Pour son premier film, Grand Corps Malade joue sur son terrain préféré en parlant tétraplégie autobiographique sur les bords. Bienvenue donc entre les murs glaciaux du centre de rééducation pour suivre le péripéties de Seb, atteri ici après un mauvais plongeon dans la piscine.
Le jeu de caméra se révèle convaincant. Adapté à la mobilité réduite des paras/tétras, les plans se veulent fixes et souvent focalisés sur les visages.
Côté ambiance sonore, je reste plus perplexe. Évidemment, l'amour pour la musique de GCM l'a poussé à inclure des hits connus dans son long-métrage (de tête : Bob Marley et NTM entre autres). Mais si dans La vie scolaire, ça s'incruste plutôt bien, ici ça sonne plutôt faux. Bien que la musique puisse constituer un exutoire comme l'expose le fan de Bob Marley, j'ai souvent eu du mal à trouver un rapport entre les paroles et les scènes montrées à l'écran.
On ne peut toutefois retirer à Patients le mérite de se focaliser sur une catégorie de la population plus qu'oubliée. Parce que, sous l'étiquette "handicapé", il y a toujours un être humain. Et même, plus précisément, on y découvre comment se déroule la rééducation suite à un accident grave. L'assistanat, les amours compliquées, la drogue, l'espoir... le tour du propriétaire est bien fourni. Tout en liant la thématique de la santé à celle de la vie en cité avec des règlements de compte qui tournent mal; pour souligner la diversité des circonstances d'accidents et une fois de plus faire écho aux sujets chers à GCM.
Pourtant, malgré la dureté du sujet évoqué, je n'ai pas changé ma façon de vivre pour un sou. En d'autres termes, je continue toujours de traverser la route n'importe comment sans regarder. Patients traite malheureusement son sujet de manière assez distanciée et orientée feelgood. Malgré la diversité des profils, je n'ai pas réussi à me dire que cela pouvait m'arriver, à moi aussi. La faute à une intrigue qui effleure les sujets qui fâchent le plus : à savoir le doute, la perte d'espoir et la mort. Pour exemple, on ne voit pas Steve boire sa Vodka ou simplement y penser. On apprend juste par un tel qui a entendu un tel dire qu'il a tenté de mettre fin à ses jours par l'alcool. Le mal-être est caché sous le tapis et les procédés de mise à distance font qu'il n'atteint pas ou peu le spectateur; il se sent toujours bien loin de cette détresse s'il n'est pas confronté au handicap IRL.
J'entends bien que le but n'est pas de choquer, mais marquer reste possible et tout à fait bénéfique.
Le travail autour de ce long métrage, de la polysémie de son titre aux personnages singuliers et divers, est indéniable. Couplé à une thématique centrale originale, Patients possède des atouts solides en sa faveur. Il ne saurait se montrer décevant, malgré une narration qui se détourne un peu lâchement des mauvaises passes pour se focaliser sur des péripéties amoureuses foireuses et des moments entre potes.