Billy Wilder commence vraiment à devenir un cinéaste précieux à mon cœur. Un réalisateur que j'ai découvert sur le tard, qui m'a saisi d'emblée dès que j'ai entamé sa filmographie avec Sunset Boulevard, qui pour moi reste son plus grand film dans ce que j'ai vu: La garçonnière étant un classique que j'apprécie beaucoup et Sept ans de Réflexion reste ce qui se fait de mieux dans la comédie. Témoin à charge est donc le quatrième film de ce réalisateur que je visionne et je redoutais la déception poindre après tant de plaisir éprouvé devant ses autres films...
Ce que j'aime chez cet homme c'est qu'il est toujours habile dans les genres qu'il côtoie, que ce soit dans la comédie de mœurs où alors dans des intrigues plus sombres, Wilder sait se montrer toujours adroit pour conjuguer cela avec une certaine maestria sans que ce soit lourd. Je ne savais rien de ce long métrage avant de l'avoir vu, en lisant le titre, je redoutais un film policer des années 50 avec un héros increvable qui doit défendre une témoin ou que sais-je, bref je m'étais fais mon idée à base de rien, or le Témoin à charge n'est rien de tout cela.
On a affaire à un film de procès, qui comporte son lot de rebondissements et de coups de théâtre et je me suis laissé emporté par le récit. Ce qui est bien avec le réalisateur, et certains reprocheront la qualité un tantinet académique du sujet, c'est qu'il filme pour servir le récit. A quoi bon en faire des caisses avec sa caméra? Wilder a tout comprit, c'est sobre, simple et d'une très grande maîtrise. Un récit qui fait la part belle à des dialogues captivants. Bon sang ce que j'aime les plaidoiries!
J'ai vu par la suite, en me renseignant, que Témoin à charge est avant toute chose une nouvelle issue d'un recueil d'Agatha Christie, puis adaptée au théâtre par elle même. Cela ne m'étonne pas que cette histoire ait suscitée tant d'intérêt. C'est malin comme pas deux, le spectateur se retrouve lui même juge face aux interrogatoires des témoins, des indices et des faits qui sont remis en cause. A la manière de Douze Hommes en colère par moment, film que j'adore aussi justement...
Chaque personnage joue en permanence avec la vérité, que ce soit l'avocat avec son infirmière qui refuse de se plier à l'avis médicale, ce qui donne un penchant comique au film, ou alors le rôle des témoins qui eux ont des conséquences bien évidement plus importantes sur l'histoire. Jusqu'où sommes nous prêts à aller en flirtant avec le mensonges? D'ailleurs ça faisait un certain temps ( quelques années? ) que je n'avais /pas vu un rebondissement final aussi terrible. Ne cessant de jouer avec la morale de son histoire, la retournant à maintes reprises. Et que dire de Charles Laughton, un monstre de charisme, je jouissais à chaque fois qu'il l'ouvrait celui là tant son personnage remet tout le monde en place. Un bijou d'écriture, qui vient se hisser du côté de Sunset Boulevard, autre grand cru de Billy Wilder.