Nominé à l'Oscar 2013 du meilleur film en langue étrangère et récompensé par le Golden Globes 2013 du meilleur film étranger, le drame historique danois Royal Affair nous plonge dans une romance impossible à la tête du royaume du Danemark et de la Norvège, adaptant au cinéma l'un des aspects les plus connus de l'histoire moderne des deux pays.
En 1770, le royaume du Danemark et de la Norvège est gouverné par le roi Christian VII, ou plutôt, ses ministres, car le souverain souffre d'une instabilité mentale et n'est pas en mesure d'exercer pleinement le pouvoir. Dans ce contexte, le médecin allemand Johann Struensee est recruté pour veiller sur lui, mais il ne tarde pas à tomber sous le charme de la reine Caroline-Mathilde délaissée par un époux immature et dérangé. Progressivement, Struensee atteint une place importante à la cour, jusqu'à gouverner à la place du roi pour mettre en place d'importantes réformes sociales. Accompagné par la reine dans le projet ambitieux d'un nouveau royaume nourri des idées des Lumières, le médecin et son amante sont toutefois contraints de cacher leur romance et d'affronter les réticences d'une noblesse hostile au changement.
En dépit d'une photographie magnifique, d'une intrigue captivante et de décors somptueux, cette adaptation danoise n'a pourtant pas atteint la notoriété qu'elle mérite et souffre d'une appréciation sous-estimée par les critiques. En effet, il est légitime de défendre cette réussite romanesque, originaire d'un pays discret et peu représenté dans le domaine du septième art. Portée par le réalisateur Nikolaj Arcel, dont il s'agit du plus grand succès, Royal Affair s'illustre par de sublimes costumes et des décors fidèles à la représentation de cette époque. Toutefois, il s'agit de préciser que le tournage n'a pas eu lieu à Copenhague, mais en République Tchèque, où les ruelles, maisons et châteaux de Prague et de ses alentours ont conservé l'aspect de l'époque où se déroule l'intrigue. Enfin, les plans de certaines scènes offrent un visuel remarquable et mettent en valeur la beauté des paysages et les tourments des personnages.
D'ailleurs, le casting du film, bien que ne comptant pas de grandes pointures internationales, à l'exception de Mads Mikkelsen (recruté pour son apparence mystérieuse aux yeux du réalisateur), offre tout de même une ou deux révélations. D'abord, l'interprète du roi Christian VII, Mikkel Boe Følsgaard, dont la prestation est consacrée de l'Ours d'argent du meilleur acteur lors de la Berlinale 2012. Ensuite, Alicia Vikander, dans la peau de la reine Caroline-Mathilde, rôle qui lui ouvre les portes du cinéma hollywoodien l'année suivante.