Après une première saison très créative, qui a réussi à se détacher de la BD tout en conservant sa fraîcheur et son rythme, cette (on espère) seconde saison, pourtant assez alléchante, a provoqué dans mon esprit un sentiment tout à fait opposé : celui d'une destruction totale.
En effet, les scénaristes de XIII.2 ont choisi de dynamiter complètement l'esprit de ce bijou du 9ème Art en brouillant les pistes au point que le téléspectateur se demande si ils ont eux-mêmes compris leur brouillon une fois achevé.
Je n'ai rien contre les scénarios sortant de l'ordinaire, tordus, nous perdant dans une sorte de labyrinthe cérébral, tant qu'on y trouve à la fin une explication ou tout du moins une justification artistique. Or, dans le cas de ce "gâchis de pellicule", on veut faire survenir des événements irrationnels dans un contexte rationnel. Et pour cela de quel Mac Guffin se sert t-on ? Celui de la technologie hyperévoluée bien évidemment, qui nous est totalement lointaine à nous autres simples d'esprit ! Avary hésite en permanence entre le réel et l'iréel et pour se justifier de cela, il nous dit avoir pris exemple sur des modèles du genre (mais réussis cette fois) comme "Le Prisonnier", et ose nous expliquer que cette errance, ce nihilisme intellectuel est volontaire.
Se servir de la technologie comme passe-partout soit, mais dans ce cas une créativité intelligente et artistique est nécessaire pour aboutir à un bon résultat. Ici, on se contente d'accumuler clichés, dialogues lourdingues et références dont on abuse. Je pense nottament aux clins d'oeil à "Orange Mécanique", "Rosemary's Baby" et "La Nuit Des Morts-Vivants" qui pourraient se révéler agréables si ils n'étaient pas utilisés tout le long d'un épisode et quasiment copiés-collés (Le couteau qui glisse des mains et la réunion mystique chez Barnowsky : Merci Polanski ! Le héros qui subit une projection d'images atroces sans pouvoir fermer les paupières et qui se fait tabasser dans un terrain vague par ses anciens complices : Merci Kubrick !). Tout cela pour dire qu'il ne suffit pas d'utiliser d'excellentes références et de violence gratuite pour combler son manque de créativité.
De plus, la technologie ne semble pas si évoluée que ça à en juger par les effets spéciaux dérisoires du dernier épisode, dans lequel aurait dû résider une explication surprenante et suffisament développée. Au lieu de cela : encore la technologie surexploitée (je ne citerai pas la clé du mystère, si c'en est une, je laisse la surprise aux quelques masochistes auxquels viendrait encore l'envie de regarder cette seconde saison catastrophique)! Pourtant, le casting n'était pas si mauvais : je pense surtout à Stephen McHattie, très convaicant à mon goût en président dépressif.
En choisissant de faire imploser la série, décision très égoïste, par la suppression pure et dure de certains personnages phares, on peut en déduire que les scénaristes n'envisagent pas de suite à ce ratage ou alors une encore plus tordue peut-être intitulée "Racine de XIII.2 au cube" !
Bref j'ai attribué la note de 4 étoiles sur 5 pour ne pas descendre injustement la première saison à cause de sa cadette décadente. Il est bien dommage de ne pas pouvoir noter les saisons individuellement.
Pour résumer cette critique en un conseil : lisez absolument la BD, très réussie à mon goût, ne ratez surtout pas la saison 1, mais oubliez complètement XIII.2.