Auréolé du Grand Prix à la dernière Mostra de Venise, Roman Polanski, l'artiste ( ça c'est fait ), nous livre une très bonne adaptation, d'une affaire qui va faire grand bruit en cette fin du 19ème siècle, l'affaire Dreyfus !
En 1894, Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour avoir fourni des documents secrets à l'Allemagne. Le colonel Marie-Goerges Picquart, promu chef du bureau des renseignements, va vite découvrir la vérité sur cette affaire et va se battre pour prouver l’innocence de Dreyfus face à un gouvernement et une société antisémite.
Ne vous laissé par avoir par mon titre. Bien que Dujardin joue les espions, Jaccuse reflète une véritable quête pour percer à jour un gouvernement qui veut cacher une vérité, le tout dans un film plutôt sombre.
Les bases sont posées dés l'introduction et nous sommes immergés lors de la destitution de d'Alfred Dreyfus, face aux généraux et une foule apeurés face à ce supposé-traître. La météo nous imposent des couleurs maussades, et nous fait bien comprendre que l'on fait face à une des plus grandes injustices de notre histoire. Malgré la détermination de Dreyfus à prouver son innocence, son honneur est bafoué par cette mise à nue et ce lynchage public. L'engrenage vers sa déportation est inévitable face à une armée et un gouvernement profondément ancrée dans une haine antisémite.
Et c'est parti ! Avec de nombreux longs flash-backs pour encore plus décrire l'histoire, Polanski nous immergent dans ce thriller d’espionnages, qui va révéler les vrais visages des ministres et commandants de l'époque. Je n'ai donc inévitablement rien à redire sur le scénario, celui-ci est assez rythmé sans presque pas de moment faible. Des remises en question de papier falsifiés et d'espionnage d'officier, jusqu’au procès finale, le film est une petite mine d'informations sur cette triste et injuste histoire. Je regrette quand même le manque d'importance concernant l'article de Zola et son fort impact sur l'opinion publique.
J'accuse est magnifié par son intéressante utilisation des couleurs ( très souvent froides ), ses lumières très naturel, ses FORMIDABLES décors et sa photographie réussite. Roman Polanski fait appel d'ailleurs à une réalisation composé majoritairement de plans fixes et de steadicam au grand angle, pour suivre au plus prés les personnages à travers les nombreux bureaux.
D'ailleurs les pièces, les bureaux ont une très grosse place dans le film. En effet, la question bureaucratique est primordiale dans cette affaire ( pour accentuer encore plus cette question du privé, du secret d'état ). Ce qui rend plus faible les plans sur la ville de Paris, bien que le peu de ceux-ci soit je trouve assez convaincant, mise à part quelques fond verts peu esthétiques.
Coté distribution évidement, Jean Dujardin est très pertinent dans le rôle du commandant Picquart. Louis Garrel, bien plus discret, est lui aussi très bon dans le rôle d'Alfred Dreyfus. Le reste du casting, à noté majoritairement issus de la comédie française, est quant à lui aussi très bon. Petite réserve concernant Emmanuelle Seigner, que je trouve assez faible dans son jeu.
Malgré sa forte controverse, J'accuse s'avoue être très intéressant ! Grâce à ces allures de thriller d’espionnage maîtrisé, le film ne nous laissent pas distant face à un événement qui peut paraître si lointain !