Avec The Third Murder, Hirokazu Kore-eda voulait tout d'abord dépeindre avec précision le travail d'un avocat. "Lorsque j'en ai parlé avec certains d'entre eux, ou avec le responsable juridique de Tel père, tel fils, tous m'ont affirmé qu'un tribunal n'était pas le lieu où se détermine la vérité, que personne ne pouvait la connaître. J'ai trouvé ça intéressant et me suis dit que, si tel était le cas, j'aurais envie de faire un drame judiciaire dans lequel la vérité ne serait pas révélée."
Une véritable tension se dégage des scènes d’interrogatoire entre l’avocat (Masaharu Fukuyama) et le meurtrier (Kôji Yakusho). Hirokazu Kore-eda revient sur sa manière d'aborder ces séquences : "On a fait plusieurs lectures du scénario avec Fukuyama et Yakusho, avant le tournage. Et la scène du parloir était vraiment formidable. Au départ, je voulais éviter tant que possible les scènes de parloir, du fait de leur caractère statique. Dans les drames familiaux que j'ai réalisés auparavant, ma réflexion se portait sur la manière de déplacer les personnages dans l'espace. Ici, le parloir, séparé en deux par une vitre, ne présentait guère que des gens assis. Mais lorsque j'ai vu interagir les deux acteurs, j'ai eu le sentiment que cette scène pourrait être très forte. J'ai donc ajouté des scènes de parloir. C'est après avoir vu les comédiens à l'oeuvre que j'ai su comment s'articulerait le film."
Hirokazu Kore-eda a opté cette fois pour une esthétique de polar dans son travail sur la lumière du film. "J’ai accentué le contraste entre la lumière et les ombres, rompant avec l’éclairage naturaliste que je privilégie habituellement. Le directeur de la photo Mikiya Takimoto m’a fait des suggestions. On a aussi tourné en CinemaScope, ce qui apporte beaucoup d’intensité aux gros plans - la scène où les trois avocats marchent côte à côte, par exemple, est spectaculaire. Je pense que ça a très bien fonctionné."
Hirokazu Kore-eda révèle ses influences pour la mise en scène de The Third Murder : "J’avais en tête l’image des films policiers américains des années 50. J’ai d’abord demandé à Takimoto Mikiya de visionner Le Roman de Mildred Pierce (1945), de Michael Curtiz. On a discuté de différents films dans lesquels le CinemaScope avait été bien utilisé, tels que Seven (1995), de David Fincher, quelques-uns des films de Paul Thomas Anderson ou Entre le ciel et l'enfer (1963), d’Akira Kurosawa. Nous avons réfléchi à comment saisir les choses en CinemaScope sans jamais rien perdre en tension."