ÇA PARLE DE QUOI ?
Veronica part en convalescence dans la campagne écossaise avec sa jeune infirmière, Desi, après avoir subie une double mastectomie. Les deux femmes développent un lien particulier, alors que des forces mystérieuses amènent Veronica à s'interroger sur ses traumatismes passés et comment les venger.
SORCIÈRES D'AUJOURD'HUI
Il y a bien sûr eu Julia Ducournau avec Grave. Mais également Rose Glass (Saint Maud) ou Corinna Faith (The Power). Un trio auquel il convient désormais d'ajouter Charlotte Colbert. Avec She Will, son premier long métrage, la Britannique rejoint ses consoeurs, qui ont récemment su approcher le genre horrifique avec un regard féminin fort.
Frappé d'un simple avertissement en salles (en raison de scènes, propos ou images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs), She Will n'en est pas moins impressionnant. Grâce à la maîtrise dont fait preuve la cinéaste en matière de mise en scène, prenant son temps pour installer une ambiance qui grandit au fil d'un récit et se range davantage dans la section "elevated horror" que du côté des opus davantage destinés au grand public et qui ont trop tendance à recycler les mêmes formules.
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Amateurs de jump scares et autres portes qui claquent, veuillez passer votre chemin. Ou non. Restez mais soyez prévenus : l'aspect fantastique du long métrage se dévoile par petites touches, et le résultat brille par sa sobriété, préférant se concentrer avant tout sur son personnage principal, dont les secrets nous sont révélés au fur et à mesure. Une approche qui a notamment tapé dans l'oeil d'Alfonso Cuaron, lui qui inscrit le film "dans la lignée des grands thrillers psychologiques."
Également adoubée par Dario Argento, producteur de She Will, Charlotte Colbert use du fantastique pour se pencher sur la notion de traumatisme. Celui de Veronica (fascinante Alice Krige) comme celui de la terre sur laquelle elle vient se ressourcer, théâtre de bûchers de sorcières. Une figure qui explique sans doute en quoi le projet a plu au papa de Suspiria, et dont la réalisatrice se sert également pour ancrer son récit dans le présent.
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Et She Will de faire écho à l'époque actuelle et #MeToo, en faisant de Veronica et des sorcières exécutées dans la campagne écossaises des femmes qu'on a refusé d'écouter, des victimes que l'on a voulu faire taire. Le fantastique et l'horreur deviennent alors des armes vengeresses où la beauté des images s'accompagne d'une forme de puissance qui envahit l'écran.
Le résultat accuse quelques lenteurs et n'est peut-être pas ce que vous pouvez imaginer en allant voir un film d'épouvante aujourd'hui, mais il n'en reste pas moins fascinant. Et marque la naissance d'une réalisatrice à suivre. Dans ce registre ou dans un autre.
