Voilà Amazon qui arrive dans la place des producteurs de séries ! Je sais que ça en fera sûrement claquer des dents plus d’un mais, d’un autre côté, quand il s’agit de prendre une œuvre de Philip K. Dick pour faire son baptême du feu, moi, j’avoue, ça attise ma curiosité. Surtout que l’air de rien, l’exercice était clairement casse-gueule, étant donné le sujet. Penser un monde des années 60 où les nazis découvrent la bombe avant les Etats-Unis, ça excite l’imagination certes, mais encore faut-il réussir à rendre ce monde crédible sur la distance. Pour le coup, ce n’est pas sur cet écueil là que la série se vautre, au contraire, c’est même sa très grande force. Le premier épisode m’a, je l’avoue, totalement scotché, tant – avec vraisemblablement peu de moyens – il est parvenu à reconstituer un univers très riche, en y posant qui plus est beaucoup de pistes excitantes à creuser (
l’idée de condamner ceux qui s’ouvrent aux cultures étrangères par exemple ; l’idée de présenter notre réalité dans cette série comme un monde parallèle ; l’idée de confronter la morale nazie au quotidien américain des années 60 ; l’idée d’avoir mélangé l’esthétique des années 60 américaines et l’esthétique Bauhaus allemande ; etc…
). Seulement voilà, là où, selon moi, la série peine à se construire, c’est sur ses personnages et la tonalité générale de son atmosphère. Tout ça est finalement trop lisse, trop démonstratif, pour ne pas dire trop caricatural. Ce « Man in the High Castle » souffre selon moi du même vice qui prend certains films qui sont sensés se passer dans les années 60. Ils ne traitent pas la période avec un regard contemporain, mais au contraire, ils finissent par se rapprocher d’un traitement très années 60 des années 60, avec toutes ses conventions et donc, du coup, ces rigidités. Personnellement, je ne me suis pris de sympathie pour aucun des personnages, chacun n’étant finalement qu’un stéréotype de personnage-fonction (même si Rufus Sewell en impose quand même en officier SS américain) ; et je tirerais presque le même constat de l’intrigue qui, au départ annonce plein de pistes excitantes et qui, très vite, rentre elle aussi dans des schémas plus classiques et plus convenus (
untel va-t-il se faire prendre ? untel va-t-il se faire tuer ? Ça pourrait marcher si au moins les personnages avaient de l’épaisseur.
) Au final, j’ai terminé cette première saison sans passion, le cliffhanger conclusif ne parvenant même pas à réveiller mon intérêt. Pas mal donc. Ne serait-ce que pour son univers cette série mérite d’être vue. Mais, je l’avoue, je suis très sceptique pour les saisons à venir. Mais qui sait… On peut toujours être surpris…