C'est sur les bancs du lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine que Christian Clavier fait la rencontre de ceux qui deviendront ses amis pour la vie Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Michel Blanc. Le petit groupe s'interesse rapidement à la comédie en écrivant des pièces. Si leurs parents ne les soutiennent pas dans ce choix de carrière ils vont faire la rencontre de Tsila Chelton (future Tatie Danielle) qui va leur donner des cours de comédie durant 3 ans et leur conseiller de travailler en groupe et de ne pas se perdre. Les 4 amis décident donc de se trouver un nom de troupe. Ce sera "Le Splendid" parce que "en face des gares il y a toujours un hôtel qui s'appelle "Le Splendid", et ça sonne moderne"*.
* Citation de Christian Clavier dans "Christian Clavier, Splendid Carrière !" de Gilles Botineau aux éditions Christian Navarro.
La troupe du Splendid a passé trois ans à animer les saisons du Club Méditerranée, durant lesquels elle put à loisir étudier les comportements dans ces centres de vacances. Elle en tira sa pièce Amour, coquillages et crustacés, qu'elle joua plus d'un an à guichet fermé.
Séduit par la pièce Amour, coquillages et crustacés, Yves Rousset-Rouard, l'oncle de Christian Clavier et producteur d'Emmanuelle, décide d'en faire une adaptation cinématographique. Au départ ce dernier imagine Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle en têtes d'affiche, mais très vite Christian Clavier l'arrête : c'est leur bébé. La petite troupe précise d'ailleurs qu'ils ont déjà le réalisateur : Patrice Leconte. Le jeune cinéaste avait alors très peu d'expérience et son long métrage Les Vécés étaient fermés de l'intérieur avait fait un bide.
Le producteur refuse et tente d'imposer Edouard Molinaro, Claude Zidi ou encore Jean-Jacques Annaud. Mais rien n'y fait, Le Splendid veut faire ce film avec Leconte. Même Coluche, alors ami de la bande, tente de les dissuader en leur proposant de réaliser cette comédie lui-même. Mais Clavier, Lhermitte, Blanc et Jugnot ont peur de se faire déposséder (et à juste titre) de leur histoire.
C'est finalement Patrice Leconte qui s'est envolé avec eux pour la Côte d'Ivoire où a été tourné le film.
L'équipe du Splendid réussit à imposer à la fin des années 70 la formule du café théâtre, à base d'improvisation et d'humour franchouillard (celui-ci s'appuie sur un sens très sûr de l'observation sociologique). En choisissant d'adapter au cinéma sa pièce Amour, coquillages et crustacés, la troupe crée avec la complicité nonchalante de Patrice Leconte une véritable antithèse au comique visuel (à la Louis De Funès) ou troupier alors en vigueur dans la comédie française. La nouveauté de cette approche propulse le film au rang d'oeuvre-culte.
Le film fut tourné à Assouindé, à quatre-vingt kilomètres d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Chaque acteur est en charge de son personnage et de l'écriture de ses répliques. La complicité du petit groupe permet à chacun de savoir rebondir sur les diverses improvisations. C'est ce qui explique notamment qu'aucun membre ne se démarque d'un autre et ne tire la couverture à lui.
Pour la scène, désormais culte, durant laquelle Michel Blanc doit se couvrir le sexe d'algues après s'être fait voler son maillot de bain, l'équipe a dû faire venir les algues directement de Bretagne par avion. En effet ces algues ne sont pas présentes en Côte d'Ivoire où le film a été tourné.
Avec sa première incursion cinématographique, le Splendid explose la reconnaissance strictement parisienne qui était jusqu'ici la sienne pour faire plus de 2,3 millions d'entrées. Ce succès s'explique certainement par le fait que le public a retrouvé un univers et des personnages proches de lui.
Devant le succès des Bronzés le producteur Yves Rousset-Rouard a un temps souhaité lancer une franchise sur le principe des Charlots. Mais la troupe du Splendid était réticente à cette idée. Liés par contrat ils ont tout de même dû faire la suite Les Bronzés font du ski, mais sans grande conviction...