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    Takashi Miike : les 10 essentiels du prolifique réalisateur japonais
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Alors qu’il fête aujourd’hui son soixantième anniversaire, focus sur les 10 films les plus incontournables du cinéaste japonais Takashi Miike, rendu célèbre tant par sa boulimie de travail que pour le caractère transgressif de son oeuvre.

    D.R.

    Dead or Alive, la trilogie

    Passée la scène d’ouverture qui pourrait résumer à elle seule l’essence du cinéma fou furieux de Takashi MiikeDead or Alive prend les traits d’une sorte de Heat à la japonaise. Réunissant devant sa caméra les deux stars du cinéma bis nippon de l’époque Riki Takeuchi et Shô Aikawa, le réalisateur bénéficie des coudées franches pour donner à son récit en apparence classique un vent de folie ; symbole de ce nihilisme cinématographique, la scène finale qui brise tous les codes du polar en dotant ses protagonistes de pouvoirs (!), et dont l’affrontement provoque la destruction de la planète ! Si le second volet joue davantage la carte de la mélancolie, le troisième qui tient lieu de conclusion à la trilogie est un véritable morceau de bravoure, une folie furieuse sur pellicule dans laquelle le cinéaste – qui réalisait cette même année cinq autres longs métrages, ainsi qu’un téléfilm - puise dans toute son énergie créative et sans limite.

    Rendue culte pour son originalité, la trilogie Dead or Alive procure également un sentiment de nostalgie chez les cinéphiles, celle d’une époque malheureusement révolue où le marché du DVD permettait de faire connaître des artistes aussi atypiques qu’extravagants que Takashi Miike dont la plupart des films n’atteignent désormais plus nos frontières...

    La mythique scène finale de Dead or Alive :

    Dead or Alive
    Dead or Alive
    De Takashi Miike
    Avec Riki Takeuchi, Sho Aikawa, Renji Ishibashi
    Sortie le 14 janvier 2004
    Voir sur Mubi

    Ichi the Killer

    A sa projection au Festival de Toronto en 2001, des sacs à vomis furent distribués aux courageux journalistes qui s’apprêtaient à découvrir Ichi the Killer. Une mise en bouche théâtrale certes, mais également nécessaire pour préparer les spectateurs aux innombrables gerbes de sang, tripes et autres boyaux qui les attendraient dans le long métrage désormais considéré comme l’un des plus gores de tous les temps. Bien plus qu’un simple film violent, Ichi the Killer est avant tout la fidèle adaptation du manga éponyme signé Hideo Yamamato, qui explore les pulsions sadiques et masochistes d’un yakuza et d’un jeune adolescent chétif sujet à des crises qui le transforment en véritable machine à tuer. Plongée homoérotique du moi et du surmoi de ses personnages, le long métrage de Takashi Miike repousse les limites de la violence graphique en enchaînant les scènes de tortures, comme par exemple celle qui voit un yakuza être suspendu au plafond par la peau du dos pour être interrogé par l’un de ses rivals.

    S’il paraît comme évident qu’Ichi the Killer n’est clairement pas un film tout public, il aura toutefois grandement contribué à faire de Takashi Miike l’un des cinéastes les plus atypiquesdes années 2000.

    Ichi the killer
    Ichi the killer
    2h 09min
    De Takashi Miike
    Avec Tadanobu Asano, Nao Ohmori, Shinya Tsukamoto
    Spectateurs
    3,2

    Visitor Q

    Cinéaste de l’extrême, Takashi Miike est également un partisan de l'expérimentation cinématographique, en témoigne sa capacité à enchaîner à un rythme effréné les tournages, les genres mais également les procédés de réalisation. Si sa filmographie regorge de films plus ou moins réussis, sa boulimie de travail lui aura par ailleurs permis de tourner quelques OVNIS qui auront réussi à détonner dans une filmographie  pourtant remplie de nombreux films atypiques. A ce titre, Visitor Q – réalisé en 2001, la même année qu’Ichi the Killer – fait ainsi figure d'incontournable pour appréhender le cinéma de Takashi Miike. 

    Commande commerciale autour du thème de "l’amour", Visitor Q est une sorte de documenteur, un film tourné caméra au poing en à peine cinq jours qui transgresse tous les tabous de la société : viol, inceste, nécrophilie… Du fait de sa réalisation épurée (de nombreux plans séquences) et son esthétique cradingue, Visitor Q est un film dérangeant, au point d’avoir été interdit aux moins de 18 ans dans de nombreux pays, notamment au Japon.

