Infos, anecdotes, bonus : à l'occasion de la sortie de "Prometheus", retour sur l'une des plus célèbres franchises SF. Dossier réalisé par Olivier Pallaruelo, Yoann Sardet & Maximilien Pierrette avec la collaboration de Déborah Le Bloas
De quoi ça parle ?
Après 57 ans de dérive dans l'espace, Ellen Ripley est secourue par la corporation Weyland-Yutani. Malgré son rapport concernant l’incident survenu sur le Nostromo, elle n’est pas prise au sérieux par les militaires quant à la présence de xénomorphes sur la planète LV-426 où se posa son équipage… planète où plusieurs familles de colons ont été envoyés en mission de « terraformage ». Après la disparition de ces derniers, Ripley décide d'accompagner une escouade de marines dans leur mission de sauvetage... et d’affronter à nouveau la Bête.
Dans l'espace, personne ne vous entendra re-crier...
"This time, it’s war". La tagline de Aliens le retour annonce clairement la couleur et les intentions de James Cameron : pas de Alien bis ou de remake déguisé du film de Ridley Scott ("Alien était un train-fantôme, Aliens est une montagne-russe", résumait à l'époque sa productrice Gale Anne Hurd). Surprenant mélange des genres, Aliens le retour entraîne ainsi Ripley sur le terrain du film de guerre. Guerre entre l’homme et l’alien, guerre entre la force technologique et la force primitive, guerre entre deux "mères", Ripley et la Reine. Bref, un condensé des éléments qui font et feront le cinéma de James Cameron (le rôle central des femmes, une fascination/répulsion pour les militaires, un festival de créatures biologiques et mécaniques…).
Ripley dévoile ici un nouveau visage : la femme-victime du premier opus (on se souvient du face-à-face très sexuel entre l’Alien et notre héroïne en petite tenue) laisse la place à une femme-forte, à la fois mère et guerrière, qui choisit et décide, quitte à retourner au cœur de l’enfer pour exorciser ses cauchemars. Quant à la Reine, petite merveille signée Stan Winston, elle s’impose au panthéon des créatures de la SF dès son apparition et dévoile enfin le cycle de vie complet des xénomorphes, désormais apparentés à des colonies insectoïdes de parasites extraterrestres. Quant aux militaires, ils sont aussi équipés et yankees dans l’âme que dépassés par l’adversaire et les événements (des réminiscences du Vietnam, dont James Cameron avoue s’être inspiré pour son récit ?).
Décrié par les uns, adulés par les autres, Aliens le retour a -à l’instar de son prédécesseur- marqué et continue de marquer la SF (ainsi que le jeu vidéo, James Cameron posant mine de rien les bases du FPS). Mails le film a surtout eu le mérite d’entraîner la franchise dans une direction unique dans l’histoire du cinéma : un grand cinéaste et un univers singulier par film. Comme le résumait prophétiquement François Cognard dans StarFix au moment de la sortie du film : "Scott envoyait des hommes dans l’espace pour les confronter à leur fragilité primitive. Cameron, lui, balance des bataillons de Walkyries en armures partis dératiser le futur empire des hommes. Il inaugure un nouvel âge dans la conquête spatiale. L’âge du fer. Pour la suite des événements, relisez vos cours d’histoire terrienne". Prochaine étape, la religion ?
Le réalisateur
En 1985, James Cameron a 30 ans. Et il n’a pas encore réalisé Titanic ni Avatar. Il a "seulement" derrière lui une belle réputation dans le cinéma de genre après Piranha 2 - Les Tueurs volants (sur lequel, alors responsable des effets spéciaux, il remplaça le réalisateur au pied levé) et surtout Terminator. Après ce coup d’essai (et coup de maître), il s'attaque au second volet de la franchise Alien, comme promis par les pontes de la Fox (impressionnés par son scénario, ils lui avaient promis le poste de réalisateur si Terminator était un succès). Tenté au départ (il imposera même le retour de Ripley, pas forcément utile aux yeux de producteurs plus intéressés par le monstre), James Cameron manque de refuser, de peur d’apparaître comme le "réalisateur des 2" (sorti de Piranha 2, il écrit Rambo II avant de s’attaquer à Alien 2 !). La liberté artistique offerte par la Fox finit de convaincre le cinéaste, lancé dans son premier tournage d’envergure (18 millions de dollars de budget) aux studios anglais de Pinewood. Surmontant l’hostilité de son équipe technique (difficile de passer après Ridley Scott), James Cameron livre alors un Aliens le retour épique et guerrier qui assoit définitivement son talent de raconteur d’histoire et son génie visuel. Le succès du film lui ouvre alors la porte d’un projet cher à son cœur, Abyss (1989). Suivront Terminator 2 (1991), True Lies » (1994) et Titanic (1997), qui consacre le cinéaste comme le "Roi du Monde". Avant un Avatar (2009) qui fera définitivement de lui… le Roi de l’Univers (cinéma) et le promoteur numéro 1 de la technologie 3D.
