En fonction de son propre vécu, chaque spectateur se reconnaitra dans les situations décrites ou refusera le personnage de Benjamin, comme lui-même refuse initialement le diagnostic du cancer sans issue. Bercot propose à chacun de se regarder dans la glace, et de savoir si nos affaires sont en "ordre". Une longue maladie, par rapport au décès brutal, présente malgré tout un sérieux avantage, et c'est bien celui-là, la possibilité de dire "au revoir, je te pardonne, merci ou je t'aime". A une condition, celle d'avoir à ses cotés, un proche empathique ou un Dr Saran dont ici l'humanité et le regard lumineux transpercent ou plutôt éclaboussent l'écran.
Certes l'hôpital De son vivant n'est pas réaliste, Bercot le sait et l'assume (Et pourtant La fille de Brest ne se privait d'attaquer certaines dérives du système de santé). S'appuyant sur un Magimel époustouflant, et une astucieuse histoire parallèle avec le théâtre), elle nous indique que oui, c'est possible et rassurant d'être accompagné. Ce qui n'empêchera pas d'être seul.
Le mélo du film appuie un peu lourdement sur la trace à laisser derrière soi, et l'arrivée tardive du fils prodigue n'est pas la partie la plus réussie, mais c'est mineur. De même que l'éternelle Deneuve, continue de se défigurer quand Magimel fait des cures d'amaigrissement, son rôle sans nuances de mère possessive n'appelle pas de grands commentaires. Car une nouvelle fois, l'important sont les premiers mots et la poignée de main du Dr qui font faire la différence.
Cécile de France porte pudiquement le rôle d'une infirmière trop impliquée, on retiendra en revanche les séances de musiques et de tango au sein du service d'oncologie. Laissons nous rêver un instant, les patients n'ont pas une minute à perdre….
Des larmes couleront probablement, mais elles sont tellement salvatrices, parce que partagées, alors qu'après, le mort ne peut plus vous dire merci, et vous ne pouvez pas l'autoriser à refermer, une fois seul, la porte.
DVD octobre 2022