La meilleure série de tous les temps : selon les spectateurs, c'est elle !
mercredi 2 avril 2014 - 10h00
"The Wire", "Charmed", "Le Prisonnier", "Punky Brewster" ou les plus récentes "Dexter" et "Breaking Bad"... toutes ces séries ont marqué le petit écran ! Mais vous souvenez-vous de la fin ?
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Saison 5 – Episode 10 - "-30-" ("La vie des Rois")
Contrairement aux autres saisons de The Wire – toutes constituées de 12 ou 13 épisodes - cette ultime page du roman télévisuel signé David Simon et Ed Burns n’en comporte que dix. Avant de voir le fameux épisode, on est alors en droit de se demander si les deux têtes pensantes ont eu le temps de conclure leur fresque comme ils le voulaient. Cet épisode final prouve qu’ils y sont parvenus haut la main. Avec intelligence, poésie et mélancolie…
"That's Baltimore, is it ?"
D'une durée exceptionnelle de plus d'une heure trente, ce final s’ouvre dans le bureau du Maire Carcetti. On le voir réagir à la nouvelle que viennent de lui apprendre Cédric Daniels et Ronnie Perlman. A savoir que le serial-killer qui s'attaque aux SDF depuis plusieurs semaines... n'existe pas. La cause dont il s'est servi pour être élu au poste de gouverneur, n'est que l'invention d'un détective en roue libre qui a été suivi par un autre. Jimmy McNulty et Lester Freamon ont tout monté de toutes pièces, maquillant des morts naturelles afin d'utiliser l'argent de cette enquête de grande ampleur pour résoudre la vraie enquête qui les intéressait : l'affaire Marlo Stanfield et les meurtres des maisons abandonnées. Dans cette scène à la fois capitale et risible, tous ont le visage fermé et incrédule, sauf Norman qui est pris d'un fou rire. En attendant de savoir quoi faire face à cette situation guignolesque et comment punir les responsables, ils décident de garder le secret bien verrouillé.
A l'issue de la réunion, c'est un grand manège de manipulations et de promesses pour services rendus qui va se mettre en place, à la mode de Baltimore. A la fois énervés et inquiets, Daniels et Ronnie comprennent qu'ils sont face à un tournant qui pourrait changer tout leur avenir. Ronnie convainc un Cédric très réticent de ne pas parler. S'ils parlent, ce sont eux qui tomberont. Pas les boss. Et tout leur travail acharné de ces dernières années sera balancé aux oubliettes. De son côté, Rawls veut aussi sa part du gâteau. En échange de son silence, on lui promet qu'il deviendra le nouveau Commissaire de la police d'Etat du Maryland une fois Tommy Carcetti élu Gouverneur. Pour se protéger, Carcetti accepte donc une nouvelle concession : se coltiner Rawls alors que c'était peut-être la dernière chose qu'il voulait...
Pendant ce temps, Duquan - qui vit désormais dans la rue - vient à l'école rendre visite à Prez. Cela fait un moment que nous, téléspectateurs, n'avons pas vu Prez. Lorsqu'il sort de l'école, on découvre alors un autre homme. Barbu, cheveux plus grisonnants, Prez réprimande gentiment un élève et l'on sent qu'il a pris le coup. Duquan lui demande de l'argent prétextant en avoir besoin pour s'installer et pour s'inscrire à des cours pour adultes. Prez sait qu'il ment mais il finit par accepter, à contrecoeur. Mais, il lui précise tout de même qu'il vérifiera son inscription et que si Duquan ne n'est pas inscrit, il imagine qu'ils ne se verront plus. Lorsque Duquan descend de la voiture de l'ancien prof qui avait cru en lui, on comprend qu'en effet, ils ne se verront plus.
