J’avais entendu beaucoup de bien de ce film, donc j’ai fini par le visionner, avec quelques attentes quand même, et j’avoue, elle n’ont pas été déçues. Godzilla Minus One est en effet un film très recommandable, sauf peut-être si vous voulez voir du monstre h24 dans un film.
Godzilla Minus One est en effet d’abord une histoire humaine avec des personnages riches confrontés à de vraies problématiques. Le héros, campé par un très bon Ryunosuke Kamiki, a de l’épaisseur. Il n’a rien d’un héros au sens ordinaire du terme, c’est juste un type dans une passe compliqué qui essaye de survivre. On le suit dans ses difficultés, ses tribulations, ses illusions et désillusions, et l’acteur tient bien son rôle, comme l’essentiel des acteurs d’ailleurs, qui à quelques exceptions près en arrière-plan, évitent à peu près le surjeu habituel et souvent gênant des acteurs asiatiques. J’ai particulièrement apprécié la prestation de Hidetaka Yoshioka. Les personnages ont de la consistance, leurs interractions sont intéressantes, ils créent de l’empathie, là où très souvent, la bienpensance en Occident amène de nos jours à rendre les monstres gentils et par contraste à rendre débiles ou juste insupportables les personnages humains ! Je note d’ailleurs, et c’est dommage à mon sens, que le film ici ne va pas jusqu’au bout d’une idée qui aurait pu donner un épilogue plus puissant à mon sens, mais enfin, c’est un choix qui se respecte. L’histoire en effet est rondement menée. Alors oui, Godzilla n’apparaît pas beaucoup, mais curieusement, ça ne se ressent pas. Pourquoi ? Parce que le film brasse de nombreuses thématiques, distille des scènes avec de la vraie émotion, et ça, c’est vrai, on est plus habitué ! Le film n’est pas ennuyeux même sans sa créature, car sans sa créature, il n’est pas vide et vain pour autant ! Le contexte historique est bien montré, le contexte social et économique du Japon de cette époque également, il y a une vraie épaisseur multidimensionnelle qui fait qu’on ne s’ennuie pas, et que les apparitions de Godzilla sont en quelque sorte, un bonus.
D’ailleurs, les apparitions de la créature sont très réussies, sauf peut-être sur quelques gros plans. Si les effets visuels sont impressionnants pour un film de ce budget, que la reconstitution et les décors tiennent la route, il est vrai que quelques gros plans sur Godzilla montrent quand même les limites des fx, mais sincèrement, dans l’ensemble ça passe. D’autant mieux que la réalisation donne de l’épique aux scènes de destruction qui s’avèrent très efficaces, et que la bande son est à souligner ! Il me semble qu’elle reprend notamment un thème historique de Godzilla, mais au-delà de cela, toute la bande son se veut épique et grandiose, très orchestrale, et elle emporte le film au-delà même de ce que montre les images.
Pour ma part, Godzilla Minus One est un film qui brille d’abord par sa richesse scénaristique, sa profondeur, ses émotions. Compensant son petit budget en limitant les apparitions du monstre mais en faisant en sorte qu’elles soient aussi réussies que possible, il s’appuie sur ses acteurs, son récit, sa musique, des atouts qui coutent moins mais importent plus. Si l’on pourra chipoter sur quelques effets visuels, sur des choix scénaristiques pas complètement poussés et qui font grimacer un peu (notamment l’épilogue), sur quelques acteurs en surjeu dans l’arrière-plan, le métrage est très qualitatif et figure sûrement dans les meilleurs Godzilla. 4.5