Je suis allée voir "Nous finirons ensemble" seule, dans une grande salle, ayant pour conviction que je retrouverais ma propre bande, ce fut une humble réussite me concernant.
Je ne sais pas si c'est discréditant, mais pour moi cela signifiait un film sans prise de tête, qui n'est pas ce genre de séance de masturbation intellectuelle où le pleutre se sent grandi par quelque chose de plus grand qu'il n'aura jamais vraiment saisi . Sans prise de tête soit désireuse de me laisser porter au gré de chacune des scenes d'une émotion à l'autre par la vague que constitue ce choeur . Ces personnages qui travaillent à l'unisson pour me faire rire, me gêner , me faire pleurer, donnent l'illusion d'une simplicité, de gens accessibles, imparfaits qui créer une intimité, comme si nous faisions partie du voyage.
Je vois écris que les personnages sont "figés" et cantonnés à une seule idée et n'ont pas d'âme, je pense que les personnes qui écrivent ça ne connaissent pas vraiment la vie en communauté. Lorsque nous vivons ensemble, chacun se dissout au nombre, lorsque nous nous aimons, cette dissolution peut subir des surdosages lorsque un tel ou une telle déraille et se laisse submerger par ses démons sans pour autant risquer son poste. Ceci est habilement retranscrit dans cette oeuvre, le comportement abject de l'un , les déclarations cinglantes de l'autre fini toujours par une digestion fraternelle et unie.
Quant aux derniers qui s'attaquent au manque de substance spirituelle du film , parce que mettant en scène des bobos ayant des problèmes de riche, je trouve ce jugement facile et peu réfléchi. Une oeuvre n'est pas forcément là pour être engagée, mais est un outil d'expression véhiculant quelque idée qui soit. Et concernant l'aspect spirituel, quand bien même l'échantillon étudié ne plait pas à tous, c'est un échantillon humain, une étude comportementale, d'êtres qui vivent en micro-société, le sujet est loin d'être superflu, et s'observe à travers une infinité de référentiels, dont celui de Guillaume Canet.
J'ai un faible pour Marie, le personnage de Marion Cotillard, que j'ai également rapproché de son rôle dans le film Gueule d'Ange, interprétant une mère désoeuvrée, belle, alcoolique, gâchée. Ces deux personnes, qui ne sont aucunement les mêmes mais se rejoignent sur quelques points m'ont donné l'impression de la connaitre, de la comprendre, parce que connaissant un profil singulièrement similaire parmi mes proches, c'est une experience interieurement bluffante et lorsque ces connexions se produisent sans qu'il n'y ait de lien direct, il y a quelque chose de fort dans l'observation de l'autre, bravo.