De quoi ça parle ?
Début des années 1960, dans le bidonville algérien de Nanterre. Malika a cinq ans. Sa mère vient de lui acheter une paire de sandales neuves. Des sandales si blanches que la fillette ne les quitte pas des yeux et ne voit pas le camion qui recule. C’est le début d’années d’hôpital, d’opérations à répétition, de souffrance et de lutte. Des années loin des siens durant lesquels la petite musulmane, aux mains de bonnes sœurs et d’infirmières catholiques, va, à la messe, découvrir la musique et le chant. Dès lors, affrontant le racisme d’une société française qui peine à se remettre de la Guerre d’Algérie, mais butant aussi contre les aprioris tenaces de sa propre communauté, Malika va suivre son rêve et déplacer des montagnes pour devenir celle que toutes et tous appelleront un jour " la Diva des banlieues ".
Lundi 25 janvier à 21h05 sur France 2
C’est avec qui ?
Réalisé par Christian Faure (Le Diable au cœur, La promesse de l’eau), également coauteur avec Mikaël Ollivier, Les Sandales Blanches est porté par Amel Bent, une chanteuse découverte dans la saison 2 de La Nouvelle Star, qui fait ici ses premiers pas en tant qu’actrice pour un rôle de taille. En plus de prêter ses traits à Malika, la chanteuse a également travaillé sa voix avec un coach, afin qu’elle soit similaire à celle de la mezzo-soprano. Côté seconds rôles, Naidra Ayadi (Polisse, Il a déjà tes yeux) incarne Fatima, la mère de la chanteuse, et Mhamed Arezki (Infidèle) joue son père Mohamed. Stéphane Rideau, Théo Frilet et Laurence Joseph viennent compléter le casting.
Ça vaut le coup d'œil ?
Adapté de l’autobiographie éponyme de Malika Bellaribi Le Moal, Les Sandales Blanches nous livre une chronique de la France multiculturelle en nous faisant voyager des années 70 à aujourd’hui. Après son accident et ses nombreuses hospitalisations à l’hôpital de Saint Vincent de Paul, celle qu’on appelle aujourd’hui “La Diva des banlieues” découvre le chant lyrique, mais aussi une volonté sans faille qui va l’aider à se reconstruire tout en s’émancipant des diktats de sa famille et des traditions.
Et c’est dans cette reconstruction, loin des traditions, que Les Sandales Blanches réussit à faire mouche. Nous y découvrons une jeune femme qui n’hésite pas à couper les ponts avec cette mère qu’elle aime tant, afin de ne pas vivre la même vie que sa soeur, malheureuse dans un mariage forcé. Elle se lance alors dans une recherche d’épanouissement qui l’éloigne parfois de ses proches, mais qui, à force de persévérance, lui permet de réaliser son rêve sur le tard.
Rémy Grandroques - FTV
Malgré ses qualités, Les Sandales Blanches souffre cependant d’un gros problème de temporalité. Les allées et venues entre les époques sont souvent difficiles à comprendre tant les acteurs n’ont pas l’air de vieillir. Amel Bent est ainsi censée incarner Malika de sa vingtaine à ses 60 ans. Or, la chanteuse ne semble pas prendre une ride au fil des périodes, et seuls ses cheveux et son style vestimentaire laissent entendre que les années ont passé. Idem pour la jeune Anaïs Taggueb, qui joue Malika enfant, censée avoir 5 ans au moment de l’accident…
Amel Bent, qui fait ses premiers pas à la télévision, après quelques apparitions dans Nos Chers Voisins et Scènes de Ménages, parvient tout de même à convaincre dans la peau de ce personnage touchant qui doit faire face aux difficultés de la vie et à des traditions dans lesquelles elle ne se reconnaît plus. En abordant les thèmes de la condition des femmes, le racisme et la réussite à travers la musique, la chanteuse a pu s’identifier au parcours de Malika, qui n’est pas si éloigné du sien. “Il y a tellement de choses dans lesquelles je me reconnais en tant que maghrébine, en tant que banlieusarde, mais aussi en tant qu’artiste, que femme, épouse et mère, que je me dis que ce film peut plaire au plus grand nombre” a-t-elle ainsi déclaré à nos confrères de 20 Minutes. Et c’est sûrement cette proximité avec le personnage qui fait la force des Sandales Blanches.