A savoir
Sigourney Weaver était peu emballée à l'époque pour reprendre son rôle, craignant une sous-suite où son personnage serait écrit à la va-vite. Le scénario de James Cameron, centré sur Ripley, la fera revenir sur sa décision. Très attaché au personnage et à la présence de la comédienne au générique, le réalisateur refusera même d'élaborer -malgré la demande de la Fox- un scénario sans Ripley.
Le tournage, entamé en août 1985, dut commencer sans Sigourney Weaver, retenue trois semaines supplémentaires sur les plateaux de Guerre et passion. James Cameron dut modifier son plan de travail en conséquence et mettre en boîte les scènes des marines de l’espace investissant les couloirs de la station. Des séquences tournées au cœur de la centrale désaffectée d’Acton, forçant l’équipe de décoration à travailler d’arrache-pied pour permettre à Cameron de tourner : "James tournait dans un couloir pendant que nous finissions de peindre le suivant" se souvient ainsi Peter Lamont.
Si le cycle de vie (Reine --> Oeuf --> Facehugger --> Alien) présenté par James Cameron semble aujourd'hui logique, il ne respectait pas le scénario original du premier Alien. En effet, dans une scène abandonnée du premier volet, les victimes humaines de l'Alien se transformaient elles-mêmes en oeufs. Une scène illustrant ce procédé a semble t-il d'ailleurs étét tournée avec Tom Skerritt et Harry Dean Stanton.
Bill Paxton est le seul acteur à avoir été tué par un Terminator (Terminator, 1984), un Alien (Aliens le retour, 1986) et un Predator (Predator 2, 1990).
Stephen Lang, le Colonel Quaritch de Avatar, passa des essais pour le rôle de Hicks (Michael Biehn) dans Aliens le retour... mais ne rejoint les rangs des soldats de James Cameron qu'en 2009 sur Avatar... en remplacement de Michael Biehn. Sur Aliens le retour, ce dernier remplaça au pied levé James Remar, parti après quelques jours de tournage à la suite de différences artistiques avec James Cameron. L'acteur apparaît d'ailleurs dans le film final mais de dos, donc méconnaissable.
A l’exception de Michael Biehn, arrivé tardivement sur le film, les interprètes de l’escadron de marines durent suivre un stage commando de deux semaines auprès des S.A.S. Pour préparer leur rôle, ils durent également lire le roman… Starship Troopers. Pour l’anecdote, la scène de leur présentation a été tournée en dernier… afin que l’on puisse ressentir à l’écran leur esprit d’équipe : plus facile après plusieurs mois de tournage ensemble.
Les interprètes des marines purent personnaliser leurs armures. C‘est ainsi que Bill Paxton inscrivit « Louise » (le prénom de sa femme) sur la sienne, tandis que Cynthia Dale Scott décida d’écrire "Blue Angel" sur son casque : une référence à Marlene Dietrich et au nom de famille de son personnage… le caporal Dietrich.
Certains éléments des armes de Drake et Vasquez sont issus… de steadycams.
Le nom du vaisseau des marines, le Sulaco, est un hommage à une ville présente dans un roman de Joseph Conrad intitulé… Nostromo (le vaisseau de Alien).
Al Matthews, le sergent du film, a vraiment fait le vietnam. C’est le premier soldat afro-américain de l’histoire à avoir été promu sergent.
Le véhicule blindé utilisé par les marines lors de leur débarquement… est un véhicule de British Airways utilisé sur les tarmacs des aéroports et maquillé par les décorateurs.
