Quelle déception ! Je m'attendais à un grand Ozon, vu le battage médiatique autour du film, les excellentes critiques de la presse et l'affiliation de ce film aux précédents "8 femmes" et "Potiche". Hélas, quel ennui et ce dès les premières minutes du film, un ennui qui s'épaissit sans jamais nous quitter. Il y avait un peu de monde dans la salle mais pas un rire, pas une émotion palpable. Car c'est bien là le problème : on traverse le film sans ressenti particulier, il y a beau avoir une belle reconstitution de l'époque, de belles images, du rythme et du mouvement, une apparente histoire et intrigue, rien ne fonctionne vraiment, on ne saisit pas l'intérêt du propos et on reste très extérieur et indifférent à ce qui se passe. Bref, on ne comprend pas ce qui a poussé Ozon à donner vie à cette histoire bien peu passionnante (telle qu'elle est traitée en tout cas), avec un humour daté et une intrigue sans grand intérêt. Et l'argument féministe parait bien opportuniste.
Malgré la pléiade d'acteurs connus, aucun ne parvient à sauver le film ni même à créer des moments d'émotion ou de plaisir tant le parti pris du jeu renforce l'aspect superficiel, pour ne pas dire "fake", du film. La partition des deux jeunes comédiennes est bien trop scolaire et appliquée, les comédiens chevronnés sont fades (sauf peut-être Luchini dont la partition reste plaisante), sans parler d'I. Huppert qui continue de se caricaturer de film en film - et c'est éprouvant compte tenu qu'on nous impose un film par mois avec elle. Sa partition est maniérée, caricaturale, outrancière, jamais crédible - certes on nous a prévenu que le parti pris du jeu était la cabotinage, mais celui-ci n'exclut pas le talent ! I. Adjani dans Peter Von Kant, qui jouait elle aussi une diva et une star déchue, le faisait avec beaucoup plus de subtilité et donnait vie à un personnage plausible. I. Huppert dans ce film se réduit à un clown pas drôle, quelle tristesse de voir cette grande actrice évoluer ainsi film après film (une robe pour Mrs Harris, Eo, la syndicaliste - que des prestations ratées quj ne font jamais oublier la comédienne derrière le personnage).
Dommage, je suis un grand fan de F. Ozon, et même si ses meilleurs films commencent à dater (mais pas facile de se renouveler), ses derniers films parvenaient à nous conter une vraie histoire, avec du sens, de l'émotion et un bon jeu d'acteurs (Eté 85, Tout s'est bien passé, Peter Von Kant).