"Papa s'est fâché et il m'a jetée contre la bibliothèque", raconte une rédaction de la petite Holly... Alors, imagination débordante liée à l'enfance ou appel à l'aide d'une jeune fille qui ne peut plus supporter sa maltraitance ? Dès son premier épisode, Cry Wolf nous intrigue fortement, nous place d'emblée dans la lutte des services sociaux qui agissent sans savoir avec certitude s'ils font bien de retirer les enfants à leurs parents (des choix fragiles et difficiles à prendre), dans le doute de la parole de l'enfant (même involontaire, le mensonge peut aussi être une forme de persuasion qui cache un malêtre général), dans le calvaire des parents à qui cela arrive (on ne sait pas s'ils sont coupables, si tous deux sont visés par l'accusation). Beaucoup d'enjeux, très bien explorés chacun, qui s'épaississent au fur et à mesure que les épisodes défilent, cette courte mini-série se regardant assez vite (huit fois cinquante minutes). Le fin mot de l'histoire, sans aucun spoiler, est exactement le juste milieu qu'il fallait, entre la résolution trop prévisible que l'on craignait de voir et celle trop inattendue qui sort de nulle part pour surprendre le spectateur, une demi-surprise justifiée et agréable. L'interprétation est l'autre très bon point à souligner, le casting étant méconnu pour nous public français (peut-être ces visages sont-ils plus populaires au Danemark ?) qui permettent de changer des vedettes à série françaises que l'on voit trop souvent. Chaque personnage est joué avec envie et l'on est toujours entre sympathie et prudence sur ce que l'on pense de ces derniers, les acteurs ne laissant rien fuiter (assez impressionnant). La réalisatrice, présente lors du visionnage pour répondre à nos questions, indiquait d'ailleurs que certains acteurs étaient volontairement tenus dans le secret de la résolution finale, pour préserver ce jeu incertain qui transparaît à chaque image de la série. Le générique de début est très beau bien que minimaliste et le générique de fin, en revanche, ne nous a pas particulièrement marqué (la musique est assez plate). Ce qui nous aura limité dans notre enthousiasme est la sensation de lenteur que l'on ressent passé le troisième épisode, on s'ennuie par moments dans cette enquête qui commence à piétiner, avec ces filtres gris trop répétitifs et déprimants (certes le sujet n'est pas joyeux, mais de là à nous imposer ce visuel affadi jusqu'au bout...) et des éléments qu'on aurait pu éviter facilement : le masque du garçon est vite pénible car, si l'on comprend dans un premier temps qu'il s'agit d'un reflet du monstre qu'il risque de devenir par mimétisme du "vrai" monstre qu'il y a à la maison, cet accessoire est esthétiquement laid et on aurait pu l'enlever après en avoir saisi la symbolique (de même que les "grrr" poussés par le garçon sont vite soulants). Même si le démarrage (épisodes 1 à 3) nous a bien intéressé et visuellement plu, le côté "non-renouvelé" des épisodes suivants nous a moins convaincu jusqu'à nous ennuyer un peu, sauvé par un final très soigné. Une série originale et bien interprétée.