Le meilleur film d'Edgar Wright. Armé d'un budget de 34 millions de dollars et d'une quasi-carte blanche de la part du studio Sony, le grand Edgar Wright nous sort cet été un véritable bijou de mise en scène et de montage. Baby, jeune homme assez renfermé et amoureux de la musique, officie comme chauffeur pour une organisation de braquage à Atlanta. Au moment où il était censé quitter ses activités criminelles, il va faire la connaissance de Debora, serveuse dans un café, et c'est le coup de foudre. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu et la vie paisible dont il rêve tant paraîtra assez difficile à atteindre.. On pourrait (à tort) relier l'intrigue de "Baby Driver" à "Drive", mais les 2 films sont l'antithèse totale l'un de l'autre. Dans celui-ci, on s'attache tellement aux protagonistes que la dimension grandiose et romantique du scénario nous fait totalement oublier son classicisme (parce qu'en soit le scénario de ce film n'a rien de révolutionnaire, je vous l'accorde). Le personnage de Baby incarne des valeurs tellement nobles et admirables
(par exemple le refus de tuer)
dans un monde de gangsters (dont l'archétype ultime est le personnage de Bats) qu'on ne peut pas rester indifférent face à lui et l'écriture casse l'image du héros sombre et mystérieux qu'on pourrait avoir de lui au premier abord. En parlant de faux préjugés, Wright s'amuse à casser certains codes du genre
(dans ce film c'est la fille qui drague le héros)
et c'est vraiment superbe.. La réalisation de ce film est absolument impeccable : c'est coloré, il y a un vrai sens du cadre, comme toujours chez Edgar Wright le montage du film a un sens et n'est pas là juste pour enchaîner des images.. On est sans cesse surpris par la manière dont les images s'enchaînent et surtout avec quelle efficacité la musique se marie avec l'image ! Car dans ce film, l'action et la musique fonctionnent ensemble et c'est vraiment jouissif à voir.. Là où "Suicide Squad" s'entêtait à proposer des morceaux cools maladroitement montés avec le film, la musique de "Baby Driver" ne s'arrête jamais de tourner et donne à certaines scènes une dimension qu'elles n'auraient pas pu avoir sans.. En plus les choix de morceaux sont pertinents (Queen, Blur, The Beach Boys, ...) et très variés (un total de 30 titres !) et les références cinéma nombreuses. Les personnages sont denses, presque aucun n'est un héros absolu ou un connard fini, chacun dégage son lot d'émotions et tous les acteurs sont talentueux : Ansel Elgort porte littéralement le film et campe un personnage complexe et attachant, Kevin Spacey est charismatique au possible (mais ça c'est comme d'habitude), la belle Lily James est pleine d'émotion et se détache des rôles habituels de copine du héros qu'on peut voir aujourd'hui à Hollywood, Jamie Foxx s'éclate dans son rôle de truand en quête d'adrénaline (certaines répliques sont à mourir de rire :
"là où vous braquez pour vous droguer, je me drogue pour braquer"
), Jon Hamm et Eiza González nous offrent une relecture moderne du mythe de Bonnie et Clyde, il y a même Jon Bernthal dans un petit rôle... Rien à dire tout dans ce film est excellent ; si vous voulez une pure leçon de cinéma, allez voir Baby Driver.