    Visitor Q
    Visitor Q
    Sortie : 23 octobre 2002 | 1h 24min
    De Takashi Miike
    Avec Ken'ichi Endô, Shungiku Uchida, Kazushi Watanabe
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    2,8

    Audition

    Alors que le cinéma horrifique japonaise connaissait au tout début des année 2000 une vague de popularité sans précédent dans le monde grâce à ses films de fantômes (Dark Waters, Ring, The Grudge…), un autre long métrage d'un tout autre genre a lui aussi marqué les esprits cinéphiles : Audition. Tourné en 1999 durant la période la plus prolifique dans la carrière de Takashi Miike (cinq longs métrages annuels en moyenne), Audition est adapté d’un roman de Ryū Murakami, célèbre auteur japonais dont l’oeuvre dépeint le portait désabusé et pessimiste d’une jeunesse en perdition. Toute l’originalité du film repose sur le fait d’avoir inversé les codes traditionnels du genre horrifique : ici, la jeune femme n’est pas la proie d’un maniaque, mais bien la tueuse sanguinaire adepte de la torture (son arme de prédilection : une corde bien aiguisée…).

    Premier succès à l’international de Takashi Miike, Audition lui aura en outre permis de décrocher le prestigieux rang de maître de l’horreur.

    Audition
    Audition
    Sortie : 6 mars 2002 | 1h 55min
    De Takashi Miike
    Avec Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Tetsu Sawaki
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    3,1

    Hara-Kiri, mort d’un samouraï

    S’il s’est fait un nom pour ses expérimentations et ses films anticonformistes, Takashi Miike n’a pourtant pas hésité à s’essayer à une forme de cinéma plus classique au cours de sa prolifique carrière. Avec Hara-Kiri (2011), le challenge du cinéaste était ainsi double : revisiter l’un des plus grands films du cinéma japonais, tout en s’essayant au chanbara, genre incontournable dans l’industrie nipppone au même titre que le western l'a été à Hollywood. Tourné dans la foulée de 13 Assassins, autre remake (toutefois plus nerveux) d’un classique, Hara Kiri : mort d’un samouraï permit à la star du théâtre kabuki Ichikawa Ebizō XI d’y trouver l’un de ses premiers rôles au cinéma, mais également d’associer Takashi Miike à une véritable légende du cinéma japonais : le compositeur Ryuichi Sakamoto.

    Oeuvre d’un cinéaste quelque peu assagi (il ne tourne désormais plus "que" deux à trois films par an), Hara-Kiri marque également la capacité de Takashi Miike à s’illustrer dans un registre plus classique, non sans délaisser totalement l'expérimentation puisque le film fut par ailleurs le tout premier long métrage 3D à être présenté en Compétition au Festival de Cannes !

    Hara-Kiri : mort d'un samourai
    Hara-Kiri : mort d'un samourai
    Sortie : 30 novembre 2011 | 2h 05min
    De Takashi Miike
    Avec Ebizô Ichikawa, Eita, Koji Yakusho
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,5
    Voir sur Universciné

    Crows Zero, et sa suite

    De prime abord, le lien entre Takashi Miike et l’univers des mangas ne paraît pas évident, et pourtant le cinéaste figure parmi les réalisateurs ayant le plus adapté de bandes-dessinées japonaises au cinéma ! Parmi son tableau de chasse, citons par exemple les films Blade of the Immortal (L’Habitant de l’infini), Jojo’s Bizarre Adventure ou encore Crows Zero, diptyque tiré des mangas Crows et Worst de Hiroshi Takahashi ; dans cette histoire de guerre des gangs dans un lycée mal-famé, le sens inouï de l’action du cinéaste est transfiguré par la succession de batailles rangées où tous les coups sont permis pour prendre l’ascendant sur son adversaire.

    Irrévérencieux sans pour autant tomber dans la surenchère de violence graphique, Crows Zero et sa suite ont rencontré un succès international, notamment en France où les deux films ont bénéficié d’une importante campagne de promotion pour leur sortie simultanée en direct-to-DVD.

    Crows Zero
    Crows Zero
    Sortie : 5 août 2009 | 2h 10min
    De Takashi Miike
    Avec Shun Oguri, Kyôsuke Yabe, Takayuki Yamada
    Spectateurs
    3,6

    La maison des sévices

    Au début des années 2000, un ambitieux projet télévisé réunissait des maîtres du cinéma d’épouvante d’hier et d’aujourd’hui dans le cadre des Maîtres de l'Horreur, une série anthologique offrant aux réalisateurs une liberté totale sur le contenu proposé, sans la moindre censure. Alors que des légendes comme John Landis, Joe Dante et John Carpenter se sont volontiers prêtés à l’exercice pour des résultats mitigés, un cinéaste poussa plus loin que les autres les limites du supportable au point que son épisode ne fut jamais diffusé à la télévision aux Etats-Unis : il s’agit bien évidemment de Takashi Miike. 