Au tribunal, un Lester tout fier de lui vient trouver Ronnie pour lui apprendre qu'il a trouvé qui était la fuite au grand Jury : celui qui vendait des infos aux avocats des barons de la drogue, dont le fameux Levy. Assez heureux de sa découverte, il ignore encore qu'elle est au courant de ses derniers agissements frauduleux... A la brigade, Jimmy essaie de se dépatouiller de son mensonge, ignorant encore que tout a déjà été découvert par les chefs. Maintenant que la bande de Marlo est sous les verrous, il tente d'enterrer l'affaire du serial-killer, comme prévu au départ. Il déclare ne plus avoir de pistes et sort à Jerry une de ces phrases dont il a le secret : "I can't make shit up, can I ?" devant un Bunk totalement abasourdi. C'est à ce moment que Freamon vient le prévenir que les chefs sont au courant. En appelant l'ascenseur, Jimmy est sous tension, il a peur. Et lorsque l'ascenseur s'ouvre, il découvre que, ironie du sort, Daniels est dedans. Dans cette scène à la fois hilarante et ultra gênante, les deux hommes ne s'adressent pas la parole une seule fois. Daniels finit par sortir avec l'air terrifiant qu'il a le don d'avoir, se retourne et lui dit un terrible : "To be continued..."
Quel mensonge survivra ?
A la rédaction du Sun, Gus ne peut plus supporter Scott l'affabulateur. Ce dernier continue de mentir pour trouver matière à de nouveaux articles. Dans son dernier fantasme, il affirme qu'un SDF a failli être kidnappé et qu'il était sur les lieux à ce moment-là. Appelé sur la scène, McNulty sait bien que tout ça n'est que mensonge, mais il est obligé de continuer à faire semblant. En apprenant la nouvelle "aventure formidable" de Scott, Gus refuse de publier son article. Le jeune ambitieux fait un scandale, niant les accusations et hurle avoir tout noté dans son bloc depuis le début. Mais, Alma récupère le bloc-notes et réalise qu'il n'y a rien dedans...
Sur le terrain, Kima rejoint The Bunk sur une scène de crime. Elle est au courant que l'affaire du serial-killer n'est qu'une supercherie. C'est même elle qui est allée trouver Daniels pour tout lâcher, ne supportant plus le mensonge. Lorsque le flic lui affirme qu'il s'agit d'une nouvelle victime, elle est donc forcée de lui rire au nez jusqu'à ce qu'elle voit le ruban attaché au poignet du SDF mort. Bunk lui murmure qu'ils ont affaire à... un copycat ! Quand McNulty arrive sur la scène, Bunk ne retient plus sa colère et lui dit : "Tu as joué avec le feu et maintenant on va tous brûler !". En rentrant à la brigade, Jimmy est convoqué en salle d'interrogatoire, pour s'expliquer devant Rawls et Daniels. Ses deux supérieurs lui passent calmement et froidement un savon et le somment de finir l'enquête. Sa dernière. Malgré ses mensonges, Jimmy - qui reste un détective de talent - finit par comprendre qui est le copycat : un SDF souffrant de folie qu'il a croisé auparavant. Après l'avoir interrogé, il fait un rapport à ses supérieurs, expliquant que l'homme a avoué les deux derniers meurtres. Mais, Rawls veut que Jimmy lui fasse avouer tous les meurtres. Jimmy refuse. Loin des épisodes précédents où il était complètement à la dérive, ivre d'alcool et de mensonges, Jimmy semble désormais avoir compris ce qu'il avait engendré. Son histoire a entraîné l'émergence d'un copycat et, dans ses yeux, on lit alors autant du regret que de la souffrance. Pour en rajouter une couche, Scott vient le voir à ce moment-là. Halluciné par ce journaliste dont il s'est servi avant de se rendre compte qu'il était également un menteur, il lui lâche tout. Lui précisant que tout était monté de toutes pièces et qu'il est donc au courant que Scott n'est, lui aussi, qu'une blague ambulante : "And you know why I can tell you all this ? Because, you lying motherfucker, you're as full of shit as I am (...) I'm a fucking joke. And so are you."
Tout ça pour ça.
A la Conférence de presse, Carcetti est fier d'annoncer que le coupable a enfin été arrêté. Et ce, grâce au formidable travail de la Police de Baltimore et des hommes qu'il a choisi. Dans cette scène publique, l'hypocrisie, le grotesque et l'ironie sont à leur comble. Car, nous, téléspectateurs, savons bien ce qu'il en est vraiment. Tout cela n'est encore qu'une énorme mascarade, qui n'a pu trouver une résolution miracle que parce qu'un fou a bien voulu copier les faux meurtres. A cette conférence, Carcetti annonce que Daniels sera candidat pour être le nouveau Commissaire Divisionnaire...
