"Une merveilleuse histoire du temps"… OUI JE SAIS ! Je suis désolé j’ai presque deux mois de retard sur ce film, mais vous savez : quand on a un grand cinéma qui diffuse les films populaire et à budget de blockbuster et à côté un petit cinéma qui ne fait pas toujours les meilleurs sélections en terme de film, ce n’est pas évident. Et comble de l’ironie, là ou tout les films à Oscars passaient dans ce petit cinéma, il fallut que, comme par hasard, le seul qui ne passe pas soit celui qui récompense l’acteur principal à l’Oscar du meilleur acteur cette année. Comme si ce n’était pas assez ridicule comme ça, ce même cinéma le diffuse depuis peu à l’occasion d’un évènement sur le cinéma britannique. Je ne sais pas si on peut imaginer une distribution aussi mauvaise pour un film, surtout pour un nominé aux festivals du cinéma comme celui-là.
Surtout que… merde quoi, un film sur Stephen Hawking, le plus grand physicien cosmologiste que le monde connait, et un des théoriciens les plus passionnants et intelligents qui existent ! L’homme qui a fait des recherches et des découvertes sur les trous noirs et le temps, et on nous propose une biopic qui raconte sa vie à travers les yeux de sa femme Jade Wilde Hawking, comment peut-on passer à côté de ça ? Je ne suis pas un physicien ou cosmologue ni un amateur, mais quand on fait un film sur l’un des plus célèbres théoriciens au monde, on ne zappe pas un film pour le ressortir quand il n’est plus d’actualité.
Donc, après cette longue introduction, est-ce que l’attente de deux mois et ma croix sur "Selma" de Duvernay en valait la peine ? Oh que oui, définitivement oui ! On n’atteint pas encore la perfection en termes de biographie cinématographique, mais l’émotion est suffisamment forte et intense pour ce que James Marsh nous livre.
Commençons par la mise en scène du réalisateur britannique, on sait depuis le temps que la plupart des films nominés aux Oscars sont des Biopic sur des personnalités plus ou moins intéressantes ou connus. Des fois on en sort avec des bonnes surprise (comme "Imitation Game" ou "12 years a slave"), quant à d’autres il y’a de quoi se poser des questions sur le pourquoi de leur nomination ("Foxcatcher" par exemple que j’aurais mieux fait de boycotter). Mais on retrouve en général un point commun entre chacun de ces films : la réalisation est bonne mais très classique ne proposant rien de vraiment nouveau ou de prenant en général. "Une merveilleuse histoire du temps" n’y échappe pas, Marsh film cette biopic comme il faut et rend son sujet intéressant avec son histoire en général et non avec la réalisation, mais il y a quand même quelques astuces de montage et de mise en scène m’ayant attiré
comme le mélange du lait dans le café de Hawking avant qu’ils ne se mélangent en spiral comme si l’espace se mouvait sous les yeux du cosmologiste,
ce qui marche à merveille avec le personnage dont il est question. Donc rien de bien nouveau mais du travail honnête de la part du metteur en scène.
Au niveau de la bande-son, la baguette revenait à Johann Johannsson, le compositeur islandais à qui on doit quand même la bande-son de l’excellent "Prisoners" de Denis Villeneuve. Et même si ça reste également très classique, la qualité est très présente, c’est sobre et plein d’émotion quand la musique arrive, et pour une histoire qui joue surtout sur l’émotion autour de ses personnages il n’y a pas à en demander plus.
Mais parlons du casting, et franchement si Cooper était excellent dans "American Sniper", Cumberbatch particulièrement talentueux dans "Imitation Game", Carrell… nul à roupiller dans "Foxcatcher" (non désolé j’ai rien d’autre à dire sur lui, il était catastrophique) et Keaton incroyable dans "Birdman" : Eddie Redmayne est tout simplement formidable et son Oscar est amplement mérité. Interpréter un homme succombant au fil des années à la sclérose latérale amyotrophique et de plus en plus paralysé et savoir montrer des émotions à l’écran tout en reprenant les mimiques du fameux théoricien, c’était un défi énorme. Et bien l’épreuve est relevée avec brio, Redmayne est totalement crédible, émouvant et s’adapte parfaitement à la facette figée qu’il doit afficher sans surjouer ou donner l’impression de forcer un temps soit peu, pour ça j’applaudis et j’espère que cet acteur va continuer dans cette voie.
