On oscille entre le plaisant et l'horripilant, car John Ford nous offre un film surprenant par son ton, mais dangereusement mal équilibré.
On est dans un drame social, mais Ford, décide de le traiter plus comme une comédie dérisoire, que comme une histoire sérieuse. Alors il nous place face à des personnages à la limite de la folie.
Pour certains, c'est en chantant des cantiques, le prêchi prêcha est bien présent, comme souvent à cette époque. Pour d'autres, c'est en beuglant, il n'y a pas d'autre mot, et klaxonnant à tout va, le personnage de William Tracy est juste exaspérant.
Ward Bond quant à lui, se lamente car sa jeune fiancé, qu'il a acheté ne lui obéit pas et se sauve constamment, il faut dire, qu'elle n'aurait que 13ans, et que sa sœur de 23 ans, fait figure de vieille fille...
On est donc surpris par le ton du film, presque comme une farce sociale, où les personnages frôlent tous la caricature, et pourtant, il y a quelques scènes, quelques plans, qui sont du Ford pur jus, où il arrive l'espace d'un instant à capter l'humanisme, à capter la compassion que nous pourrions avoir pour ces personnages.
Mais, il ne fait pas dans la dentelle et se moque des gens du sud, qu'il dépeint comme l'idiot, le fainéant, le couard, la délurée...car oui, il faut tout de même mentionner Gene Tierney, dans l'un de ses tous premiers rôles, quasi muet, où elle joue une souillon, aguicheuse et sévèrement jolie.
Le film ne sera pas encore un chef d'œuvre du réalisateur, mais mérite d'être découvert et regarder aujourd'hui avec un angle de curiosité cinématographique.