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    The White Lotus saison 2 : la masculinité toxique en prend pour son grade dans l'épisode 3
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Aussi piquante que la saison inaugurale, la deuxième saison de The White Lotus égratigne ses personnages avec pertinence. Et dans l'épisode 3, c'est la gent masculine et son comportement toxique qui en prend pour son grade. Attention, spoilers.

    Attention, spoilers. Il est conseillé d'avoir vu l'épisode 3 de la saison 2 de The White Lotus avant de poursuivre la lecture de cet article.

    Alors qu'elle ne devait être qu'une série limitée, The White Lotus revient pour une seconde saison aussi mordante que la première. Et dès les premiers épisodes, on retrouve l'écriture pertinente et fine de son créateur Mike White et ses dialogues percutants que lancent ses personnages hauts en couleur.

    The White Lotus
    The White Lotus
    Sortie : 2021-07-11 | 60 min
    Série : The White Lotus
    Avec F. Murray Abraham, Jennifer Coolidge, Adam DiMarco
    Spectateurs
    4,1
    Disponible sur MAX

    Si le cadre a changé - on passe d'une station balnéaire à Hawaï à un resort en Sicile - et que le casting a été modifié - à l'exception de Jennifer Coolidge et Jon Gries, les thématiques abordées restent les mêmes. The White Lotus dézingue toujours autant les nantis déprimés avec panache, mais, cette fois, moins sous le prisme de lutte des classes que sur les questions de genre et de sexualité.

    Cette deuxième saison s'attaque notamment assez frontalement à la masculinité toxique, qu'elle soit présente au sein d'un couple, entre amis, dans une famille ou qu'elle soit même intériorisée. Et le troisième épisode, intitulé "Bull Elephants" et disponible sur OCS, en est le parfait exemple et surtout le plus probant.

    Combattre le mâle par le mal

    Parmi les personnages masculins qui représentent le mieux cette toxicité, on retrouve Cameron Sullivan, incarné par Theo James. Un entrepreneur marié qui a réussi dans la vie et qui a invité Ethan (Will Sharpe), son ancien pote de la fac et "nouveau riche", en vacances en Sicile pour lui en mettre plein la vue.

    Les deux hommes sont accompagnés de leurs épouses respectives, la mère au foyer Daphne (Meghann Fahy), et l'avocate Harper (Aubrey Plaza). Et leurs opinions et choix de vie diamétralement opposés vont créer des frictions qui vont faire ressortir les bas instincts des deux hommes, laissés seuls dans cet épisode.

    HBO

    Et Theo James voit cette confrontation entre deux couples hétérosexuels privilégiés aux antipodes comme un moyen pour Mike White de réfléchir sur la masculinité toxique et de la refléter :

    "Mon personnage représente certainement un niveau assez élevé de toxicité masculine. Il s'agit d'un homme hyperprivilégié, mais aussi profondément ancré dans la société. À un moment donné, le personnage de Meghann a dit qu'il agit comme un enfant. Et je pense que ça fait partie de la masculinité toxique, cette incapacité d'évoluer au-delà du stade enfantin.

    Il est comme ça. Il s'approprie ce qui l'entoure sans penser aux conséquences de ses actions. Il est aussi hyper compétitif dans son milieu professionnel - la finance, qui est un lieu très toxique et immoral - mais aussi dans sa vie, notamment avec Ethan. Cameron et Ethan sont en quelque sorte des amants existentiels. Ils s'aiment, se détestent mais ils veulent s'impressionner."

    Laissés par leurs épouses, parties en escapade de deux jours dans une propriété typiquement sicilienne, Cameron et Ethan vont littéralement se comporter comme des enfants. Après une séance de jet-ski, ils s'organisent une soirée beuverie qui finit en coucherie avec des jeunes prostituées qui se sont incrustées à l'hôtel.

    On comprend que Cameron n'en est pas à son coup d'essai niveau infidélité, et même que sa femme est parfaitement au courant. Et si Ethan ne faute pas durant la soirée, il en tient une sacrée couche lui aussi depuis le début de leurs vacances en débitant reproches sur reproches à sa compagne, sur sa personnalité et son comportement, alors qu'il se croit meilleur que Cameron, qu'il regarde avec dégoût et envie lorsqu'il trompe sa femme.