Felicity Jones, alias Jane Wilde Hawking, était aussi très émouvante et juste. Elle ne se laisse pas distancer et livre également une interprétation épatante, et elle le devait car ce film adapte surtout son point de vue face aux évènements. On sent son attachement et ses émotions à cette femme, elle aurait tout aussi bien mérité un Oscar cette année. Et le duo mène très bien ce film, et on y croit à leur histoire d’amour qui vire au drame à cause de l’handicap de Stephen, j’en suis même venu à vouloir pleurer plus d’une fois face à leurs réactions et les difficultés qu’ils traversent.
Pour le reste du casting, on a du bon en général, Charlie Cox inspire de la sympathie et se révèle très appréciable, Christian McKay était très bon en tant que professeur Penrose qui a rencontré et enseigné à Hawking, bref du bon travail sans pour autant atteindre le niveau des deux interprètes principaux. Mais j’ai une petite question : qu’est-ce qu'un ancien footballeur comme Frank Lebœuf vient faire là ? Je veux dire, il a un tout petit rôle, il est plutôt correct pour le peu d’apparition qu’il fait mais… pourquoi l’avoir fait venir ? Il n’a joué que dans des petits films et certainement des petits rôles donc… ouais bon tant pis ce n’est pas bien grave.
Il ne me reste plus que d’un point à parler, le scénario, l’adaptation dont il a été question sur grand écran. Et pour ma part, j’avoue qu’on est un peu loin de ce que j’avais imaginé à la base : au départ je pensais qu’on suivrait surtout Hawking dans ses recherches en ce qui concerne les trous noirs, la théorie du tout et le temps sans pour autant. Au début et par moment, il y a de ça,
on débute sur ses études à Cambridge et ses premières recherches sur l’origine des trous noirs tout en suivant l’évolution de sa maladie qui se manifeste clairement et contre lequel il se bat pour finalement éblouir les évaluateurs dont le professeur Penrose lors de l’examen final.
Seulement, en me renseignant d’abord sur ce film, on comprend vite une chose : "Une merveilleuse histoire du temps" (sympathique clin d’œil à l’œuvre scientifique de King d’ailleurs) adapte la vision de Jane Wilde qui s’est occupé de lui jusqu’en 1991, celle de Hawking n’est que secondaire. Ce qui est logique vu la maladie que développe le cosmologiste et ça marche très bien, mais au final j’ai plus eu l’impression de voir une histoire d’amour à travers les travers et le parcours de Hawking qu’une biographie pleinement consacré à cet homme.
Alors en soit c’est très bien fait, et ça devient souvent très touchant et beau à voir, comme je l’ais dis la dévotion que montre Jane Wilde pour prendre soin de son premier époux est touchante et admirable,
et la scène de leur rupture qui se fait en douceur est tout simplement bouleversante, j’y suis pas du tout resté insensible et ça m’a énormément ému.
Seulement ça va quelques fois trop loin dans les bons sentiments et aux yeux de certain ça risque de paraître dégoulinant de ce côté-là. Ok c’est normal qu’on se montre patient et compréhensif envers Stephen Hawking et je suis loin de connaître sa vie entière, surtout qu’on ne nous montre pas tout… mais je doute fort que ça a toujours été aussi tendre que ça entre Stephen et Jane, et puis il a eu ses détracteurs je pense ainsi que quelques moqueurs de très mauvaises langues.
Malgré tout, et pour terminer rapidement après ce long pavé : ça n’en reste pas moins une très belle histoire, porté par deux interprètes exceptionnels et une émotion forte qui ne laisse pas indifférent avec une réalisation qui montre quelques bonnes idées à certains moments et les principaux éléments qu’on a besoin de connaître sur Hawking sont présent. J’ais hésité à mettre la note maximale mais je pense qu’on aurait pu faire mieux encore donc je reste à 4.5/5, mais ça n’empêche que j’ai énormément apprécié cette biopic. Et je prie pour que Redmayne se lancent définitivement grâce à son succès récent.