Avis : La Religieuse - Page 9

Les trois premiers quarts d'heure sont remarquables : grande beauté formelle, belle photo, parfait équilibre entre la formidable Pauline Etienne et la trop rare Françoise Lebrun, beaux rôles secondaires. On est en empathie totale avec cette jeune fille, malgré les siècles d'écart et la situation. Puis arrive Louise Bourgoin. Et là ça se gâte nettement. Physique et gestuelle trop modernes, jeu habituel ("je suis une belle garce et je vous ..."), elle n'est pas un instant crédible dans ce rôle de religieuse sadique. On passe ensuite au nouveau couvent et à la mère supérieure Isabelle Huppert. C'est assez étonnant de voir Huppert avoir grosso modo son âge, tant on est habitués à la voir juvénile et sans marques du temps. Ce qui plus ennuyeux c'est qu'elle a un jeu trop appuyé, une sorte de démonstration de différents registres comme si elle faisait une audition. Le miraculeux équilibre qui existait avec Françoise Lebrun n'existe plus. Ce qui est également dérangeant c'est que le film ne remet jamais en cause la religion, l'enfermement, tout est montré comme si les dérapages tenaient exclusivement à la folie des deux mères supérieurs. Au final mon premier sentiment très positif ne tient pas sur la longueur du film. La révélation de Pauline Etienne elle, est bien réelle.

Œuvre forte et révoltante sur le sort d'une jeune fille qui doit se faire nonne contre sa volonté. Denis Diderot a écrit cela au 18ème siècle et il est difficile pour nous de totalement comprendre les mœurs de l'époque. Pourtant, tout ce qui est relaté s'appuie sur des cas concrets, sur la vie dans les couvents, les pressions, les humiliations et les exigences sadiques d'une mère supérieure. Bref, le tableau est sombre et le personnage de la sœur Suzanne est magistralement incarné par Pauline Etienne.

Un film particulier tiré d'un roman à scandales : une ado de 16 ans contrainte au 18ème siècle d'entrer dans les ordres par sa famille, va tenter tant bien que mal de faire annuler ses voeux, pour retrouver le monde extérieur. Il est assez rare d'aborder au cinéma ce côté sombre de l'église, mais je suis très partagée sur cette adaptation. D'un côté le film est plaisant : action entrainante, décors magnifiques, histoire scandaleuse, casting très crédible avec Isabelle Huppert, Louise Bourgoin et surtout la surprenante révélation Pauline Etienne. Cet univers de rébellion sur fond ecclésiastique est prenant et dérangeant. Mais à côté de ça, le manque d'explication sur certaines transitions très rapides (voir trop) gâche un peu la crédibilité de l'histoire et m'a laissé quelques fois sur ma fin...

La lumière est très belle, les acteurs tout à fait exceptionnels. Toutefois la mise en scène un peu excessive passe à côté du sujet. On regrette Rivette.

Adapté du roman éponyme de Denis Diderot, un long-métrage de Guillaume Nicloux tout d'abord remarquable pour son propos tout en nuances, bien moins frontal que dans des films comme "The Magdalene sisters" de Peter Mullan autour des thématiques inhérentes au genre du film de religieuses comme le désir de liberté, d'indépendance d'esprit dans la société patriarcale et puritaine des années d'avant la Révolution française mais aussi la violence tant physique entre les supplices d'une dureté assez extrême et le harcèlement sexuel que psychologique entre les brimades et les humiliations. Une mise en scène basée sur des métaphores symboliques très intéressante, une superbe photographie naturelle qui rappelle énormément "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick ou encore "Les duellistes" de Ridley Scott. Dans un casting magnifique et imposant entre Louise Bourgoin, que je découvre là dans un rôle dramatique, est incroyable de noirceur malsaine et Isabelle Huppert, toujours aussi à l'aise, un peu à l'image de Rosamund Pike, dans des rôles névrosés, troubles, Pauline Etienne est une véritable révélation, livrant une prestation magnifique entre la candeur de l'adolescence et la détermination d'une jeune femme. Une oeuvre lourde, lente mais d'une force narrative magistrale.

Glacial... Certes, le sujet ne prête pas particulièrement à sourire. Mais, parfois, trop c'est trop... malgré des actrices magnifiques et, par instants, émouvantes...

En son temps, l'adaptation de La religieuse par Rivette avait provoqué un beau scandale. Il n'y aura aucun risque que celle de Guillaume Nicloux suscite une telle réaction quoique les fanatiques de Diderot puissent se sentir lésés par cette version en partie infidèle, notamment dans son dénouement. Exit la charge anticléricale, reste ici le portrait d'une jeune femme qui lutte pour sa liberté et contre les conventions sociales du XVIIIe siècle. Cet aspect là est convaincant, grâce à une interprète, Pauline Etienne, pleinement investie dans son rôle. Mais si la bande-annonce laissait espérer une certaine fièvre et un réel dynamisme de mise en scène, c'est hélas loin d'être le cas. La réalisation se veut sobre mais elle est compassée à l'opposé de l'esprit de révolte qui anime la nonne malgré elle. Obligées de surjouer, Louis Bourgoin et Isabelle Huppert font ressortir la fadeur générale d'une oeuvre où l'émotion n'affleure que rarement. Franchement décevant.

