Jean-Jacques Annaud réalise son troisième film autour de la relation entre les animaux et les êtres humains, en prenant toujours soin de choisir une race animalière pouvant s'avérer dangereuse. En 1988, il met en scène L'Ours, puis en 2004, le cinéaste se penche sur le cas des tigres avec Deux Frères. Aujourd'hui, c'est le tour du loup pour Le Dernier Loup.
Le Dernier loup est inspiré du livre "Le Totem du Loup" publié en 2004 par Jiang Rong. Ce fut un immense succès en Chine, ce qui est étonnant car cet ouvrage aurait pu être censuré en raison de la critique de la politique environnementale chinoise, qui empêche le peuple chinois de vivre normalement. Ces derniers sont obligés de porter des masques et les enfants ne peuvent pas jouer à l'extérieur à cause de la pollution. Jean-Jacques Annaud indique qu'il s'agit d'un miracle que ce roman (par ailleurs vendu à 20 millions d'exemplaires) n'ait pas été censuré ou interdit à la vente.
Le réalisateur Jean-Jacques Annaud et l'équipe du film sont partis durant 3 semaines sur les lieux de l'histoire décrite par l'auteur Jiang Rong, afin de découvrir le paysage et les habitants des steppes de Mongolie.
La peur de la censure pour la version chinoise du film, a longuement inquiété le cinéaste Jean-Jacques Annaud. Finalement, plus de peur que de mal puisque la seule chose que le metteur en scène a été obligé de retirer, est le moment où l'on découvre une partie de la poitrine d'une des actrices.
Le Dernier loup réunit une troupe d'acteurs provenant de tous les horizons. Pour les figurants, Jean-Jacques Annaud est allé piocher directement sur les lieux du tournage, auprès de personnes non professionnelles. En revanche, les personnes ayant du dialogue dans le film sont tous des acteurs professionnels.
Le tournage du Dernier loup débordait d'animaux. Les chiffres sont impressionnants, il y avait 200 chevaux, près de 1000 moutons et 25 loups. Pour s'en occuper et que le plateau ne tourne pas au chaos total, une cinquantaine de dresseurs étaient sur place.
Alors que les loups sont une espèce particulièrement sauvage et donc très difficile à dresser, l'un d'entre eux a totalement craqué pour le réalisateur Jean-Jacques Annaud, ce qui est relativement rare. Prénommé "Cloudy", ce loup a tout de suite choisi le metteur en scène comme s'il représentait en quelque sorte son père. Le cinéaste ajoute : "Dès que nous avons été « présentés », alors qu’il venait de s’arroger le pouvoir au sein de la jeune meute, il s’est avancé vers moi en rampant, la queue entre les pattes, le regard infiniment doux… Il m’a reniflé, puis s’est couché sur le dos en offrant son ventre. Andrew m’a suggéré de le caresser… Cloudy m’a léché furtivement un doigt puis est parti rejoindre ses sujets."
Le dresseur Andrew Simpson s'est occupé de dresser la plupart des loups visibles dans le film. Celui-ci s'est donné corps et âme au projet alors que le scénario n'était pas encore rédigé. Pour cela, le spécialiste des loups s'est installé pendant trois ans à Pékin avec sa femme, dans le but de voir grandir les petits louveteaux. Heureusement, il a été récompensé à la fin du tournage, car il a pu garder les loups qu'il avait vu évoluer durant ces trois années.
Le tournage du Dernier loup a été laborieux. Certaines scènes ont été tournées la nuit, sous la neige, avec des courses-poursuites de chevaux et de loups, tout en sachant qu'il est dangereux de les faire tourner ensemble, puisque le loup est un prédateur dangereux. De plus, pour les séquences qui nécessitaient la présence du vent, il fallait utiliser des ventilateurs pour le moins rudimentaires, alors qu'en France notamment, pour "fabriquer du vent" on utilise des moteurs d'avion. Les engins ont alors été transportés durant de longues heures de marche pour arriver sur les lieux de l'enregistrement.
Le budget du Dernier loup est monté jusqu'à 38 millions de dollars, ce qui n'est pas énorme pour un film de Jean-Jacques Annaud, puisque Or Noir a coûté 40 millions d'euros, Deux Frères environ 57 millions d'euros et Stalingrad 70 millions de dollars. En revanche, cette somme est considérable pour la Chine qui ne dépense pas autant dans ses films habituellement. Les sociétés de production chinoises ont fait un effort important pour que le film voit le jour et qu'un discours propre à l'écologie puisse se propager.
Pour filmer les chevaux et les loups en pleine course, des drones ont été utilisés, car il aurait été bien trop compliqué et dangereux pour le matériel d'enregistrer ces prises en hélicoptère, en raison du bruit et de la neige qui aurait pu s'envoler et parasiter l'image. Le réalisateur précise : "Le drone a l’avantage d’être silencieux. Nous en avons pulvérisé un en filmant un de nos troupeaux de chevaux au galop. J’ai vu l’image de contrôle commencer à vriller et chuter en feuille morte. Catastrophé, je me précipite sur le lieu de l’impact. Les propriétaires chinois de l’appareil récupèrent la carte mémoire. Ils exultent parce que les images sont intactes. Ils vont à leur camion et sortent un second drone. Ils insistent pour que je fasse une autre prise le lendemain."
Les chevaux et les loups ne pouvant cohabiter, le dresseur Andrew Simpson a fait construire des couloirs délimités, pour que de part et d'autre, les chevaux et les loups s'entraînent plusieurs mois avant le début du tournage.
Le tournage du Dernier loup a accueilli une équipe technique et artistique absolument impressionnante, qui comprenait environ 650 personnes sur le tournage, dont seulement 9 Français.
Pour réaliser Le Dernier loup, Jean-Jacques Annaud a préféré travailler avec de véritables animaux, en utilisant très peu d'animation numérique, trouvant le résultat souvent trop lisse et irréaliste.