Porté par trois interprètes excellents (Alicia Vikander, Mads Mikkelsen et Mikkel Boe Følsgaard) et une histoire fascinante, celle d'un anti-Raspoutine au siècle des Lumières, ce film ne révolutionne hélas pas le cinéma. J'insiste bien sur le "hélas" parce qu'on sent qu'il était possible de s'affranchir de certains codes, de certaines ficelles, comme ces rares moments de réelle émotion lorsque Struensee console le roi.
On pourra en effet regretter qu'avec de tels acteur·trices et un thème révolutionnaire, la réalisation n'ose pas plus sortir des sentiers battus. Entendons-nous, les décors, les costumes, les reconstitutions historiques sont bien faites, la photo est très belle, la musique est bien intégrée à l'histoire, le scénario est amené de manière juste et les dialogues sont intéressants. Il manque hélas de folie (un comble pour l'histoire d'un roi considéré comme fou), de ruptures, de violence interne alors que le sujet politique est précisément la lutte contre un Ancien Régime oppressant.
Un film ultra-classique pour narrer le combat contre le classicisme, je trouve que c'est assez dommage. Ne prenons que la représentation de la nudité : on peut voir Alicia Vikander à poil mais pas Mads Mikkelsen. Pour un film réalisé en 2012, il y a de quoi s'interroger. Comme on peut se demander comment la reine peut autant être oubliée par le récit, dont Struensee devient le principal protagoniste, alors que c'est elle qui raconte et qu'elle y tient une part essentielle, sinon la première.
Si l'on fait néanmoins abstraction de cela, il faut reconnaître que ce film est assez réussi tant il est difficile de bien entremêler la romance et l'histoire politique et philosophique, exercice où de nombreux autres réalisateurs et scénaristes se sont ramassés. J'avoue avoir même versé ma petite larme à la fin.