Le cinéma français triomphe aux Etats-Unis. Une constante depuis trois ans et un constat toujours rassurant au moment où, comme souvent dans les salles françaises, le cinéma américain se taille la part du lion pour la saison estivale.
"Le Pianiste" superstar
C'est Le Pianiste de Roman Polanski qui a donné le La. Une Palme d'Or à Cannes, sept César et trois Oscars (dont ceux de Meilleur acteur pour Adrien Brody et de Meilleur réalisateur), ont bien sûr profité à la carrière du film, mais celle-ci, compte tenu de la gravité du sujet, a tout de remarquable. Exploité dans un peu plus de 750 cinémas américains, le film a ainsi dépassé les 5 millions de spectateurs et 32 millions de dollars de recettes, une performance historique et un important succès personnel pour les producteurs Robert Benmussa et Alain Sarde, même si la présence d'un comédien new-yorkais et un tournage en langue anglaise ont naturellement beaucoup compté.
Le Peuple migrateur s'envole
Sortis sans doublage et sur un mois d'intervalle au printemps, Le Peuple migrateur, L'Auberge espagnole et L'Homme du train ont quant à eux créé la surprise en cumulant plus de 10 millions de dollars de recettes au box-office à la date du 10 août selon les chiffres diffusés par Unifrance, organisme chargé de la promotion du cinéma hexagonal.
Lancé sous l'égide de Sony Classics le 18 avril sur une seule copie et sous le titre Winged Migration après une nomination à l'Oscar au mois de mars, Le Peuple migrateur a ouvert le bal. Avec 53 000 dollars en première semaine, le film produit par Jacques Perrin a pu déployer ses ailes pour atteindre un parc d'exploitation de 69 salles et un cumul de plus de 6,5* millions de dollars. Un succès plutôt rare pour un documentaire.
"L'Homme du train" et "L'Auberge espagnole" au-delà des 2 millions
Produit par Philippe Carcassonne et Carl Clifton, et distribué le 9 mai sous le titre The Man on the train par Paramount Classics, L'Homme du train de Patrice Leconte a de son côté rapidement circulé dans 83 cinémas, affichant un cumul supérieur à 2,4* millions de billets verts, tandis que L'Auberge espagnole, réalisé par Cédric Klapisch et produit par Bruno Levy, occupait à la même date pas moins de 92 écrans pour une recette estimée à plus de 2,7* millions de dollars.
C'est cependant un autre film, signé François Ozon et français, quoique tourné dans la langue de Shakespeare et portant un titre anglais, qui créé l'événement ces dernières semaines.
Tout baigne pour "Swimming pool"
Sorti aux Etats-Unis en septembre 2002, 8 femmes, précédent film du cinéaste, avait déjà bousculé le box-office avec 1,2 million de recettes en seulement deux semaines d'exploitation. Distribuée par Focus Features, la comédie "musicale" s'était même hissée à la 21e position du classement nord-américain lors du premier week-end d'octobre. L'investissement de l'équipe du film pour la promotion n'avait pas été pour rien dans ce succès, les comédiennes, Catherine Deneuve en tête, ayant assuré avec François Ozon une tournée des principales villes américaines.
Pour autant, le cinéaste n'en était pas à son coup d'essai puisque ses quatre premiers films avaient déjà tous été distribués aux États-Unis, même si ce n'est qu'avec Sous le sable et un score de 1,4 million de dollars de recettes, qu'il avait réellement entamé sa percée américaine et élargi son audience.
Lancé sans faire de vagues le 2 juillet dernier, Swimming pool a d'ores et déjà dépassé son prédécesseur, avec un résultat total estimé à 6,5* millions de dollars en six semaines. A nouveau distribué par Focus Features, Swimming pool s'octroyait même une seizième place au box-office du premier week-end d'août, ce qui le situe devant Charlie's angels - les anges se déchaînent ou Hulk, pourtant sortis seulement quelques jours auparavant.
Le fabuleux destin américain du cinéma français
Au moment même où le public américain semble bouder la plupart de ses superproductions, le succès du cinéma français -qui se confirme une nouvelle fois cette année- apparaît ainsi plus qu'une simple tendance conjoncturelle, même s'il reste évidemment toujours confidentiel au regard des scores réalisés chaque année par les champions locaux du box-office qui dépassent communément la barre des 100 millions de dollars de recettes.
En dépit de combinaisons souvent modestes et deux ans après le triomphe historique remporté par Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain (plus de 33 millions de dollars de recettes au total), les productions françaises sont cependant de plus en plus nombreuses à trouver leur public aux Etats-Unis. Un succès qui tord aussi le cou à bien des idées reçues, puisque c'est outre-Atlantique que les films français auront été les plus vus depuis ce début d'année...
Gérald Choquet
* Chiffres arrêtés au 10 août 2003.