De quoi ça parle ?
Dune a 11 ans. Depuis toujours, chaque été, elle traverse la France avec ses parents pour passer les vacances dans leur vieille maison des Landes. Là-bas, Mathilde, 9 ans, l’attend de pied ferme. Une amitié sans failles. Mais cet été-là ne sera pas un été de plus. L’année dernière, Dune et ses parents ne sont pas venus. On ne lui a pas dit pourquoi mais elle sent que quelque chose a changé. Sa mère si distante, les disputes des parents, Mathilde qui tarde à grandir, l’odeur des pins entêtante, le sable qui n’est plus si doux, les films d’horreur ridicules, les amours des grands ados du coin, tout met Dune en alerte. Elle veut comprendre, savoir. Cet été-là Dune va grandir.
Pour commencer l'année et affronter les frimas de l'hiver, retrouvez la chaleur d'un été landais le temps d'une séance de cinéma ! Cet été-là, comme son titre l'indique, se passe lors d'un été, et se focalise énormément sur les sensations que procure cette saison et les moments de farniente qu'on y associe généralement.
Un film doux-amer, qui aborde avant tout le sujet de la famille, thème cher au cœur de son réalisateur et co-scénariste Eric Lartigau. "Je voulais travailler à nouveau sur la famille. Parce qu’on est dans la vie, parce que ça parle à tout le monde, et parce qu’il n’y a rien de plus chiant que la famille et de plus fabuleux en même temps ! Et ça, pour un réalisateur, c’est la possibilité d’aller aussi bien dans le drame que dans la comédie. C’est un thème qui me passionne et que j’explore dans chacun de mes films, que ce soit L’Homme qui voulait vivre sa vie, Prête-moi ta main, #Jesuislà, La Famille Bélier..."
Des héroïnes pré-adolescentes
Les héroïnes du film sont deux jeunes filles, ni tout à fait enfant, ni tout à fait adulte. "La pré-adolescence, c’est un des âges clé. Un des premiers d’une vie. Celui des premières observations, des premières questions. Celui où les phrases des parents, tout à coup, prennent sens et résonnent autrement. Celui où on soulève un caillou, et où on regarde ce qu’il se passe en dessous. C’est un éveil, et, au fond, le début d’une perte d’innocence, souligne Eric Lartigau. Moi, pré-ado, je m’en suis pris plein la gueule : le monde extérieur m’angoissait, il me rendait infiniment triste, et en même temps, j’étais très heureux parce que je faisais le con tout le temps pour compenser..."
Et d'ajouter : "À cet âge, en termes d’hormones, et d’émotions, c’est la folie : tout fait feu d’artifice, ça part dans tous les sens et tu passes du rire aux larmes en un millième de seconde. Filmer ces personnages, c’était capter cette fragilité-là, et fixer cette période si précieuse de la vie. À condition de rester à hauteur d’enfant, avec les mots, comme avec les images."
La question de la transmission est également très présente dans le film, à travers les rôles des adultes : "Qu’est-ce qu’on fait de l’éducation qu’on a reçue ? Comment on digère l’héritage familial, comment on l’intègre, comment on l’affronte, comment on s’en sépare ?"
Cet été-là est une adaptation assez libre d'un roman graphique, du même nom, cosigné par Mariko et Jullian Tamaki. L'une des principales différences est justement la place plus importante qu'occupent les adultes dans cette intrigue.
Quel a été le travail d'adaptation ?
Une fois qu'Eric Lartigau et sa coscénariste Delphine Gleize avaient bien en tête le texte d’origine, l'essence, la synthèse, le travail d'adaptation a consisté à oublier la BD, "pour raconter notre propre histoire". "L’idée, c’est de respecter la trame de l’auteur, et de garder une cohérence avec l’œuvre – sinon, quel intérêt ? Autant partir d’une page blanche... Mais l’histoire, je la raconte à ma manière", indique Eric Lartigau en résumé.
Le travail a consisté également à se concentrer sur les sensations que procurent l'été, les vacances, et le tout avec le regard de l'enfance, ou plus précisément de la préadolescence. "J’avais envie de retrouver toute la gamme de mes souvenirs : voir ce ciel passer de l’orage au bleu sans nuages, sentir la chaleur des pins et des fougères, capter ce soleil qui tombe et écrase la forêt, l’humus, et puis qui disparaît, et là, il se met à flotter, et tu rêves de t’allumer un feu de cheminée...", explique Eric Lartigau.
"Éric a su capter la sortie de l’enfance. Ce moment où, pas encore adolescents, on va vivre nos derniers étés…", complète l'une des actrices du film, Chiara Mastroianni. "Il a hyper bien saisi cette ambiance de fin de vacances, ces lieux que l’on quitte, sans savoir si on va les retrouver l’année d’après, ces objets, ces jouets, ces vélos, tous ces petits repères secrets qu’on laisse derrière nous… On a tous connu ça, et on en a tous une forme de nostalgie qu’il a su rendre, sans jamais s’appuyer lourdement dessus." Marina Foïs poursuit : "J’aime aussi la petite musique nostalgique du film, nostalgie qui est sûrement celle de Lartigau, celle de l’enfance, de l’été, et des amours perdus …"
Le film n'est pas exempt de nostalgie et de sujets plus dramatiques. Il y est question notamment de deuil, et de la disparition d'un amour : "Si elles sont obsédées, par exemple, par la question de la maternité, c’est qu’elles se demandent si on peut aimer quelqu’un, et être aimé par lui, toute sa vie… Ouest-ce qu’on ne finit pas, toujours, par être sa grande déception? Leur questionnement part de l’amour et du lien", indique la coscénariste Delphine Gleize.
Et d'ajouter : "La sortie de l’enfance, dans le film, c’est ça – un peu comme dans le cinéma d’Alice Rochwacher, que j’adore : l’enfant est un passeur de deuil. L’enfance est une mise à l’épreuve des rêves et de l’utopie."
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Cet été-là d'Eric Lartigau, avec Rose Pou Pellicer, Juliette Havelange, Marina Fois, Gael Garcia Bernal, Chiara Mastroianni, ce mercredi 4 janvier 2023.
* Toutes les citations sont extraites du dossier de presse du film