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    Bernadette Lafont : une carrière longue, variée et faite de rôles forts

    De François Truffaut à "Paulette", en passant par Claude Chabrol, Jean Eustache, Claude Miller, Charlotte Gainsbourg ou Max Pécas, retour sur la carrière de Bernadette Lafont, décédée ce jeudi 25 juillet à l'âge de 74 ans.

    Victime d'un malaise en début de semaine, la comédienne Bernadette Lafont, dite "la fiancée de la Nouvelle Vague" est décédée ce jeudi 25 juillet à Nîmes, sa ville natale, au terme d'une carrière longue de 56 ans. Après avoir assisté, émerveillée, au tournage des Salauds vont en enfer, c'est à l'âge de 17 ans qu'elle fait ses premiers pas devant la caméra d'un certain François Truffaut, pour les besoins du court métrage Les Mistons (1957). Un essai qu'elle ne met pas longtemps à transformer, grâce à Claude Chabrol, qui la dirige dans Le Beau Serge (1958), la première de leurs huit collaborations.

    Devenue l'égérie de la Nouvelle Vague, cette brune sensuelle retrouve en effet le metteur en scène sur A double tour, Les Godelureaux et surtout Les Bonnes femmes, qui fera scandale en 1960. Très active pendant la décennie, Bernadette Lafont alterne les genres et tourne notamment pour Costa-Gavras (Compartiment tueurs), Louis Malle (Le Voleur) ou Philippe Garrel (Le Révélateur), mais ces oeuvres ne rencontrent pas le succès escompté. Il ne lui faut toutefois pas longtemps pour se remettre en selle, grâce à La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan, qui lui vaut d'incarner le vent de liberté qui souffle sur la France à l'époque.

    Spécialisée dans les rôles de femmes fortes, Bernadette Lafont confirme l'étendue de son répertoire pendant les années 70. Une décennie où le public la voit aussi bien chez dans des gaudrioles telles qu'Arrête de ramer, t'attaques la falaise ! ou chez Pierre Tchernia (La Gueule de l'autre), que dans Violette Nozière de Claude Chabrol, ou La Maman et la Putain de Jean Eustache, l'une des sensations du Festival de Cannes 1973, où il obtient le Grand Prix du Jury.

    Moins en vue pendant la première moitié des années 80, la comédienne se rattrape au cours de la seconde : séduit par son anticonformisme, Jean-Pierre Mocky la dirige dans Les Saisons du plaisir (1986), tandis que Claude Chabrol refait appel à elle pour Inspecteur Lavardin et que Claude Miller lui offre l'un des rôles le plus marquants, celui de la nounou de Charlotte Gainsbourg dans L'Effrontée. Récompensée par le César du Meilleur Second Rôle Féminin, elle navigue entre petit et grand écran au cours des années 90, mais ses prestations mémorables se font plus rare, à l'exception de Personne ne m'aime (1993), Généalogies d'un crime de Raoul Ruiz (1996) ou Rien sur Robert (1998).

    Avec les années 2000, c'est une seconde jeunesse qui s'offre à Bernadette Lafont : aux côtés de Philippe Noiret dans Ripoux 3 (2003), elle retrouve ensuite Charlotte Gainsbourg, pour cette fois-ci jouer sa belle-mère dans la comédie Prête-moi ta main. Gros succès en salles, le film lui vaut une seconde nomination aux César, l'année où sort Les Petites Vacances, long métrage cher à son coeur dont elle regrette la mauvaise distribution en salles. Bouleversante chez Zoe Cassavetes (Broken English), elle donne ensuite la réplique à Lucien Jean-Baptiste dans La Première étoile et de la voix pour Une vie de chat (2010).

    Membre de la famille folldingue de Julie Delpy dans Le Skylab (2011), Bernadette Lafont débute l'année 2013... en dealeuse de cannabis ! Réalisé par Jérôme Enrico, Paulette lui offre un nouveau rôle fort, alternant humour et émotion, ainsi qu'un joli succès en salles, le dernier de sa carrière. Décédée ce jeudi 25 juillet, après avoir notamment joué sur les planches, dans l'opérette "Ciboulette", la fiancée de la Nouvelle Vague fera ses adieux aux cinéphiles le 6 novembre prochain, grâce à Attila Marcel de Sylvain Chomet.

    Maximilien Pierrette

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