Il était une fois Aaron Sorkin... le meilleur scénariste du monde ? - Page 9

Démocrate et fier de l’être. Fidèle soutien du parti américain, Aaron Sorkin est devenu au fil des années l’auteur politique par excellence. Plus on avance dans le temps, et plus ses convictions en la matière s’affirment de manière frontale dans ses scripts.

Producteur d’À la Maison blanche (1999 / 2003) durant le premier mandat de George W. Bush, il n’a jamais caché sa profonde antipathie pour le président républicain et tout ce qu’il représente. "Nous faisons une fiction mais un des moteurs de ce que nous faisons, c’est proposer notre propre version d’une rubrique qu’on pouvait lire dans les vieux Mad Magazine (publication satirique américaine, NDLR) : "Ces scènes que nous aimerions voir" ", confiait il au New Yorker en mars 2002.

Lors de l’élection présidentielle de 2000, le Démocrate Al Gore essaie de ne pas avoir l’air d’un "candidat intello" face à un Bush très plébéien. Deux ans plus tard, Sorkin, qui n’a toujours pas digéré cette campagne, réécrit l’histoire dans le drama de NBC. Dans une scène qui réunit Toby Ziegler, le directeur de la communication de la Maison Blanche, et Jed Bartlet, "son" président en course pour être réélu, le scénariste utilise ces personnages pour répondre à Bush et Gore: "N’ayez plus peur d’être le gamin le plus intelligent de la classe, dit Ziegler à Bartlet. Faites de cette élection quelque chose d’intelligent et d’engagé". L’échange étant intégré dans une intrigue forte (dans l’épisode, Bartlet doit admettre que son père le frappait, qu’il opposait la violence à l’intelligence), le propos du militant et celui du narrateur se marient à merveille. Et sans surprise, la saison suivante, Bartlet, président démocrate, lamine Rob Ritchie, son adversaire républicain…

Photo extraite de l'épisode "Echec et mat" de la série "A la Maison Blanche"

©Warner Bros. Television

Au delà de cet exemple, tout au long des années 2000, l’engagement politique de Sorkin s’exprimera sur d’autres plateaux. Soutien de John Kerry en 2004 (avec Rob Reiner, ils réaliseront des clips de campagne anti-Bush pour la présidentielle - En savoir plus sur le New York Times), il  sera aussi derrière Barack Obama en 2008.

A la fin de la décennie, le retour des Démocrates à la Maison Blanche ne fera pas taire pour autant le scénariste. La montée en puissance du Tea Party, groupe conservateur particulièrement actif chez les Républicains, provoque en effet le courroux du scénariste, qui multiplie les attaques contre ce mouvement. Tant et si bien que quand Newsroom arrive sur l’antenne de HBO, le Tea Party et ses leaders deviennent la cible principale des scripts du producteur. Revisitant l’actualité américaine entre 2010 et 2011, la série se transforme ainsi régulièrement en réquisitoire implacable et méthodique contre cette frange des Républicains.

La charge est parfois particulièrement percutante (dans l’épisode 5, Will McAvoy, lui-même républicain, confronte un membre du parti sur la question du mariage gay alors que le politicien est lui-même homosexuel) et parfois plus lourde, facile. Considérant que ses journalistes délivrent un contenu engagé, il estime que ces derniers doivent d’abord "dire la vérité" avant de devoir mener un débat contradictoire sur telle ou telle question. Ce qui amoindrit parfois la portée du propos.

Sorkin, scénariste et militant qui s’assume ? C’est une évidence. Mais le second ne parle jamais mieux au téléspectateur que quand il laisse pleinement s’exprimer le premier.

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A voir ! La Table Ronde AlloCine organisée lors du Festival Séries Mania 2012. Le sujet : "Les séries peuvent-elles être politiques ?"