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    Notre-Dame, la part du feu : 8 mois d'effets spéciaux, 590 artistes... plongée dans la série Netflix époustouflante
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Aux commandes de la série "Notre-Dame, la Part du feu", le créateur et réalisateur Hervé Hadmar revient sur l'expérience de cette fiction hors norme. Rencontre.

    Netflix

    À travers six épisodes, Notre-Dame, la Part du feu revient sur l'incendie de la cathédrale, survenu le 15 avril 2019, à travers le point de vue d'une poignée de personnages dont les vies sont se croiser. À l'écriture et derrière la caméra, on retrouve Hervé Hadmar, créateur, entre autres, de Pigalle, la nuit. AlloCiné s'est entretenu avec le cinéaste qui dévoile l'envers du décor de cette série épique.

    Notre-Dame
    Notre-Dame
    Sortie : 2024
    Série : Notre-Dame

    La série s’intéresse à la trajectoire de plusieurs personnages au moment de l’incendie. Et vous, où étiez-vous à ce moment-là ? Est-ce que votre expérience personnelle a inspiré, d’une manière ou d’une autre, la série ?

    Hervé Hadmar : J'étais en tournage, figurez-vous, sur la Tour Eiffel. C’était pour une autre série, Romance. Ils ont fermé la Tour en hommage à Notre-Dame qui brûlait, donc nous n’avions pas pu tourner la séquence.

    Ensuite, il faut que je vous précise que je ne suis pas croyant. J'aime la spiritualité, mais je ne suis pas pratiquant du tout. Je ne suis pas quelqu'un qui va dans les églises. Maintenant, je dois reconnaître que cette nuit-là, j’ai été particulièrement touché. Le lendemain, quand j’ai regardé tous les reportages et que j’ai vu tous ces regards tournés vers la cathédrale, des croyants, des athées, quelle que soit l’origine ethnique, je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’intéressant.

    Qu'est ce que ça dit de nous ? Qu'est ce que Notre Dame dit de notre société pour que ça nous touche à ce point, tous ensemble, au même moment ? Voilà, tout est parti de ce questionnement.

    Vous avez écrit la série juste après l’événement ?

    J'ai pitché la série à Netflix quelques jours avant le confinement et j'ai écrit pendant. Je suis allé très vite puisque j'ai commencé à écrire en février. On était deux, avec mon coscénariste Olivier Bocquet. Il y avait une très grosse préparation parce que, comme vous pouvez l'imaginer, c'est compliqué à faire. On a terminé l’écriture en novembre.

    Netflix

    Vous vous êtes basé sur le livre de Romain Guibert, mais j’imagine que vous avez mené, de votre côté, une enquête journalistique pour vous nourrir des détails, de l’évolution précise de l’incendie ?

    On a travaillé avec la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, mais le livre de Romain Guibert décrit presque minute par minute ce qui s'est passé cette nuit-là. Ce n’est pas un roman, c’est un vrai document qui nous a beaucoup aidé.

    J’ai rencontré des personnes qui m'intéressaient, particulièrement une jeune femme pompier dont c'était le premier feu cette nuit-là. Elle est devenue le personnage d’Alice, interprété par Megan Northam. Quant au personnage de Roschdy Zem, nous nous sommes inspirés du général Gallet, qui dirigeait cette nuit-là la brigade des sapeurs pompiers de Paris. Un homme passionnant.

    Et puis, très vite, je suis parti sur la piste d’un événement, qui s’est déroulé quelques mois avant Notre-Dame, l’explosion de la rue de Trévise. Ils ont perdu deux hommes. Je me suis dit : “Bon, mettons-nous à la place des sapeurs-pompiers de Paris qui, forcément, ont été traumatisés par la perte de ces deux hommes.” Deux mois après, Notre-Dame brûle. Quelles sont les questions qui se posent ? Comment est-ce qu'on gère ce traumatisme ?

    On a eu huit mois d’effets spéciaux avec quatre sociétés françaises différentes.

    Votre série est humaniste, mais c’est aussi un vrai spectacle visuel saisissant. Comment avez-vous travaillé sur ces effets spéciaux ?

    C'est un énorme travail, comme vous pouvez l'imaginer, mais c'est génial à faire. Première étape : la préparation. Tout a été dessiné. Au départ, je viens de la bande dessinée, du graphisme, de l’image de synthèse donc je connais ce milieu. C'était dans une autre vie. On a fait des réunions pendant des semaines entières, plan par plan, avec mon équipe déco et mon superviseur des effets spéciaux. Les questions étaient simples : qu'est ce qu'on construit ? Qu'est ce qu'on fait en numérique ?

    C'est une étape essentielle évidemment pour comprendre ce qu'on va faire et comment on pourra anticiper l'amplitude de cette production. Ensuite, le tournage. On a tourné en studio, à Bry-sur-Marne. Tout ce que vous voyez de la cathédrale, c'est en 3D. On a construit en studio une belle partie de la nef sur 3 mètres 50 de haut. Le reste ce sont des fonds verts.

    On a construit les échafaudages, même si dans les plans larges, c’est complété en 3D. On a utilisé de vraies flammes, maos certaines étaient en images de synthèse. C’était chaud, c’est le cas de le dire. En studio, on arrosait les lumières censées représenter le feu, donc on arrosait l’électricité. Imaginez l’organisation.

    Il n’y a pas eu d’accident, mais c’était passionnant à faire. On a eu huit mois d’effets spéciaux avec quatre sociétés françaises différentes. Chacune avait sa spécialité. En tout, 590 personnes ont travaillé sur la série. C’est énorme.

    Dans la série, l’intérieur de la cathédrale est montré intact. Comment avez-vous réalisé ce défi numériquement ?

    Je voulais montrer la cathédrale telle qu’on ne la verra plus jamais. Même si elle sera reconstruite, et je suis un éternel optimiste, elle sera certainement plus belle qu’avant. Mais dans les faits, ça ne sera plus jamais la même. Je voulais donc recréer cette émotion.

    Bien sûr, tout est en 3D. Rien n’existe dans ce que vous voyez. Ils sont même allés jusqu’à recréer des poussières en suspension dans l’air. On a beaucoup travaillé, mais c’était un bonheur.

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    Très peu d’images d’archives sont finalement utilisées. Pourquoi ce choix ?

    La qualité de la vidéo n’est pas la même. Je voulais une expérience immersive. Je ne peux pas récupérer des images filmées à l'iPhone car ce n'est pas suffisant. Quand on filme avec des caméras incroyables, on arrive à avoir une définition sublime et une qualité d'image optimale. Et nous, en tant que spectateur, on a envie de ça.

    Vous avez réalisé tous les épisodes. C’était important pour vous ?

    Mon premier métier c’était directeur artistique et donc ça me permet d'imprimer une direction artistique très forte. Ce n'est pas par souci d'égo. J’écris et je réalise tous les épisodes parce que ça me permet de livrer un objet fini, global, cohérent, qu'on aime ou qu'on aime pas. Uniforme dans sa direction artistique.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 13 octobre 2022.

    Notre-Dame, la Part du feu est disponible sur Netflix.

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