La série la plus attendue de l'année a t-elle tenu toutes ses promesses ? Oui et non.
Allons droit au but : Newsroom est un concentré d'Aaron Sorkin. Jouissant probablement d'une liberté artistique inégalée depuis "The Social Network", l'auteur de "The West Wing" et "Studio 60" semble avoir eu les mains libres pour écrire et produire une série sur mesure, où l'on retrouve chaque marqueur de son univers.
Les fans de Sorkin (dont je fais partie) se délecteront de sa dernière livraison, les allergiques seront une fois de plus embarrassés par toutes ses petites manies : des romances à l'eau de rose qui n,'en finissent pas, de longs monologues moralisateurs, des joutes oratoires démultipliées, une ensemble extrêmement bavard. Si vous n'aviez pas aimé "Studio 60", ne vous laissez même pas tenter, c'est la même chose en pire... ou en mieux.
Car pour les aficionados, quel bonheur ! Comme d'habitude, Sorkin ouvre les hostilités par une séquence d'anthologie (à voir et à revoir), qui pose dans les grands longueurs ce que sera une saison centrée sur l'Amérique et ses doutes. Poser sa caméra dans la rédaction d'un journal télévisé est pour le scénariste la meilleure façon d'observer un an de vie de son pays, à travers les yeux de ceux qui doivent analyser et décortiquer l'information.
Le show est donc parfaitement daté, et nous fait revivre un par un les grands évènements de l'année 2010-2011. La posture est passionnante car le spectateur "sachant" peut encore mieux observer et analyser.
En s'appuyant sur différents évènements marquants, Sorkn pose donc un regard inquiet sur son pays, se paye une croisade contre le Tea Party et la droite dure, au moyen d'une série furieusement actuelle qui a parfaitement assimilée la vitesse hallucinante de propagation de l'information.
La vitesse, une autre marque maison que l'on retrouve à chaque épisode, avec des montées en rythme incroyables qui donnent lieu à des séquences d'une virtuosité rare, que l'on se repasse immédiatement pour être sur de n'avoir rien raté. Quelques scènes monstrueuses, une science du dialogue absolument inimitable, un objet politique passionnant, un casting intelligent et percutant (pas de stars et c'est tant mieux, mais de très grands acteurs), que demander de plus ?
Cela dit, la densité du propos sera probablement un inconvénient majeur pour que la série puisse rayonner au delà des Etats-Unis. Car pour quiconque n'est pas sérieusement outillé sur la vie politique et médiatique américaine, la série sera probablement inaccessible, avec des références pleuvent de manière continue. Si vous ne savez pas qui est Michelle Bachman ou Anthony Wiener, ce qu'est le GOP ou de quel bord politique sont les chaînes Fox et MSNBC, l'ensemble sera probablement un peu ésotérique. Ou alors il faut commencer dès maintenant à fréquenter le Daily Show, Real Time ou encore les excellents blogs sur la vie politique américaine (ici et là).
Et comme Sorkin a eu l'excellente idée de passer par une chaîne du cable (HBO en l'occurence), une saison 2 est d'ores et déjà en préparation. De quoi s'assurer une durée de vie plus importante que "Studio 60", lâchée en rase campagne par NBC (châine non-cablée) pour cause d'audiences insuffisantes.
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