Méta cagoule, et on a les boules. A toujours vouloir faire plus, plus, plus (...), le sixième volet de Scream en devient d'une prévisibilité et inefficacité accablante. On sauvera juste ce binôme de sœurs bien sympathiques, dont Jenna Ortega et Melissa Barrera tiennent bien le devant de l'affiche. Pour le reste, on ne sait pas ce qu'on a fait, pour avoir ces références méta si balourdes (ceux qui ont vu Jason VIII ont capté que le début pompe ouvertement sur lui, pas besoin de mettre ce
personnage-meurtrier
qui nous hurle en face "Allô, c'est Jason !", idem Gale qui interprète longuement toutes nos intentions à nous, spectateurs :
"Dewey était le favori des fans, alors ils l'ont tué, moi ils voulaient que je sois la tueuse..."
, mais de qui tu parles, là ?!). La différence entre les Scream première génération et la nouvelle, c'est qu'ils ne comprennent pas le méta : avant, les films faisaient comme s'ils étaient des films, jouant sur le décalage de leur propre incrédulité, maintenant, les Scream se placardent eux-mêmes comme des films et nous caricaturent nous, spectateurs, essayant de nous prêter des intentions qu'on n'a pas forcément, rejouant les scènes du passé à l'identique, recréant même
un mausolée avec tous les meurtres de la saga en gros plans, expliqués sur des plaquettes avec des photos...
Anciennement, ç'aurait été un détail de l'arrière-plan destiné à être déniché, par envie, ici on nous balance au visage la référence toute prête et explicitée (des fois qu'on ne soit pas malins). Vraiment, on ne sait pas pour qui nous prend cette nouvelle saga. On a encore droit au twist du
"Oh je suis morte, et en fait non, c'est moi le tueur !"
(ça fait trois fois ! Le premier film nous avait soufflé avec ce twist, puis Scream 5 l'a copié sans aucun talent, et là rebelote au 6. On n'en peut plus, changez de disque), à des scènes de gore en effets numériques peu soignés (
le corps démembré dans le frigo
: à part la tête, on ne comprend pas ce qu'on voit), à un traitement de Gale comme un personnage qu'on sait sur le départ et qu'on va
éliminer avant (pour capitaliser dessus jusqu'à son dernier souffle) dans une scène franchement pas à la hauteur de l'héroïne (un bête coup de pied dans la tête, avant d'aller se coller au tueur... On parle quand même de Gale, pas d'une ado-chair-à-pâtée),
pour avoir un twist qui détourne celui de Scream 3 en version "plus, plus, plus" (on n'a pas seulement
un frère caché, on a aussi la sœur cachée, et même le papounet caché ! Toujours plus !... Surtout qu'après les événements de Scream 5, on ne comprend pas pourquoi Sam ne fait pas une petite recherche sur sa coloc', ni sur Ethan quand les soupçons se portent sur lui... Une vieille photo avec Richie, ou à l'inverse un récent "nettoyage", et hop : le film durait deux minutes
). A ceci, on rajoute le visage flottant de Skeet Ulrich rajeuni de façon très peu naturelle (quand on voit les photos actuelles du Monsieur, on se demande pourquoi cette saga s'acharne à ne pas le mettre tel quel, il est mille fois plus classe en vrai), on rajoute encore (ce n'est pas fini) cette mollesse dans les scènes de dialogues qui durent des plombes, ce manque d'ambiance criant et l'absence totale de scènes marquantes ("l'ouverture ?" Non, même l'ouverture est plate) et la petite nouveauté finale se devine si vous avez compris le principe du "plus, plus, plus" très lourdingue (
au lieu d'avoir deux tueurs, on en a trois ! Wow ! Ça c'est du scénario !)
On s'arrêtera là, omettant bien des déceptions que ce Scream 6 enchaîne. En commençant à poignarder cet opus, on s'est vite aperçu que c'était inutile, il n'a déjà pas une goutte de sang à lui, il est déjà sous dialyse de ses anciens opus, repompant tout ce qu'il peut sans arriver à vivre par lui-même, ne nous acharnons donc pas contre un opus cadavérique.