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    La Montagne de Diamants
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    Critique de la série
    3,5
    Publiée le 5 juillet 2020
    Réalisé en 1991 pour la télévision sous la forme de trois parties d’une longueur égale – un peu plus d’une heure quarante-cinq chacune –, le téléfilm La Montagne de diamants offre au petit cinéma de Jeannot Szwarc l’occasion de poursuivre sa veine romanesque entamée notamment par le sublime Quelque Part dans le temps (1980). L’intrigue repose sur l’adaptation des deux romans de même nom de Wilbur Smith publiés respectivement en 1985 et 1986 : nous suivons l’intrépide Centaine (surnommée « sœur soleil » sur le bateau, ce qui annonce la prochaine réalisation de Szwarc) dans ses aventures et mésaventures qui la conduisent de la Première Guerre mondiale à l’Afrique subsaharienne, lui font traverser champs de bataille et désert du Kalahari, la confrontent à l’esclavage et au racisme, au patriarcat le plus moribond. Son parcours s’apparente à un récit d’apprentissage puisque de jeune infirmière nunuche et naïve, elle devient peu à peu une mère-courage puis prend la tête d’une société minière consacrée à l’exploitation de diamants. Son credo : « survivre, mais pas à n’importe quel prix ». Centaine traverse des sociétés et des cultures qu’elle révèle dans leurs contrastes fondamentaux ; son regard d’abord ingénu a un pouvoir de démystification, il reconnaît les bontés et démasque la barbarie à la manière d’un héros tout droit sorti des contes de Voltaire. La jeune femme s’émancipe à mesure qu’elle se heurte à la réalité, son amour initial perdure en elle comme une force vive, la pousse à continuer malgré les peines : « je n’appartiens à personne », affirme-t-elle pour preuve. Le découpage en trois parties permet donc de scander l’évolution du personnage, qui sont autant d’étapes vers l’indépendance et la solitude ; car on ne saurait rester indifférent aux horreurs commis par ses semblables, de la traite des Noirs aux agressions physiques, sans repousser loin de soi toute idée de bonheur. L’amour se transforme progressivement en passion-repoussoir contre laquelle il faut se battre, et l’amante devenue veuve puis mère de deux enfants semble enfouir son amertume, mieux son dégoût de l’existence, sous une réussite matérielle à l’encontre de ses principes. Œuvre sombre et trépidante, La Montagne de diamants brosse également le portrait de protagonistes attachants pour certains doublés par des grands noms du doublage français (Richard Darbois, Michel Papineschi) : pensons à ce couple de vieillards Bochimans (ou San) qui prend congé des siens pour rejoindre « le pays pour toutes les vies », soit ladite montagne aux diamants qui constituent, pour son peuple, un lieu sacré, là où finit la vie, là où elle commence aussi. Nul hasard, par conséquent, si les deux Bochimans resurgissent à l’état de squelettes quelques années plus tard : ils incarnent la mémoire ancestrale de ces espaces colonisés, une puissance protectrice qui continue d’assister Centaine et sa famille, aussi fracturée puisse-t-elle être. La mise en scène de Jeannot Szwarc porte efficacement le récit, donne aux séquences d’action une dynamique correcte, aux séquences d’émotion leurs plans marquants – à l’instar de l’accouchement de Centaine captée via les ombres sur la paroi de la caverne –, aux séquences de suspense quelques idées bienvenues, comme le doigt du Bochiman que suit la caméra par-dessus la végétation jusqu’à révéler les éléphants qui se trouvent au loin. Si la dernière partie du téléfilm s’avère néanmoins moins réussie que la première partie, elle flamboyante, La Montagne de diamants n’en demeure pas moins un divertissement solide et de qualité, une œuvre polymorphe (guerre, aventure dans la savane, film historique, western) qui mériterait aujourd’hui d’être reconsidérée.
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