Passez par la case prison sur Netflix pour binge-watcher Orange is The New Black !
Parce que ses héroïnes sont...
Plurielles
Jamais dans l'Histoire de la télévision une série n'avait à ce point reposé sur un casting quasi-intégralement féminin : elles étaient environ 22 actrices dans des rôles principaux au cours de la saison 2 ! Mais les femmes se bousculent aussi en coulisses : Orange is the New Black est un des rares shows à employer autant de femmes scénaristes et de réalisatrices (dont Jodie Foster), menées par la créatrice, productrice et showrunner Jenji Kohan.
Des canons de diversité
Si Piper (Taylor Schilling), celle qui nous fait entrer au sein de cette prison pour femmes, est blanche et aisée, elle fait figure de minorité : entre les murs de Litchfield, les détenues sont majoritairement noires, latinas, asiatiques, issues de différentes vagues d'immigration et viennent de milieux populaires, voire pauvres. Elles ne sont pas forcément belles, ni coquettes, elles sont de tous les âges, de toutes les confessions. Elles représentent l'Amérique dans toute sa diversité, l'Amérique que la télévision avait tendance, pendant longtemps, à ne pas montrer, comme s'il fallait les cacher. Elles peuvent enfin exister et prendre la parole, se raconter, loin des clichés, pour atteindre une vérité, sans jamais s'excuser.
Uniques en leur(s) genre(s)
Dans Orange is the New Black, toutes le sexualités se mélangent, se confondent. La théorie du genre vole en éclats. Les personnages profondément lesbiens croisent ceux qui le deviennent, momentanément ou durablement, du fait de l'enfermement et des circonstances, par choix ou par obligation, pour des histoires de cul ou d'amour. Les hétérosexuels, les bisexuels, ceux qui n'ont pas (encore) ou plus de sexualité, ont le droit de citer, et l'un des premiers personnages transsexuels de la télé y est né : Sophia, incarnée par Laverne Cox, devenue une star, avec les honneurs de la Une du Time.
Imprévisibles et tordantes
Alors que les punchlines fusent dans les couloirs de la prison et nous offrent de grands moments de rire et de détente malgré l'environnement sombre et oppressant, les alliances étonnantes qui se créent, les incessants jeux de pouvoirs, les retournements de vestes, les coups de colère et les coups de sang, les évolutions de certains personnages, à commencer par celle de Piper à la Walter White, rendent les personnages et donc les épisodes très imprévisibles. On ne sait jamais vraiment où les auteurs vont aller et ce sentiment, peu de séries parviennent encore à nous le procurer, surtout quand on en regarde déjà des tas d'autres depuis des années.
Offrir un autre point de vue, c'est révolutionnaire
Parce qu'elle ne s'interdit RIEN ...
Orange is the New Black se différencie par son format, grâce à sa diffusion sur Netflix où les contraintes publicitaires n'existent pas et où il n'y a pas de grille horaire à respecter. C'est toute l'écriture qui s'en ressent : les épisodes ont une durée variable, entre 45 minutes et un peu plus d'une heure, selon les besoins des scénaristes; les rebondissements n'interviennent pas de manière mécanique mais au moment jugé opportun; les digressions sont légion et font aussi le sel de la série. Le téléspectateur ne binge-watch pas parce qu'on lui force un peu la main en redoublant d'efficacité et en abusant de cliffhangers mais de manière plus organique : parce que les personnages nous sont précieux, nous fascinent et que leur destin nous importe terriblement.
La structure en flashbacks façon Lost est la seule véritable récurrence scénaristique mais, paradoxalement, elle aussi résulte en une plus grande liberté puisque le personnage auquel l'épisode est dédié nous introduit systématiquement à un nouvel univers, le contexte de sa vie avant la prison, et raconte en fligrane comment la societé telle est qu'elle est faite l'a entraîné dans cette spirale infernale jusqu'à la prison. L'intérêt est ainsi sans cesse renouvelé et les possibilités d'histoires à raconter sont infinies. Ne dit-on pas que la liberté naît dans la contrainte ?
... et s'autorise TOUT !
Grâce à son ton totalement décomplexé, sans concession, déjà testé par la créatrice sur Weeds mais avec une réussite toutefois plus modérée, OITNB (pour les intimes) ne s'embarrasse d'aucune auto-censure. Ses scènes de sexe et de nudité ne cherchent jamais à être glamour-Hollywoodienne. Elles sont crues, elles sont vraies. Le langage des personnages n'est pas châtié. Il est tel qu'il est, tel qu'il doit être. Et les sujets abordés, parfois polémiques, graves, tabous, sont traités sans détour, avec la profondeur qu'ils méritent. Si bien que rien n'est impossible dans Orange is the New Black, tout peut arriver. Il n'existe pas de ligne à ne pas franchir, il n'y a que des barrières à renverser.
Au fond, Orange is the New Black, comme ses héroïnes, a choisi de ne pas choisir : elle est un drame, elle est une comédie alors on la qualifie de "dramédie"; elle ne rentre dans aucune catégorie, dans aucun genre, elle est la liberté incarnée. Et pour tout ça, elle est bel et bien la série la moins conventionnelle du moment et elle fait partie de celles qui contribuent à l'évolution de la télévision, dont on se souviendra longtemps.