[attention spoilers] ... Bon, l'Apôtre, récupéré par la fachosphère, les catholiques et les nostalgiques de la IIIe République fans de Finkielkraut (ça en fait du monde...pas toujours très fréquentable....) est évidemment un champ de mines dans lequel on avance avec moult réserves et précautions. Evacuons d'emblée la question de forme, elle a peu d'importance : ce n'est pas toujours très bien filmé. Enfin surtout le début d'ailleurs, assez horripilant avec ces personnages qui parlent tous en même temps. Mais très vite la réalisatrice se calme, et on oublie complètement la caméra pour plonger dans cette histoire à la fois personnelle et emblématique. Je suis un athée zen, qui n'a rien contre les religions tant qu'elles viennent pas m'emm*** et me dicter ce que je dois penser... Je n'aurais pas dû m'intéresser à ce film, mais comme j'en ai un peu marre de lire des articles sur les Jean-Jacques Thomasset d'aujourd'hui (ces petits blancs faibles d'esprit qui se convertissent à l'islam), je me suis dit, tiens, allons voir dans l'autre sens comment cela se passe pour changer. Alors oui, le Christianisme est présenté sous un jour globalement plus favorable que l'Islam. Disons qu'il est présenté comme une religion plus tolérante, ce qui du reste est difficilement contestable de nos jours (et même si cela n'a pas été toujours le cas d'ailleurs). Quoi qu'en pensent beaucoup de détracteurs qui ne l'ont sans doute même pas regardé, l'Apôtre n'est pas un portrait à charge contre l'Islam. Si des barbus intolérants sont montrés, d'autres personnages sont très respectables : les parents, l'imam et même le frère violent... La douleur de ce personnage face à la conversion de son frère qu'il ressent comme un choc traumatique mais qu'il saura surmonter par amour fraternel est même je pense l'aspect le plus intéressant et le plus émouvant du film. Sérieux, moi j'avais de la compassion pour le frangin qui tombe dans le désarroi face au choix de son aîné, c'est vraiment bien rendu cette partie, grâce d'ailleurs aux deux acteurs masculins, excellents. Voilà. Donc si Cheyenne Caron a choisi son camp, elle ne ferme pas la porte à l'autre et finalement ne réclame que le droit au libre arbitre (qui n'existe pas comme dirait Schopenhauer, mais là on part sur un autre débat...), et veut même croire à la coexistence pacifique entre les deux religions. Franchement, on a largement vu plus facho comme vision du monde ces derniers temps (ne serait-ce que American Sniper, tiens, exemple récent et au hasard qui me vient en tête...).