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    Orange is The New Black : le générique décrypté

    Tous les fans d’Orange is The New Black le connaissent, mais savez-vous tout sur ce générique si particulier ? Décryptage !

    Netflix

    Ahhh, les génériques de séries... On a tous nos préférés, nos bêtes noires, ceux qu'on prend plaisir à revoir encore et encore, ceux qu'on zappe sans pitié. Il faut dire qu'entre les génériques classiques, les plus esthétiques, ceux qui se contentent d'utiliser des images de la série, ceux qui n'utilisent que des éléments visuels très marqués, ceux qui mettent en scène leurs acteurs, ceux qui utilisent une musique du tonnerre ou ceux qui vieillissent mal, il y a de quoi de faire ! A cet égard, le générique d’Orange is The New Black est un mélange de ce qui se fait de mieux en la matière tout en étant très différent de tout ce qu’on a déjà pu voir auparavant…

    Orange is the New Black, ça veut dire quoi ?

    Mais, pour mieux saisir le sens du générique, il faut d'abord comprendre le titre de la série ! Créée par Jenji Kohan, Orange is the New Black s'inspire des mémoires de Piper Kerman, qui a elle-même passé un an en prison pour blanchiment d'argent et trafic de drogue. C'est de ses mémoires que vient le titre de la série. Un titre, un brin cryptique qui a un sens et en donne à la série.

    Dans le langage de la mode, "The New Black" (le Nouveau Noir), c'est en gros le "nouveau truc à avoir", celui qui va remplacer, un temps seulement, l'irremplaçable et indémodable noir. Aux Etats-Unis, l'expression est ainsi utilisée pour désigner quelque chose qui est devenu populaire. Et comme l'orange est généralement la couleur portée en prison par les détenus (dans la série, ce sont les nouvelles détenues qui le portent), on comprend facilement le titre. En prison, le orange, c'est le nouveau noir, non parce que tout le monde veut le porter (ou que la prison soit branchée) mais parce que c'est la couleur que tout le monde DOIT porter sans se poser de question.

    Mais, il y a également un jeu sur le contraste à comprendre dans ce titre. Piper, qui est issue d'un milieu aisé et influent, était certainement de ceux qui utilisaient facilement l'expression " - Is the New Black" dans une conversation. Mais, en prison, non seulement les courants de mode ne traversent pas les murs mais il en va de même pour tout le reste, pour tout ce qui est "populaire" ou "dans le vent". Une fois incarcérée, Piper va voir ses priorités, centres d'intérêts et conversations totalement changer. Le titre Orange is The New Black établit donc un contraste entre la jolie blonde Piper et les autres détenues mais également une rupture entre la Piper d'autrefois et celle qu'elle est aujourd'hui, celle qui survit.

    Par les designers des génériques d'Homeland et The Affair

    Si le titre de la série suggère le contraste, le générique va encore plus loin. Pour le réaliser, Jenji Kohan a fait appel à la société de design, Thomas Cob Group, qui avait déjà imaginé le générique de sa série Weeds mais à qui l’on doit également les très beaux génériques d'HomelandThe Affair ou encore Friday Night Lights. Jenji Kohan voulait qu'avant même que les téléspectateurs ne découvrent l'univers de sa série, ils soient face à quelque chose de différent et qui interpelle.

    The animals, the animals. Trap trap trap till the cage is full"

    Au départ, l’équipe de Thomas Cobb voulait offrir le point de vue de Piper, avec un générique qui aurait créé le contraste entre l'ancienne vie très privilégiée de Piper et sa nouvelle et dure réalité derrière les barreaux. Mais étant donné qu'Orange is The New Black ne raconte pas uniquement la vie de Piper et s'attache aux destins de multiples détenues, Jenji Kohan voulait que cet aspect soit présent dès le générique, en montrant un visage choral mais aussi en donnant la part belle à l'individu.

