De quoi ça parle ?
Tueur de son état depuis quarante ans, M. Wagner aime le travail bien fait et pratique son métier avec amour et une éthique ambigüe mais réelle, et selon lui nécessaire. Lorsqu'il rencontre Max, jeune homme sans emploi, il pense avoir trouvé son successeur. Il va s'appliquer à lui enseigner son savoir-faire et son sens de l’éthique. Mais les temps ont changé.
Assassin(s), un film écrit par Nicolas Boukhrief et Mathieu Kassovitz ; réalisé par Mathieu Kassovitz avec Michel Serrault, Mathieu Kassovitz, Mehdi Benoufa…
"Le film le plus nul de l’histoire du cinéma"
L’assertion sonne comme une sentence irrévocable. Cette phrase implacable a été écrite par le critique du Figaro à l’issue de la projection d’Assassin(s), troisième film de Mathieu Kassovitz, présenté au festival de Cannes en 1997. Malheureusement, impossible de vous proposer un lien vers Le Figaro qui n’a commencé à archiver ses articles qu’à partir du début des années 2000.
Cependant, Mathieu Kassovitz, Nicolas Boukhrief, Christophe Rossignon (le producteur), Mehdi Benoufa (acteur), Pierre Aïm (directeur de la photographie), Ludovic Bernard (second assistant réalisateur) et Gérard Lefort (ancien journaliste à Libération) se sont retrouvés 20 ans plus tard sur l’invitation de Première pour revenir sur la création de ce film qui a été si durement vilipendé.
Nicolas Boukhrief y raconte notamment sa toute première rencontre avec Mathieu Kassovitz et du projet qu’il était sur le point de lui proposer : "Il a commencé à me parler du prochain film qu'il voulait faire, quelque chose en rupture, d'après un court-métrage que je n'avais pas vu. Il m'a dit : ‘Avec La Haine il y a un problème, j'ai même eu de bonnes critiques dans Le Figaro. Donc c'est que je me suis trompé quelque part’ (rire)."
Le projet autour d’Assassin(s) et surtout l’intention commencent à se dessiner clairement dans leur esprit. Le film a pour but d’être une critique au vitriol de l’époque et de cette génération de jeunes qui a été uniquement nourrie aux écrans. "Mon but, c'était que les gens sortent de la salle avant la fin du film. C'était à l'époque de Tarantino et toutes ces merdes d'ultra violence, et je voulais rappeler aux gens ce qu'est la vraie violence" explique Kassovitz.
Le soir de la projection à Cannes, les réactions sont épidermiques. Une partie de la salle crie au scandale, rappelle Gérard Lefort : "Des gens qui se lèvent, des portes qui claquent. Mais ça fait partie du cirque cannois. À la fin, ça criait mais il y avait quand même des applaudissements."
Mais le lendemain, la critique du Figaro tombe avec cette sanction implacable du Figaro : "le film le plus nul de l’histoire du cinéma". Et contrairement à ce qu’on aurait pu penser, cette phrase sentencieuse ne plaît pas du tout à Mathieu Kassovitz qui s’explique : "Ça ne m'a pas fait rire, cette critique. C'était malheureux de voir que j'étais autant dans le vrai. Je m'attendais à un rejet parce qu'on l'avait un peu programmé : on n'avait pratiquement fait aucun média. Les mecs ça les a rendus fous et donc c'était très facile pour eux de nous démonter après. Surtout que le film leur disait : ‘Vous êtes tous des cons… ‘"
Ce papier aura peut-être été fatal au film qui a réalisé près de 450.000 entrées en France en cumul alors que La Haine a dépassé les deux millions d’entrées deux ans plus tôt. Le film n’en est pas moins un véritable coup de poing qu’on vous recommande de (re)voir avec un Michel Serrault détonnant dans le rôle de ce tueur à gages au crépuscule de sa vie.
Assassin(s) est disponible jusqu’au 14 décembre sur Prime Video.
Et (re)voyez notre vidéo consacrée à la polémique autour du film :