De quoi ça parle ?
Adolescentes, Blandine et Magalie étaient inséparables. Les années ont passé et elles se sont perdues de vue. Alors que leurs chemins se croisent de nouveau, elles décident de faire ensemble le voyage dont elles ont toujours rêvé. Direction la Grèce, son soleil, ses îles mais aussi ses galères car les deux anciennes meilleures amies ont désormais une approche très différente des vacances… et de la vie !
Après L'Origine du mal de Sébastien Marnier et Annie Colère de Blandine Lenoir, Laure Calamy revient au registre de la pure comédie. L'actrice révélée au grand public grâce à la série Dix pour cent est à l'affiche ce mercredi 11 janvier des Cyclades de Marc Fitoussi.
Les Cyclades est une forme road movie (ou plutôt "boat & island movie") déjanté, dans lequel deux copines d'enfance qui s'étaient perdues de vue vont se retrouver de façon assez improbable. De rebondissements en rebondissements, elles vont se retrouver à partir en vacances ensemble et sillonner plusieurs îles grecques.
Une comédie chaleureuse et solaire à l'image des paysages filmés, et de ses interprètes. Le tandem Laure Calamy - Olivia Côte (Vous les femmes, Pupilles...) fait des étincelles. Ajoutez à ce tandem Kristin Scott Thomas dans un look et rôle pour le moins inattendu, et vous avez une des comédies françaises les plus savoureuses de ce début d'année.
A l'occasion du Festival du film francophone d'Angoulême, AlloCiné a pu s'entretenir avec le réalisateur et scénariste Marc Fitoussi, et l'une de ses interprètes principales, Olivia Côte.
A propos du point de départ du film, en l'occurrence Le Grand Bleu et le culte autour du film phénomène, nous avons interrogé le tandem.
"Quelque temps avant de me lancer dans l’écriture, il se trouve que j’ai fait un séjour dans les Cyclades, explique Marc Fitoussi. Je fais escale à Amorgos et là, je découvre que cette île est entièrement dédiée au film de Luc Besson. Super dépaysement ! Les tavernes en diffusent des images sur grand écran, la musique d’Eric Serra est dans tous les hôtels, jusqu’au café du port rebaptisé du nom du film. Que le phénomène perdure ainsi au-delà de ma génération m’a stupéfié. Il fallait en faire quelque chose."
"Cette île continue d'alimenter ce succès, poursuit-il. Mais c'est un prétexte, c'est surtout parler d'une génération. Ce choix de film situe tout de suite ces deux filles". "C'est un film qui a cristallisé une époque", complète Olivia Côte.
Outre ce point de départ autour du Grand Bleu, le film repose sur une idée assez universelle, celle d'imaginer les retrouvailles entre deux amies s'étant perdues de vue. "Je voulais parler de sororité, mais entre des personnages qui ne se ressemblent pas". "Quand il s'agit de sororité, parfois on voit des gens qui sont déjà en accord dans leurs choix de vie. Ici ce sont deux femmes très différentes", ajoute Marc Fitoussi.
Un buddy movie au féminin
Le film séduit aussi dans sa façon d'emprunter aux codes du "buddy movie" (film de potes, souvent fondé sur un duo). Si Marc Fitoussi ne parle pas de références à proprement parler, il avait en mémoire le souvenir de films aimés, et souvent dans des genres variés : "J’ai évidemment voulu revoir des films de duo, si possibles féminins, que j’avais aimés : Thelma et Louise de Ridley Scott, que j’adore, mais c’est un tel drame que cela n’allait pas beaucoup m’aider à raconter par exemple l’arrivée de Bijou en quad. J’ai voulu revisionner Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme, avec Melanie Griffith et Jeff Daniels, à cause de leur duo mal assorti. Au final, je lui fais un hommage discret en faisant porter à Laure le genre de bracelets africains que porte Melanie Griffith dans le film.
J’ai aussi revu Sideways d’Alexander Payne, à cause du duo dissonant formé par Paul Giamatti et Thomas Haden Church et On a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca parce que je n’aurais peut-être pas tourné ce film en Grèce sans ce film que j’adorais voir et revoir quand j’étais enfant. Enfin, j’ai revu des films sur la sororité, dont Tout ce qui brille de Géraldine Nakache et Hervé Mimram. Mais, au fond, je me rends compte, que comme à chaque fois, je ne tire pas grand-chose de ces recherches. On se retrouve avec son film et on le réalise".
Changement de casting
Pour l'anecdote, Les Cyclades a connu des changements de casting, la période de tournage ayant été décalée. Au moment de refaire le casting, Marc Fitoussi a mis du temps à trouver l'actrice jouant le personnage de Blandine. "Les comédiennes que je contactais voulaient toutes jouer Magalie, plus joyeuse, plus hédoniste, et tout simplement plus sexy. Aucune ne voyait le potentiel comique du personnage de Blandine", se souvient Marc Fitoussi.
Marc Fitoussi s'est finalement tourné vers Laure Calamy pour Magalie, et Olivia Côte pour Blandine, plus habituée jusqu'ici aux seconds rôles. "C'est le rôle pour lequel j'ai eu le plus de composition dans toute ma carrière d'actrice. C'est l'opposé de ce que je suis, de mon énergie. J'avais l'impression d'être masquée, comme dans les cours de masque !", s'amuse Olivia Côte à notre micro.
Pour Laure Calamy, "on devine que sa fantaisie est toujours teintée de drame. C'est trop pour s'enthousiasmer autant de tout, ça cache un truc. Je pense qu'on devine que ce n'est pas par pur hédonisme".
Dans son générique de fin, Marc Fitoussi les remercie d'ailleurs chaleureusement ces deux , "pour les débordantes et généreuses suggestions des comédiennes". "Le film s'est beaucoup réinventé, de part son casting", nous précise Marc Fitoussi. Il note par exemple l'ajout de petites improvisations suggérées par les comédiennes. "Néanmoins, cela implique des rajouts. Dans sa première version, le film faisait 2h30 !" Le film a été raccourci, mais le cinéaste a gardé un certain nombre de suggestions, et souligne la bonne humeur régnant sur le plateau, malgré des conditions météorologiques pas toujours évidentes.
Les Cyclades sort ce mercredi 11 janvier 2023.
Propos recueillis au Festival du Film francophone d'Angoulême 2022