Retour sur l'affaire Marlo, celle qui a engendré le nid à problèmes. Histoire d'en finir, Ronnie rencontre Levy, l'avocat véreux. Il lui dit qu'il sait que ses clients étaient sur écoute illégale car la police n'aurait jamais pu craquer le code des horloges aussi facilement. De son côté, Ronnie lui dit qu'elle sait bien qu'il est corrompu. Tous deux passent donc un marché qui permettra de garder toutes ces magouilles sous silence. Il n'y aura pas de procès, Chris prendra pour tous les meurtres (qu'il a d'ailleurs bel et bien commis avec feu Snoop), Marlo sortira mais devra se retirer définitivement du business. S'il recommence, son dossier sera réactivé. Ronnie rencontre Jimmy et Lester et leur annonce qu'ils ne peuvent pas être virés mais n'enquêteront plus jamais... Elle leur apprend également les termes du marché conclu avec Levy. Ce dernier n'est pas du tout content de l'issue de ce deal. Sans réaliser que leurs magouilles illégales n'auraient jamais pu donner quelque chose de bon devant un tribunal, il estime que Ronnie n'est pas allée aussi loin qu'elle aurait pu. Ils ont perdu leur job pour rien. Dans la peau du nouveau Divisionnaire, Cédric est enfin récompensé de son travail et de ses années de lutte. Enfin, pas vraiment. A peine investi, il est de suite confronté à la saleté des bidouillages politiques. On le somme de faire baisser les chiffres de la criminalité de 10% jusqu'aux prochaines élections. Il refuse, s'en tenant à ce qu'il a toujours voulu préserver : une police intègre qui s'emploie à faire du vrai travail de police.
Au bar, toute la police est à la veillée de McNulty. Jimmy a donc décidé de rendre son badge... On célèbre son départ comme la série a déjà eu l'habitude de célébrer les morts. Jimmy est donc allongé sur la table de billard, comme s'il était mort. Suivant la tradition, Jerry y va de son petit discours : "C'était la brebis galeuse, l'éternel paria. Sans pitié pour les patrons qui le lui rendaient bien. Il ne tirait jamais de leçons. Ni n'avouait ses erreurs (...) Un policier-né (He's natural police)". La bonne ambiance et l'humour que The Wire a su créer durant ses cinq saisons transpirent dans cette scène qui a le génie d'être également émouvante. Jerry continue son discours et est de plus en plus ému, il fini par lui dire : "Si j'étais mort au coin d'une rue de Baltimore, je voudrais que tu sois chargé de l'affaire. Car, mon frère, quand tu étais bon, tu étais le meilleur". Un beau moment que Bunk finit par casser en disant cette phrase hilarante : "Jerry, si tu étais mort au coin d'une rue, ce serait sûrement Jimmy l'assassin". Après avoir hésité, Kima se rend au bar et avoue à Lester et Jimmy que c'est elle qui a tout balancé à Daniels. Mais, les deux hommes ne lui en veulent pas. La rancoeur n'est pas au rendez-vous. Jimmy rentre auprès de Beadie avec qui il essaie de recoller les morceaux. En partant, on le voit de loin donner de l'argent à un SDF.
Les temps changent. Vraiment ?
Du côté des dealers, tout s'organise. Maintenant que Marlo leur a dit qu'il se retirait des affaires de la rue pour devenir un businessman, la Co-Op doit récupérer de l'argent pour avoir son contact. A la rencontre, il fait nuit et Cheese pose encore des problèmes. Le voilà qui braque son arme sur la tempe d'un des membres qu'il accuse d'être trop porté sur la nostalgie. Il n'a pas le temps de finir son discours que Slim lui en colle une dans la tête. En hommage à Prop Jo.
Clean depuis un moment, Bubbles tient le journal entre les mains. L'article qui lui est consacré est en Une du Sun et s'intitule "Retour à la maison". Il a le sourire aux lèvres et met ses lunettes de soleil. Ce n'est plus le Bubbles des débuts. A la rédaction, Alma fait ses cartons. On ignore ce qui s'est passé. Mais, lorsqu'elle croise Gus dans les couloirs, on comprend qu'en voulant appuyer Gus, elle a parlé du bloc-notes vide de Scott aux patrons. Comme ils n'ont pas voulu entendre la vérité, ils l'ont transférée. Gus perd donc l'un de ses meilleurs éléments au profit d'un charlot menteur qui veut les honneurs. On apprend également qu'en tenant tête à ses patrons, Gus aussi a été puni et rétrogradé. Il quitte le hall et la caméra s'attarde sur le mur où est incrit en grosses lettres la déclaration de l'ancien reporter, H.J Mencken, "Telle est le vie des Rois" : “As I look back over a misspent life, I find myself more and more convinced that I had more fun doing news reporting than in any other enterprise. It is really the life of Kings.” Mais, à Baltimore, ceux qui deviennent Rois ne le méritent pas.
