DE QUOI ÇA PARLE ?
Lors de vacances à la mer en solitaire, Leda est fascinée par une jeune mère et sa fille qu'elle observe sur la plage. Bouleversée par leur relation fusionnelle (ainsi que par leur grande famille bruyante et intimidante), Leda est submergée par la terreur, la confusion et l'intensité de ses souvenirs de maternité précoce. Un acte impulsif la replonge dans les méandres étranges et inquiétants de son esprit, l'obligeant à affronter les choix peu conventionnels qui ont été les siens en tant que jeune mère et leurs conséquences.
The Lost Daughter, écrit par Elena Ferrante, Maggie Gyllenhaal et réalisé par Maggie Gyllenhaal.
C’EST AVEC QUI ?
Pour sa première réalisation, Maggie Gyllenhaal convoque autour d’elle une distribution à couper le souffle. Elle offre à Olivia Colman, oscarisée pour La Favorite et applaudie pour sa performance dans The Crown, le premier rôle du film.
Face à elle, Dakota Johnson, révélée dans Cinquante nuances de Grey et épatante dans Suspiria de Luca Guadagnino, incarne une jeune mère débordée. Paul Mescal, découvert dans la mini-série Normal People, joue un employé saisonnier aux côtés de Ed Harris (The Truman Show, Abyss) et Peter Sarsgaard (Boys Don’t Cry, Dopesick), conjoint à la ville de la réalisatrice. Enfin, Jessie Buckley (Wild Rose, Judy) interprète la version jeune de Leda, le personnage d’Olivia Colman.
ÇA VAUT LE COUP D'OEIL ?
Actrice confirmée et à la carrière couronnée de plusieurs succès, Maggie Gyllenhaal se lance dans la réalisation. Une nouvelle aventure qui fait déjà des étincelles car, depuis sa première à la Mostra de Venise, en septembre 2021, où il a remporté le prix du meilleur scénario, son film est couvert d’éloges.
Avec The Lost Daughter, elle adapte le roman d’Elena Ferrante, Poupée volée, et s’attaque à un sujet difficile : le regret maternel. Dans bon nombre de cultures, la mère est une figure sacrée et la maternité l’est tout autant.
A travers le destin de Leda, personnage central de cette histoire, la réalisatrice va renverser ces idées préconçues et proposer un portrait de femme rare au cinéma. Une mère peut-elle regretter d’avoir des enfants ? A-t-elle le droit de ne pas se sentir à l’aise en leur présence ? Peut-elle les aimer, mais vouloir vivre sans eux malgré tout ? Tant de questions qui demeurent aujourd’hui taboues.
Yannis Drakoulidis/Netflix
Pour celles et ceux qui s’y reconnaîtront, The Lost Daughter peut être l’occasion d’apaiser un sentiment de culpabilité et de se retrouver enfin dans un point de vue honnête, raconté sans le moindre jugement. D’autres, au contraire, y verront sans doute un film aux thèmes provocants et difficiles à accepter.
Pourtant, Maggie Gyllenhaal s'y attèle avec une grande délicatesse. Elle remet au centre la femme et ses désirs, mais aussi toute la responsabilité qui pèse sur ses épaules. Une injonction dont se dédouane traditionnellement le père.
Cette adaptation est à la croisée des genres. Elle est à la fois un drame et un thriller psychologique, dont l’ambiance anxiogène s’installe à mesure que les personnages tissent des liens. Après une succession de mauvaises décisions, l’héroïne jouée par Olivia Colman se retrouve piégée par ses propres mensonges. Le spectateur assiste alors à une montée en tension que la réalisatrice sait faire perdurer.
Yannis Drakoulidis/Netflix
Comme à son habitude, Olivia Colman signe une interprétation millimétrée et nuancée. Toujours sur le fil, elle peut être aussi attachante qu’inquiétante. Jessie Buckley, qui joue le même personnage quelques années plus tôt, est tout aussi admirable. C’est également le cas de Dakota Johnson, magnétique, dont le jeu passe avant tout par les regards échangés avec Olivia Colman. Les scènes entre les deux actrices constituent les moments les plus intenses du film.
The Lost Daughter autorise ses personnages - et ses spectateurs - à être imparfaits. Maggie Gyllenhaal offre un premier long métrage sensible, humain et courageux sur ces mères qui vivent leur rôle sans épanouissement. De par son sujet, le film peut déranger, mais il a l’audace de mettre en lumière des histoires volontairement ignorées.
The Lost Daughter est disponible sur Netflix.
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 3 décembre 2021.
Montage : Clara Colin
Découvrez la bande-annonce du film :