    Netflix

    Ce sont de vraies détenues qui apparaissent dans le générique

    Thomas Cobb Group est donc parti sur une toute autre idée et a réalisé des gros plans d'une multitude de regards et de bouches, entrecoupés d’éléments représentant l’univers carcéral, comme les menottes, les empreintes, les cabines téléphoniques ou les barbelés. A la fin, des traits apparaissent dans le ciel bleu, figurant des barreaux de prison (on entend alors bien le son d'une porte de prison qui se referme) et formant à la fin le titre de la série...

    En donnant la part belle à plusieurs visages féminins, le but était de créer une intimité mais aussi de donner une impression d'authenticité puisque, contrairement à ce qu'on pouvait croire au début, aucun de ses visages n'appartient aux actrices de la série.

    Remember all their faces"

    Ces bouches et ces yeux appartiennent tous à des anonymes, plus précisément à des anciennes détenues (on voit d'ailleurs apparaître à 1 minute 02 le visage de la véritable Piper Kerman, qui cligne des yeux). Neuf d’entre elles ont été photographiées à New York par le réalisateur Michael Trim. Et à Los Angeles, Thomas Cobb en a photographié 52, qu'il est parvenu à trouver grâce à Homeboy Industries, une organisation qui aide les anciennes détenues ou ex-membres de gangs à se réinsérer.

    Remember all their voices"Avec ce montage rythmé et exposant de nombreux visages coupés, la lumière est amenée, comme c'est rarement le cas dans un générique, vers des inconnues et des femmes qui ne correspondent pas au canon de beauté de la télévision. On ne voit aucun des visages dans son intégralité mais chacun expriment une émotion et une histoire. On décèle des âges, des origines, des personnalités et un passé grâce à des tatouages, des rides d’expression ou de vieillesse, des peaux imparfaites, des piercings des visages blancs ou noirs, des boutons, des taches de soleil, du maquillage, des marques de vie…
    Netflix / Montage Allociné

    Comment ?

    Ces visages, tristes ou joyeux, racontent donc tous une histoire et mis, bout à bout, des histoires fascinantes, poussant encore plus l'idée que la série que l'on va voir sera multiple mais accordera aussi de la place à toutes les individualités, à toutes les femmes.

    Pour créer ces émotions visibles à l’écran, Thomas Cobb a demandé à ces femmes de visualiser trois émotions diverses dans leur tête, comme il l'a raconté à Co.design. Elles devaient penser à un endroit paisible, à quelqu’un qui les fait rire et à quelque chose qu'elles aimeraient oublier, afin d’avoir autant d’apaisement sur les visages que de colère, d’émotion ou de sourires. Quant à la technique utilisée, elle a consisté, au sein d'un montage très rythmé, à alterner photographies et images mobiles, cette dernière technique s'inspirant de Blade Runner, l’un des films préférés de Thomas. Dans une scène, une photographie et ses ombres portées donnent effectivement l'impression de s'animer l'espace d'un instant... 

    Elles ont le temps... en musique !

    Bien évidemment, le générique d'Orange is The New Black ne serait pas complet sans son thème musical. La chanson "You’ve Got Time" a été spécialement écrite pour la série par la chanteuse et parolière russe, Regina Spektor. Pour refléter ces visages mis bout à bout sans essoufflement, la chanson - nommée d'ailleurs aux Grammy Awards 2014 catégorie chanson écrite pour un média visuel - est aussi rythmée que mélodique. Quant aux paroles, elles reflètent parfaitement la position de Piper dans la prison mais aussi les mauvaises conditions d'incarcération ("Les animaux, les animaux. Entassés, entassés, entassés jusqu'à ce que la cage soit pleine"). Le titre et le refrain, "You've Got Time", est aussi le double reflet de ce qui anime toutes les détenues. Elles ont un temps / une peine à purger. Mais, elles ont aussi du temps pour penser, pour y penser.

    Pourquoi il ne faut pas rater la série, selon les actrices...

     

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