James Cameron a fait appel aux designers Sy Mead (Blade Runner) et Ron Cobb (Star Wars) pour concevoir l’aspect visuel de son film.
Si un géant (Bolaji Badejo, 2,10 m) se glissait dans la peau de la créature du premier opus, James Cameron fera appel à des cascadeurs sveltes mais de taille normale pour ses aliens, ces derniers partageant peu de plans en commun avec les acteurs "humains" du film.
La Reine-Alien n’est pas l’œuvre de Giger… mais de James Cameron, auteur du croquis original qu'il refusa de modifier pour simplifier le travail des techniciens en effets spéciaux.
Deux modèles de Reine-Alien furent construits par Stan Winston et ses équipes : un modèle de 4 mètres de haut manipulé par une quinzaine de personnes, et une miniature de 90 centimètres, animée par 49 câbles et cinq techniciens.
La machine étant trop lourde à manipuler, un cascadeur-haltérophile fut camouflé dans un compartiment derrière Sigourney Weaver pour permettre le tournage des scènes du robot monte-charge.
James Cameron n'accorda que 6 semaines au compositeur James Horner pour écrire la bande originale d'Aliens, ce qui obligea le musicien à aller piocher dans celles qu'il avait composé quelques années plus tôt pour Star Trek II : La colère de Khan et Star Trek III : A la recherche de Spock, ainsi que l'adagio du ballet Gayane d'Aram Khatchatourian que l'on retrouve dans le 2001 : l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Malgré cette mauvaise expérience, le réalisateur et le compositeur se sont retrouvés en 1998 pour orchestrer Titanic et dix après pour Avatar.
Dans l’une des premières versions du scénario, Ripley devait avoir une conversation avec sa fille. Dans le film final, celle-ci est décédée avant qu’on ait pu retrouver sa mère. Par ailleurs, dans l’une des scènes coupées du film, la fille de Ripley est incarnée par Elizabeth Inglis, la propre mère de Sigourney Weaver.
Le décor du réacteur fut conservé en l’état après le tournage… et réutilisé dans Batman (1989) pour la scène d’usine de produits chimiques.
Le petit frère de Newt, qu’on aperçoit dans la version longue du film, est interprété par Christopher Henn, le propre frère de la jeune actrice Carrie Henn.
Un procédé technique utilisé sur Piranha 2 a été repris par James Cameron et son équipe pour la conception des facehuggers.
Les marines sympathisèrent avec les acteurs d’un autre film de guerre tourné dans les environs au même moment… Full Metal Jacket.
Lance Henriksen eut une intoxication alimentaire suite à l’ingestion de la préparation lactée (chauffée par les projecteurs) utilisée pour figurer le sang de Bishop.
A la fin du générique final, on peut entendre le bruit d’un facehugger.
Don Sharpe, ingénieur du son sur l'Aliens de James Cameron, utilisa des sons tirés directement de la série télévisée Le Prisonnier. Ainsi, le son des ouvertures et fermetures des portes dans Aliens est celui des portes automatiques de la série et la sonnerie du téléphone vidéo lorsque Ripley (Sigourney Weaver) contacte Carter Burke (Paul Reiser) au début du film est la même que celle des téléphones utilisés dans le village du Le Prisonnier.
Une version rallongée de 17 minutes est sortie en laserdisc en 1992 puis en DVD (1999 et 2003) puis en Blu-Ray (2010).
Plébiscité par le public et la critique, Aliens le retour récoltera plus de 130 millions de dollars au box-office dans le monde… et glanera huit Saturn Awards (dont Meilleur film de SF), deux Oscars (Meilleur montage sonore et Meilleurs effets visuels) et cinq nominations aux Oscars (dont une pour Sigourney Weaver).
James Cameron, le réalisateur d'Aliens, prévoyait une toute autre histoire pour un troisième volet potentiel. Cette suite directe montrait Ripley (Sigourney Weaver), Hicks (Michael Biehn), Newt (Carrie Henn) et l'androïde Bishop (Lance Henriksen) arrivant sains et saufs sur la Terre. La petite Newt serait resté vivre avec ses grands parents alors que Hicks et Bishop seraient repartis pour une nouvelle mission sur LV-426, combattre un conglomérat d'autres planètes qui utiliserait l'Alien comme d'une arme biologique.
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