Un très bon film français sur la religion et ses principes. Une très bonne interprétation de Pauline Etienne en bonne sœur.

Et voilà qu'une nouvelle fois la littérature offre un scénario tout trouvé à un film français. Certes il ne s'agit pas de n'importe quelle oeuvre puisque "La religieuse" est un roman sulfureux dont l'adaptation cinématographique par Jacques Rivette en 1966 avait suscité le tollé que l'on sait. Il faut dire que le livre de Diderot témoigne d'un anticléricalisme avoué qui offrait tous les ingrédients pour choquer. Guillaume Nicloux n'adopte pas le parti pris anticlérical, bien au contraire. Sa vision du couvent auquel doit se soumettre la pauvre Suzanne Simonin a quelque chose de lumineux et d'inhabituel dans le cinéma français, plus habitué aux traits grossiers et caricaturaux des communautés religieuses. Certes la trame du roman de Diderot est suivie dans ses grandes lignes, on pourra toutefois s'étonner de la fin qui n'a rien à voir avec celle qu'a retenue Diderot pas plus qu'avec celle qu'avait proposée Rivette dans son adaptation. Pour le reste, le film reproduit la structure du roman: une ouverture, puis l'évocation de la vie religieuse avec les trois mères supérieures successives (la débonnaire, la sadique et la libertine) et enfin un épilogue. Guillaume Nicloux a donc choisi la clarté, un peu à la manière des peintres du classicisme français. Et pour soutenir son propos, il a retenu de merveilleuses actrices en tête desquelles figure Pauline Etienne, délicieux visage plein de candeur et de beauté, qui trouve le ton le plus juste que l'on puisse imaginer. De même Françoise Lebrun sait communiquer à son personnage une humanité qui fait tristement défaut à ce monde régi par le pouvoir et par le désir contrarié. Moins convaincantes nous apparaissent Isabelle Huppert dans son rôle de religieuse tenaillée par le désir lesbien et Louise Bourgoin dont le visage parfait eût plus convenu à une moderne Barbarella qu'à une supérieure de couvent. Malgré ces réserves, le film peut être salué comme une réussite et sans doute aussi comme un modèle d'adaptation cinématographique d'une oeuvre littéraire.

Alors que la mise en place est quelque peu à la ramasse, mais nécessaire, La Religieuse est un film glaçant, fragile et touchant. Pauline Etienne confirme avec son huitième rôle sa grandeur en devenir. Louise Bourgoin, en Mère Supérieure du couvent Sainte Marie, étonne mais manque cependant de crédibilité. Enfin, Isabelle Huppert n’a rien à prouver, elle est formidable. Les seconds rôles quant à eux n’ont pas été élaborés et manquent terriblement de personnalité. Ce film de Guillaume Nicloux aurait pu être plus osé et cru pour devenir poignant.
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Très beau film de Guillaume Nicloux. Inspiré par Diderot, le cinéaste fait une belle reconstitution historique, qui rejoint en qualité esthétique La Religieuse de Rivette. L'actrice principale est excellente, et les autres de même. Une vraie réussite.

N'ayant pas lu le livre de Diderot, c'est un point de vue cinéphile que j'émets. Je ne déplorerai donc pas la prétendue fidélité du film par rapport à au modèle littéraire. Mais je dois dire que la mise en scène transmet de façon brutale, et donc efficace, la douleur d'une fille arrachée à son innocence et placée entre les mains de bonnes soeurs dont les scrupules ne manquent pas. La brillante critique anticléricale n'eût été envisageable sans l'interprétation des actrices principales, Pauline Etienne (d'une froideur très communicative), Louise Bourgoin (terrible personnage qu'elle campe avec brio), et Isabelle Huppert (un peu trop gentille à mon goût, l'épisode la concernant est plutôt court). Dans l'ensemble un bon film, on ne s'ennuie pas, malgré la linéarité et même l'extrême sobriété par lesquels il se caractérise.

Pas mal ! Malgré quelques longueurs sur la fin, un sujet maitrisé, intéressant et prenant, sur les dérives de la religion d'une époque ancienne, ici très bien porté à l'écran, par de superbes actrices, dans de beaux décors !

Guillaume Nicloux signe avec « La Religieuse » un film pas désagréable à regarder mais pas très palpitant ni très personnel non plus (on a l’impression de voir un film de Benoît Jacquot) et dont la portée idéologique peine à trouver écho dans notre contexte contemporain. Le réalisateur a certes réuni un très beau casting mais les actrices choisies correspondent-elles vraiment aux rôles qui leur sont attribués ? Je ne suis pas vraiment convaincu. Pauline Etienne est une jeune comédienne douée mais qui n’a pas l’âge de son personnage (c’est moins choquant que Anna Karina chez Rivette quand même) et les actes de rébellion de sa Suzanne me semblent trop matures et un tantinet illuminés, Louise Bourgoin est trop sage et lisse, quant à Isabelle Huppert, si convaincante dans la perversité soit-elle, on a dû mal à l’accepter en tant que Mère Supérieure d’un couvent.

Ce film est une très belle oeuvre cinématographique, intense et émouvante. Une remarquable qualité de réalisation et une interprétation forte et juste.