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    "Alice Nevers" : la juge témoigne

    Marine Delterme, héroïne d'"Alice Nevers, le juge est une femme", revient pour AlloCiné Séries sur les grandes nouveautés de la saison...

    AlloCiné Séries : La première grande nouveauté d'"Alice Nevers", son format. De 90 minutes, la série passe à 52 minutes. Qu'est ce que ce changement induit ?

    Marine Delterme : Moi je préfère mille fois. D'abord la narration est différente, on a plus de rebondissements et moins de fausse-pistes. En 90 minutes, la narration s'éparpillait davantage. Là, c'est plus elliptique, plus rapide. On rentre tout de suite dans le coeur des scènes, c'est beaucoup plus incisif. Je préfère, car même à jouer, il faut plus d'énergie.

    Ce changement de rythme permet au personnage d'évoluer ?

    Oui le personnage évolue. Peut-être à cause du nouveau format mais aussi à cause de l'air du temps. Elle est moins parfaite, plus proche de la réalité. Elle peut mentir aux gens, les manipuler en donnant de fausses infos. C'est aussi quelque chose de nouveau dans la narration. Bizarrement, le nouveau format a induit des changements par rapport au personnage d'Alice. Comme on n'a plus toutes ces fausses pistes, il faut fonctionner autrement.. Il y a moins de personnages et le suspense réside maintenant plus dans la façon dont on peut les manipuler pour les faire craquer.

    Ce changement de format rend particulièrement compte de l'influence des séries américaines ?

    C'est une révolution. C'est une révolution parce qu'étonnamment, ca vient des ménagères. Elles ont regardé en masses ces séries américaines, des séries dures, violentes, incisives... Ce n'est plus seulement un public de jeunes initiés qui suivent ces séries, c'est le grand public. Les séries US ont changé la vision et la façon de regarder des films. D'autant plus qu'aux USA, il y a une forme de puritanisme, de censure même, qui stimule la créativité et tout un panel de séries ont émergées, avec une critique très forte de la société. En France, on a peut-être moins de barrières mais on est en tout cas plus lent. Du coup, on a quand même été rattrapé par ce ton. Le public s'y est habitué et cela nous à quelque part forcé à certains réajustements

    Alice Nevers fait maintenant équipe avec Fred Marquand, alias Jean-Michel Tinivelli. Pouvez-vous nous décrire la relation qu'entretiennent ces deux personnages ?

    Avec Arnaud Binard (le lieutenant Romance), il y avait un peu un rapport de maîtresse à élève dans le sens ou c'est Alice qui donnait les ordres. Romance était aussi peut-être un petit peu amoureux d'Alice. Il y avait donc un rapport de séduction. Là, avec Jean-Michel Tinivelli, qui est plus âgé que moi, qui a plus d'expérience, on a un rapport complètement différent. Il s'oppose plus et avec plus de fermeté, autant dans sa façon d'être que de penser, mais sans enlever la possibilité de la séduction. Auprès de Marquand, je crois qu'Alice gagne en maturité. D'ailleurs, pendant le tournage, René Manzor, le réalisateur, me disait "c'est comme si c'était quatre ans plus tard". On a donc une Alice Nevers plus mature, plus professionnelle.

    On évoquait le côté politique des séries US. Dans "Alice Nevers", les nouveaux épisodes se déroulent dans un contexte très social : liquidation judiciaire ("Liquidation totale"), la pression dans les grandes écoles ("Cas d'école")...

    Et ca va continuer. Dans les prochains épisodes, il sera notamment question d'homo-parentalité. La productrice, Pascale Breugnot, à toujours voulu dans ces intrigues une toile de fond sérieuse et documentée. Elle est toujours dans l'air du temps. Ce ne sont pas seulement des crimes passionnels etc. Derrière les histoires, il y a quelque chose. D'ailleurs, avec l'affaire d'Outreau, mon personnage a été quelque peu obligé d'évoluer. Alice est une héroïne moins positive, qui a des failles, qui doute etc. Encore plus avec les dernières présidentielles, où les candidats ont puisé de la force dans leurs faiblesses, on ne peut plus aujourd'hui, en 2007, avoir une héroïne parfaite et positive.

    Autre changement notable avec René Manzor à la réalisation. Qu'a t'il apporté de nouveau à la série ?

    Enormément. Il est passionné et il s'est investit autant que dans un long-métrage. Il a profité du passage à 52 minutes pour tout changer : la manière de filmer, la musique... Il a fait un vrai travail de modernisation de la série, avec une ligne esthétique précise qui sera suivie par les réalisateurs qui lui succèderont. On peut maintenant reconnaître la série rien qu'à l'image et au son. Avant René Manzor, il y avait peu d'unité entre les épisodes. Les metteurs en scène s'adaptaient et, par exemple, on avait une lumière différente selon les sujets. Dorénavant, les codes esthétiques de la série sont plus précisément définis.

    Vous avez aussi changé d'apparence...

    Le look a changé. Je le voulais depuis longtemps mais là, René Manzor m'a appuyé. Alice à un look plus masculin, plus moderne mais aussi plus identifiable. Elle est maintenant souvent habillée de la même manière. Cela lui donne une plus forte identité. Et puis, les juges ont affaires à des déséquilibrés et il est difficile quand même pour une femme juge de se présenter en talons et en jupe...

    Vous avez suivi des juges pour approfondir votre connaissance du personnage ?

    Oui, c'est arrivé quand on m'a confié le personnage. A l'époque, c'était la seule série que je regardais et je trouvais que pour une fois les acteurs, Florence Pernel et Frédéric Diefenthal avaient l'air de s'amuser. Il y avait déjà un ton que j'aimais bien. Mais jouer le rôle d'un juge... je sentais le besoin de comprendre la complexité de cette fonction. J'ai donc suivi trois juges, un homme et deux femmes, et j'ai même pu assister à une audition en me faisant passer pour la greffière. J'avais des préjugés sur la justice mais ils ont été gommés. J'ai beaucoup d'admiration pour ces gens. Et être sur le terrain, voir comment les juges parlent aux avocats etc... ça m'a énormément appris, et aider pour le personnage d'Alice.

    Y a-t-il des rôles, des personnages qui vous font envie ?

    J'ai des obsessions : Berthe Morizot, la peintre, Violette Nozière, un personnage fascinant auteur d'un double parricide. J'aimerais beaucoup aussi jouer dans un drame dans le style d'Erin Brockovich...

    Avez vous d'autres projets, pour la télévision, pour le cinéma ?

    Je vais tourner dans la mini-série Coco Chanel pour HBO, France 2 et la RAI. Je joue Adrienne, sa grande rivale. Le script est magnifique. Il s'agit d'un téléfilm en deux parties de 90 minutes. Le tournage est en anglais et j'en suis très contente puisque je n'ai plus tourné dans cette langue depuis Vatel. J'ai d'autres projets mais rien de certain et comme je suis superstitieuse, je ne préfère pas en parler. Je continue aussi la sculpture, mon autre passion et qui prend une grande place dans ma vie.

    Question traditionnelle que nous posons : quelles sont les séries que vous regardez ?

    Six Feet Under, ça doit être mon côté morbide (rires). J'adore. Ça me fait un peu penser à David Lynch avec cet univers autour de la mort. Je travaille beaucoup là-dessus en sculpture. Ça correspond à ce que j'aime. Et sinon, Desperate Housewives, que j'ai redécouvert car je n'aimais pas au début, mais que je trouve assez gonflé ! Des héroïnes négatives mais finalement très sympathiques.

    Propos recueillis par Benoît Thevenin à Paris, le 18 octobre 2007

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