J'ai beau très peu m'intéresser à la danse, le parcours et la personnalité Rudolf Noureev m'ont toujours beaucoup séduits, notamment à travers sa dimension historique. Aussi, cette idée de biopic signé Ralph Fiennes m'attirait pas mal, malgré des échos plutôt mitigés, que je comprends mieux maintenant. Pourtant, ce relatif échec n'est pas dû à un trop plein d'académisme. Au contraire, l'acteur-réalisateur essaie (un peu) de casser les lignes, jouant avec la linéarité de façon régulière, quitte à nous perdre parfois. D'ailleurs, j'avoue que dans la première partie, je suis resté relativement réceptif à un récit dont je connaissais les grandes étapes, tout en trouvant cette reconstitution à la fois élégante et discrète, à l'image de ce rapport à l'art qu'entretient régulièrement le héros. On ne cherche pas à percer intégralement le « mystère Noureev », juste à amener quelques pistes de réflexion sur un génie aussi reconnu pour son talent que pour son incroyable coup d'éclat afin d'exercer en France et échapper au joug soviétique. Malheureusement, c'est long, trop... Fiennes accumule les mauvais choix, que ce soit de rendre parfois odieux son personnage (certes, il devait parfois l'être, encore aurait-il fallu l'expliquer avec plus de clarté), multiplier les flashbacks sans intérêt, cette enfance difficile n'apportant pas le moindre éclairage sur le futur danseur étoile. Cela manque singulièrement d'émotion, et même si ce n'était pas le but premier, cette rigidité finit par devenir pesante, à l'image de la relation que le beau Rudolf entretient avec Clara Saint, presque crispante alors que leurs personnalités complexes auraient dû nous séduire. Constat presque identique pour les scènes de danse : si le choix d'en filmer assez peu aurait pu être judicieux, c'en est presque frustrant tant on visualise peu les prouesses du jeune homme, alors que la présence d'Oleg Ivenko, danseur reconnu, était l'occasion idéale pour le faire. La prestation de ce dernier est d'ailleurs l'une des seules réelles satisfactions de ce biopic ayant au moins le mériter d'avoir voulu ressembler à son modèle (jamais idéalisé), d'éviter les lacunes inhérentes au genre, à l'image de ce final, véritable « morceau de bravoure » filmé sans lyrisme, presque sèchement : Ralph Fiennes aura été fidèle à ses choix jusqu'au bout, quitte à laisser pas mal de spectateurs sur le bas-côté : vous l'aurez compris, j'en fais malheureusement partie...