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    De leurs côtés, Daphne et Harper ont à peine quitté leur entourage masculin toxique qu'elles sont confrontées à la toxicité des hommes en se faisant reluquer, accoster et étouffer par les hommes qu'elles rencontrent lors de leur escapade, que ce soit des passants dans la rue ou le personnel de leur résidence. De quoi faire grincer des dents.

    C'est surtout la scène où le personnage d'Aubrey Plaza descend les marches de la cathédrale de Noto - qui est un hommage plan par plan au film L'Avventura de Michelangelo Antonioni - qui fait grincer des dents puisque la jeune femme est entourée par des hommes qui la regardent avec insistance, comme des prédateurs.

    Le mâle intérieur

    Mais ce troisième épisode ne tacle pas seulement la masculinité toxique au sein d'un couple ou dans l'espace public, il le fait également dans le cadre du cercle familial. D'autres personnages masculins ont aussi leur part de toxicité, assez flagrante mais aussi très intériorisée, comme la famille Di Grassio, et cela se déplie en 3 exemplaires : le grand-père Bert (F. Murray Abraham), le père Dominic (Michael Imperioli) et le fils Albie (Adam DiMarco).

    Le premier est un dragueur lourdingue et machiste, le deuxième est un producteur accro au sexe brouillé avec sa femme et qui fait appel au service de travailleuses du sexe, et le troisième est un jeune maladroit qui subit le comportement de ses aînés. Une dynamique dans laquelle les trois hommes essaient pourtant d'évoluer, comme l'explique Adam DiMarco :

    "Les différentes perspectives générationnelles sont intéressantes. Je pense qu'Albie reflète en quelque sorte une perspective plus moderne sur les choses de la vie. Le personnage de Bert a une vision très démodée. Et puis Dominic est en quelque sorte influencé par les deux. Il a des tendances à l'ancienne, mais il essaie d'être plus progressiste. Il est au milieu d'un gros combat intérieur et familial."

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    Chacun a ses démons intérieurs qui ressortent à chaque scène de repas entre les trois hommes, notamment dans l'épisode 3 avec des répliques ancrées dans une triste réalité. C'est dans ce genre de séquences que le génie d'écriture de Mike White se ressent d'autant plus. Tout comme le talent des acteurs, pour qui ces séquences étaient majeures dans leur dynamique, selon Michael Imperioli :

    "Les scènes avec nous trois ensemble, petit-déjeuner ou dîner, étaient vraiment amusantes parce que vous êtes face à trois points de vue très différents sur le monde moderne. Il y a trois sortes de regard, biaisé par cette tension au sein d'une famille. L'amour que j'ai pour mon père, le ressentiment que j'ai envers mon père, l'amour que j'ai pour mon fils, le ressentiment qu'il a envers moi. Et cela fait un brassage assez excitant."

    Pourtant, cette dynamique marque profondément Albie, qui a intériorisé la masculinité toxique qui se traîne de génération en génération. S'il semble être celui qui veut se déconstruire le plus, il tombe tout de même dans certains travers dans ses interactions avec la gent féminine.

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    Le jeune homme ne comprend pas pourquoi Portia (Haley Lu Richardson), l'assistante de Tanya, a des réticences à sortir avec lui alors qu'il est un "garçon gentil" et qu'il ne se comporte pas comme un porc. Comme si se forger une personnalité à l'opposé de son père et son grand-père était forcément la solution pour ne pas faire partie des hommes toxiques.

    Mais penser de cette manière et forcer les choses avec Portia relève d'une certaine toxicité, résultant de traumatismes dans cette famille. Après tout, les chiens ne font pas des chats. D'ailleurs, Portia est gênée par les conversations de la famille d'Albie, notamment quand Bert explique que sa scène préférée du film Le Parrain, c'est la mort d'une femme, celle d'Appollonia, explosée dans la voiture de Michael.

    Évidemment, Mike White n'est pas un partisan du manichéisme et les personnages masculins de cette deuxième saison ne sont pas les seuls à être détestables et à en prendre pour leur grade. Les personnages féminins ne sont pas exempts de défauts et permettent également de retranscrire d'autres problématiques sociétales. Mais ce troisième épisode de la saison 2 de The White Lotus est un concentré de comportements masculins toxiques cristallisés à travers des parcours d'hommes différents qui vont évoluer au fur et à mesure des épisodes.

    Les passages d'interviews dans cet article sont extraits d'entretiens en table ronde auxquels AlloCiné a participé.

    La saison 2 de The White Lotus est actuellement en diffusion en US+24 sur OCS.

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