Get Out est un long-métrage qui prend des risques.
C'est une réelle qualité, car nombreux sont les films d'horreurs redondants, chronophages, qui proposent inlassablement les mêmes effets de genre à répétition.
Avec la modique somme de 4.5 millions de dollars, le réalisateur Jordan Peele a largement réussi son pari.
Il affirme l'idée qu'un projet cinématographique réussit n'est pas forcément un projet colossalement coûteux.
Get Out entre dans le monde de l'horreur et dépoussière le genre, le ré-invente, grâce à une nouvelle génération de réalisateurs (et réalisatrices) talentueux.
Cette prise de position osée pourrait être aisément comparée à "Grave" de Julia Ducournau ou à "Split" de M. Night Shyamalan.
Bien évidemment, Get Out est un porte-drapeau pour la défense des Afros-Américains aux États-Unis.
Cependant, de manière implicite, le réalisateur nous propose de voir cette discrimination sous un autre angle.
Ici, les bourreaux prennent la possession du corps de leurs victimes.
Au départ, cette impression constante de supériorité affichée par les geôliers se traduit peu à peu en admiration, voire en aveu de faiblesse face à la puissance physique, mentale et génétique d'un homme noir.
Ce raisonnement affiche en toute vraisemblance le manque de cohérence criant d'un individu raciste, car ici, les bourreaux s'autorisent la possession complète du corps et de l'esprit d'un homme noir (en le déshumanisant totalement), tout en étant persuadés que leurs caractéristiques intrinsèques sont supérieures à celles d'un homme blanc.
Le sujet est astucieux et la façon de le mettre en scène également. Cependant, Le scénario aurait mérité plus de profondeur.
Le twist final (bien qu'essentiel) est expédié et il faut s'y intéresser à plusieurs fois, à postériori, avant de saisir la totalité de l'intrigue.
De plus, la réflexion autour de la réincarnation est également sabotée. C'est un sujet complexe, déroutant, qui aurait dû être élaboré avec plus de précisions.
En conclusion, Get Out a le défaut de ses qualités, car soucieux d'instaurer un climat de tensions (et surtout de mystère) durant la totalité de son long-métrage, Jordan Peele en oublie quelques fois la nuance et trop souvent la crédibilité.