Ronronnant comme un bon vieux moteur infaillible, la série fastueuse de Thomas Fellowes semble pourtant s’enliser dans une certaine forme de facilité. Bien sûr, quelques sujets de fond marquent encore la série d’une certaine finesse d’écriture. On peut aussi saluer la parfaite harmonie qui régit les rapports entre les personnages, principalement les domestiques. On peut, finalement, toujours s’émerveiller du jeu subtil de Maggie Smith, véritable harpie bien supérieure en intérêt que bons nombre de ses collègues. Mais force est d’avouer que Downton Abbey prend désormais des tournures de Soap allégé, se nourrissant aux grandes crises existentielles, aux retournements de situations téléphonés, ne pouvant s’émanciper de clichés et autres péripéties que l’on voit venir à des kilomètres.
Ne soyons pourtant pas trop dur avec cette troisième saison, l’extension relativement logique aux deux précédentes. Musicalement, bande-son s’entend, la série britannique nous offre ses traditionnels moments de bravoure. Il en ira de même avec la photographie, des images rendant bien toute la beauté de cette propriété ronflante, en voie de désuétude. Le domaine, le château, l’escapade en Ecosse de l’épisode spécial clôturant la saison, tout est remarquable d’authenticité, respirant bon la nostalgie d’une époque révolue. Gros moyens, donc, pour la production, qui prend à cœur de ne pas offrir à ses éventuels détracteurs matières à leur donner tort sur le plan artistique. Soyons-en certains, qu’il s’agisse de cette troisième saison ou de l’intégralité de la série, de gros efforts ont été produits en ce sens.
Coté interprétation, si certains s’en s’on aller pour que d’autres débarquent dans l’univers de la famille de Lord Grantham, on ne pourra pas passer à côté d’un déséquilibre qualitatif. Si certains, toujours Maggie Smith en comtesse cynique, ou encore Michelle Dockerty, forte d’un certain charisme, parviennent à illuminer bon nombre de scène de leurs présences, d’autres semblent regarder passer le train sans sourciller, ou pire encore, alourdir sincèrement la série. On pense surtout, dans ce domaine, aux incessants regards de chiens battus de Cora, noble épouse qui ne trouve pas réellement sa place dans la famille, dans la série. Bref, tout ça pour dire que si le travail d’équipe fonctionne globalement bien, des comédiens ne sont malheureusement pas à la hauteur des plus valeureux d’entre eux. Mais ne serait-ce pas là le signe d’une petite défaillance à l’écriture? Qu’importe.
En bref, une troisième saison qui se laisse voir sans faire de vague, qui œuvre à poursuivre la tradition initiée deux ans auparavant. Notons que les prétendus moments forts de la saison ne sont de loin pas les meilleurs instants. Quoiqu’il en soit, si ces neuf épisodes peuvent laisser un arrière-goût un brin rance, on se réjouit de découvrir la suite des évènements. Le plus important est donc sauvé. 12/20