"Godzilla Minus One", réalisé par Takashi Yamazaki, marque une étape significative dans l'évolution de la franchise Godzilla, se distinguant nettement des précédents films de la série. Ce 37e opus, ancré dans l'ère Reiwa, s'éloigne des approches traditionnelles pour offrir une expérience cinématographique rafraîchissante et nuancée, qui mérite une attention particulière.
Le scénario, coécrit par Yamazaki lui-même, nous transporte en 1947, dans un Japon post-Seconde Guerre mondiale. Cette toile de fond historique, loin des débats actuels, confère au film une profondeur et une pertinence particulière. La performance de Ryūnosuke Kamiki en tant que Kōichi Shikishima, un kamikaze déserteur, est poignante et ajoute une dimension humaine forte au récit. Sa lutte interne, mêlée à la menace de Godzilla, crée un drame captivant.
La représentation de Godzilla dans ce film est à la fois traditionnelle et innovante. Loin de la représentation plus légère de Roland Emmerich ou des tentatives de Michael Dougherty et Adam Wingard de moderniser le monstre, ce Godzilla renoue avec l'aura terrifiante de la créature originelle d'Ishirō Honda, tout en intégrant des éléments nouveaux et surprenants. Le traitement du monstre est plus nuancé et complexe que dans les adaptations précédentes, notamment celles de Gareth Edwards et Hideaki Anno, offrant une perspective nouvelle et stimulante sur le personnage emblématique.
Sur le plan technique, le film brille par sa réalisation et ses effets spéciaux. La photographie de Kôzô Shibasaki et la musique de Naoki Satō contribuent à créer une atmosphère immersive et émotionnelle. Le mélange d'effets pratiques et de CGI est habilement exécuté, rendant les scènes de destruction et les confrontations avec Godzilla à la fois spectaculaires et crédibles.
Le film excelle également dans sa capacité à équilibrer action et développement de personnages. Chaque personnage, de Shikishima à Noriko Ōishi (jouée par Minami Hamabe), est bien développé, rendant leurs interactions et leurs réactions face à la catastrophe Godzilla crédibles et engageantes.
Cependant, le film n'est pas sans défauts. Certains pourraient trouver que le rythme du film est inégal, et quelques scènes auraient pu bénéficier d'une écriture plus serrée. De plus, bien que le film s'efforce de rester fidèle à l'esprit de la série Godzilla, il manque parfois d'originalité dans son traitement du monstre lui-même, s'appuyant fortement sur des conventions établies.
En résumé, "Godzilla Minus One" est une réalisation impressionnante qui se distingue dans le paysage cinématographique des films de kaiju. Il parvient à rester fidèle à l'esprit des films Godzilla tout en apportant sa propre touche unique et réfléchie. Ce n'est pas seulement un hommage aux films précédents de la franchise, mais aussi une œuvre qui se tient fièrement par elle-même, offrant une expérience cinématographique riche et satisfaisante.