Un tel synopsis, ça donne envie de voir ce film, hein ? Et bien désolé, mais pour moi Argo a été une semi-déception. Malgré la justesse de la mise en scène, la force du sujet et les scènes de suspense tirées des terrifiants-méchants-islamistes-iraniens, Argo est au final plus un divertissement familial qu'un film subtil et audacieux. Un beau bricolage de film excellemment fait pour attirer les recettes facilement et obtenir les grandes récompenses, tout en cachant habilement le procédé d'utiliser les meilleurs idées en les illustrant le plus facilement et sa scélératesse.
Bien que tiré de faits réels, Argo échappe au réalisme en se dirigeant trop vers l'Hollywoodien (au centre de ce film hommage) et donc, ajoute des scènes fictives d'un manque de crédibilité agaçant, boursoufle ses dialogues d'un abscon frimeur et hors-propos (ces dialogues aussi incompréhensibles que débités rapidement, ont pour but unique de vous faire rire sans se préoccuper de si vous comprenez ou pire, si iils collent à la situation) et cherche trop à plaire à tous les publics plutôt que de trouver sa place : cela en passant d'une scène comique à une scène de suspense, puis du suspense au comique, parfois avec une seule seconde d'interstice... j'ajouterai, comment conserver la tension dans le spectateur avec cette méthode là ? Bien sûr, tout le cahier des charges hollywoodien et les clichés ont été respectés : on a droit au quota minimum imposé de sentimentalisme pompier, à un héros divorcé qui est pourtant bien sûr un incroyable père ainsi qu'un ancien de la CIA rappelé à l'ordre qui va redorer son étoile dés qu'il reprendra du service, rien n'est jamais choquant, tous les personnages sont au final gentil sauf les iraniens qui restent à leur place de méchant, et quand tout semble être gagné il y a un rebondissement grotesque... J'en oublie sûrement. Merci de s'être emparé de tous les codes hollywoodiens sans oser un retourner un seul.
En conclusion, ce film consensuel, grandiloquent, académique, sans audace et manquant d'originalité, enfin commercial, mais pas repoussant, était cependant à mon goût loin de mériter sa consécration. Pas étonnant qu'il est autant plu, les gens aiment qu'on les caresse (dans ce cas je dirai plutôt brosser presque furieusement) dans le sens du poil, plutôt que de réfléchir sur les vrais enjeux du film. Au moins une étincelle ? Oui : éviter le manichéisme, et montrer les miliciens islamistes de Khomeny comme des être humains à part entière, émouvants par leur humanité maladroitement cachée, à travers une scène unique qui m'a tiré mon seul sourire de la projection. Pour le reste, je crie à l'imposture des grandes cérémonies.