    Avec son segment sobrement intitulé La Maison des Sévices, le cinéaste signe en effet l’une de ses réalisations les plus extrêmes, tant pour la violence graphique de ses scènes de tortures que pour le climat malsain qui se dégage tout au long du récit. Inédit à la télévision américaine, l’épisode fut néanmoins proposé en DVD dans une version intégrale très vite saluée comme l’une des histoires les plus réussis de la série anthologique arrêtée au terme de sa seconde saison par la chaîne Showtime (une troisième saison épurée fut diffusée en 2008 sous le titre Fear itself par NBC).

    La Maison des Sévices
    La Maison des Sévices
    1h 03min
    De Takashi Miike
    Avec Youki Kudoh, Michié, Toshie Negishi
    Spectateurs
    3,2

    Sukiyaki Western Django

    Reconnu mondialement grâce à ses films, mais également grâce à son apparition dans le long métrage Hostel d’Eli Roth, Takashi Miike aborde en 2007 un nouveau tournant dans sa carrière avec Sukiyaki Western Django ; sorte de détournement du western spaghetti, lui-même pastiche du western américain, ce film tourné en anglais et en japonais renforce les liens étroits qui unissent le genre avec celui du chanbara, deux esthétiques complémentaires s’étant souvent croisés par le passé au travers notammentdes films de Sergio Leone, et plus particulièrement son Pour une poignée de dollars, remake clandestin du Garde du corps d’Akira Kurosawa, classique intemporel du chanbara.

    Avant de devenir lui-même un réalisateur accompli de westerns (Django Unchained et Les Huit salopards), c’est devant la caméra de son homologue nippon qu’apparaît Quentin Tarantino dans le rôle cabotin et loufoque de narrateur du film, un clin d’oeil qui traduit l’admiration de Miike pour le travail de son confrère américain, un sentiment par ailleurs réciproque puisque QT a plusieurs fois rangé le cinéaste japonais parmi les plus doués de sa génération. Producteur exécutif du projet, Tarantino aurait d’ailleurs eu l’idée de son film Django Unchained lors du tournage de Sukiyaki Western Django, les deux films ayant en commun de revisiter le célèbre western Django de Sergio Corbucci.

    Quentin Tarantino dans Sukiyaki Western Django :

    Sukiyaki Western Django
    Sukiyaki Western Django
    Sortie : 11 septembre 2019 | 2h 01min
    De Takashi Miike
    Avec Hideaki Ito, Masanobu Ando, Kôichi Satô
    Spectateurs
    2,7
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    Bird People in China

    Souvent résumé au simple rang de cinéaste de l’extrême, Takashi Miike est pourtant un touche-à-tout iconoclaste, aimant s’essayant à toutes les formes de narration. A plusieurs occasions, le prolifique réalisateur s’est essayé au registre dramatique, comme notamment avec Bird People in China, fresque mélancolique aux allures de road movie dans la campagne chinoise. Touchant, émouvant et poétique, le film tranche avec les œuvres les plus emblématiques de Miike, prouvant non seulement qu’il s’agit bien là d’un véritable cinéaste caméléon, capable de s’adapter à n'importe quel genre cinématographique, allant constamment là où il n’est pas attendu, en l’occurrence dans le registre contemplatif et humaniste.

    Les cinéphiles les plus connaisseurs reconnaîtront peut-être au générique de Bird People in China le jeune acteur Masahiro Motoki (Departures, Oscar du meilleur film étranger en 2009) ou encore Mako, acteur americo-japonais connu pour sa participation à de nombreux films hollywoodiens, tels Conan le barbare, Sept ans au Tibet ou encore Pearl Harbor.

    Bird people in China
    Bird people in China
    1h 58min
    De Takashi Miike
    Avec Masahiro Motoki, Renji Ishibashi, Mako
    Spectateurs
    3,4

    IZO

    Ils incarnent à eux deux toute la quintessence du cinéma japonais des années 90/2000, mais leur route ne s'est pourtant croisée qu'à une seule reprise. S'il ne s'agit pas d'un film emblématique dans sa filmographie, IZO aura toutefois permis à Takashi Miike d'y diriger son confrère, le non-moins célèbre Takeshi Kitano, dans cette intrigue inspirée par l'histoire de l'authentique samouraï Okada Izô, mort en martyr dans le Japon du XIXème siècle. Oeuvre mineure en terme de notoriété, IZO demeure néanmoins une réussite incontestable dans la carrière de Miike, notamment pour son envoûtante bande-originale et des compositions du chanteur d'acid-folk Kazuki Tomokawa, pour la plupart empruntées à son riche répertoire musical.

    Izo
    Izo
    2h 08min
    De Takashi Miike
    Avec Kazuya Nakayama, Takeshi Kitano, Kaori Momoi
    Spectateurs
    2,9
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