Le nouveau Western
Nerese est prête à faire chanter Daniels pour qu'il falsifie les chiffres afin que Carcetti devienne gouverneur et qu'elle devienne le nouveau Maire de Baltimore. Pour notre plus grand bonheur, Daniels ne cèdera pas. Il restera donc intègre jusqu'au bout. Il ne deviendra pas le nouveau Burrell. Mais, comme Alma, comme Gus, il devra pour cela renoncer à son poste. En remettant ses dernières médailles, on apprend ainsi qu'il a décidé de se retirer de la Police. Il remet alors une médaille à Carver, qui devient alors Lieutenant. Comme Daniels lorsqu'on l'a rencontré dans la saison 1. A partir de ce moment, l'épisode nous montre la nouvelle génération de The Wire, ceux qui dans ce western moderne prendront le relais... Comme dans une boucle où tout recommence.
Dans la rue, les meurtres continuent. Kima et Bunk travaillent ensemble. Jimmy retourne au centre pour récupérer le SDF qu'il avait déposé pour faire croire à un kidnapping du serial-killer. Sidnor parle à quelqu'un dans un beau bureau. Il s'adresse en réalité au juge Phelan ! Comme McNullty dans le pilote, il passe au dessus de sa direction pour faire réouvrir l'affaire Marlo. On quitte ensuite le bureau du Juge pour se rendre dans un bel hôtel d'où l'on voit le Port de Baltimore. Marlo est en costume, silencieux au milieu de Levy et d'hommes d'affaires. Avant de refuser un verre de champagne, Marlo s'éclipse soit disant pour aller aux toilettes. En réalité, il sort. Il s'échappe. Dans la rue, il entend des corner boys raconter des versions différentes de la mort d'Omar. Sa mort est déjà devenue une légende urbaine. Il cherche l'embrouille avec eux et attaque l'un des garçons qui tente de lui tirer dessus. Marlo est blessé au bras mais il est heureux. Il saigne et ça lui plait, c'est ce qu'il veut. Il est le mélange entre Stringer Bell et Avon, placé sur la grande voie du business mais totalement amoureux de la rue. On peut même imaginer qu'il ne pourra finalement pas la quitter. Dans la boutique qui couvrait les deals financiers de Marlo, Michael entre avec un gros flingue. Il les braque sans détour pour récupérer l'argent de la drogue. Michael qu'on n'avait pas vu dans cet épisode est donc le nouveau gangster solitaire de la rue. C'est le nouveau Omar.
Dans sa voiture, Jimmy roule en compagnie du SDF. Il s'arrête sur la route et regarde la vue. Lorsqu'il sort de sa voiture, la musique s'enclenche. C'est la version du générique original, celui de la première saison. Démarre alors la séquence musicale de tous les Season Finales de la série. Mais, comme celui-là est aussi le dernier, on a droit à tout, au destin de tous. Les rues, les corner boys, Lester qui travaille à ses miniatures en compagnie de Shardene, le bar, Scott qui reçoit le prix Pullitzer pour son faux article, Spiros qui s'entretient avec Slim, Carcetti qui est élu Gouverneur, Valchek qui est nommé nouveau Divisionnaire par la nouvelle Maire Nerese, Duquan qui se pique et devient le nouveau Bubbles, Ronnie qui est devenue Juge, Daniels qui est retourné au barreau, Chris qui retrouve Wee-Bey à la prison, Rawls qui devient comme prévu le Commissionnaire de la Police du Maryland, Bubbles qui a enfin récupéré la confiance de sa soeur et est invité à la table familiale, Kenard qui est arrêté... On voit des plans de la ville et de tous ces lieux qu'on a vus durant les cinq saisons. Puis la caméra revient sur Jimmy qui sort de ses pensées et dit :"Let's Go Home". L'éternel retour à Baltimore.
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