sujet qui est exposé à la fin et qui est important. Parfois, on décide de prendre part à quelque chose qu’on a besoin de dénoncer. Je trouve ça bien, même si je ne suis pas très féministe dans ma vie, je ne revendique pas grand-chose. Je me sens assez à égalité avec les hommes, je n’ai pas de souci avec ça (rires).
Mais cette série c’était une façon de voir le féminisme sous un autre angle. Et de réaliser des choses aussi, parce que mon personnage est assez éloigné de tout ça. Et finalement elle comprend que sa voisine se fait frapper par son conjoint et elle se retrouve confrontée à la détresse de certaines personnes. Même si, pour elle, dans sa propre vie, ce n’est pas vraiment un sujet.
Comment s’est passé le tournage avec Grégory Fitoussi et Tchéky Karyo, qui campent les deux flics de l’histoire ?
Je les connaissais un petit peu tous les deux. J’avais tourné avec Tchéky quand j’avais 25 ans. On était très heureux de se retrouver. Et avec Grégory on avait tourné ensemble un court métrage quand on était tout jeune, c’était son premier film je crois. Donc on était ravis car on n’avait pas eu l’occasion de travailler à nouveau ensemble depuis, même si on s’était croisés une ou deux fois.
Après, on n’a pas tellement travaillé beaucoup en amont ensemble, car nos personnages passent beaucoup de temps à se "renifler", donc on n’avait pas besoin d’être en symbiose et de se connaître parfaitement. Alors qu’avec Thierry Godard, on se connaissait davantage, on avait déjà tourné ensemble, j’avais beaucoup d’affection pour cet acteur. Et c’est vrai que tout de suite c’était comme si on ne s’était jamais quitté. On s’est retrouvé et on pouvait tout de suite jouer ce couple. Il y avait cette promiscuité qui était facile et évidente.
Vous avez les cheveux châtains dans la série. C’était important pour le rôle ? Ça vous plaît de changer de tête d’un personnage à l’autre ?
Oui, c’était pour éteindre un peu le personnage. Pour l’emmener vers quelque chose qui ne soit pas esthétique et qui soit éloigné du côté pétillant qu’on me colle souvent. J’aime bien changer de tête d’un rôle à l’autre quand on m’en donne la possibilité.
La série a changé deux fois de titre. Elle s'appelait tout d'abord Walkyries, puis La Forêt des disparus, et maintenant Les Disparus de la Forêt Noire. Vous êtes contente du choix final ?
On a du mal à s’en souvenir (rires). J’aimais bien Walkyries. Je trouvais ça beau. Ça collait bien au sujet de la série.
Alessandro Clemenza / Banijay Studios France - Fiction' Air / TF1
Vous allez bientôt débuter le tournage de la saison 7 de Sam. Qu’est-ce qui vous a emballé dans cette proposition ? Vous aviez envie d’un nouveau rôle récurrent ?
Je rêvais d’un rôle récurrent. Dans un registre qui m’amuse et dans lequel j’ai de quoi m’exprimer. Et là, Sam, c’est vraiment un personnage rock, sexy, transgressif. Avec des sujets très intéressants comme la maternité, la perte de repères.
TF1 m’a proposé le rôle, j’ai réfléchi quand même quelque temps. Il y avait une part de snobisme je pense où je me disais "Je préfère être à l’origine d’une série". Et puis finalement j’ai vite compris que ce rôle, défendu avec brio pendant des années par Natacha Lindinger, était génial. Donc j’ai accepté de relever le défi. Même si j’ai quand même passé un casting (rires). Donc ce rôle je l’ai gagné et je suis très fière.
Cette nouvelle saison se déroulera à nouveau à la campagne, avec toujours Thierry Neuvic et Chantal Ladesou ?
Oui, on reste à la campagne, on garde le même décor. Et ce sont les mêmes personnages. C’est juste moi qui change (rires). J’espère que ça va bien se passer.
Avez-vous d'autres projets à venir ? Avez-vous de nouvelles envies d'écriture après T'inquiète pas , maman, ça va aller ?
Je tourne en ce moment une comédie romantique pour TF1 avec Lannick Gautry et Florent Peyre, qui s'appelle Noël... et plus si affinités, et qui sera diffusée à Noël 2023 a priori. C’est avec la production Beaubourg, avec laquelle j’avais fait Balthazar.
Mais revenir à l’écriture, non, je ne pense pas. Je me suis révélée être une super jardinière donc je vais m’occuper de mon jardin (rires). Je fais aussi des bijoux, j’aime bien créer des choses avec mes mains. Mais sinon je ne me sens plus trop de faire autre chose que mon métier de comédienne pour le moment.