Retour à Downton Abbey à l’heure ou fait rage le premier conflit mondial, de 1914 et 1918, voire plus, pour une seconde saison mouvementée chez nos lords et domestiques britanniques. Entre peines de cœurs et mobilisation nationale, entre grandes romances et trahisons, la vie du château n’est donc jamais sereine, qu’il s’agisse de celle des propriétaires comme de celles des servants. Les conflits ou amitiés instaurés durant la première saison sont mis à mal, les évènements guerriers bouleversent l’ordre établi, des personnages cruciaux vont et viennent, certains se rebellent alors que d’autres s’efforcent de respecter coutumes et bienséance. Jamais à l’abri du scandale, du drame, ce petit monde en voie de disparation, rappelons que la série revient sur les derniers instants de cette bourgeoisie bientôt désuète, se mobilise, s’entredéchire, se complait mais jamais ne semble être à cours de prétextes pour qu’éclatent révélations et autres grandes déchirures.
A ce titre, la série de Thomas Fellowes s’oriente on ne peut plus clairement vers le soap familial traditionnel, rebondissant sans cesse sur toutes formes de roublardises pour que soit maintenu un perpétuel cycle de bouleversements. C’est souvent d’un académisme télévisuel ronflant, ça en serait même parfois presque navrant de classicisme. Pour autant, le phénomène fonctionne agréablement, du fait sans doute d’un contexte remarquablement retranscrit à l’écran, celui d’une époque en phase de total changement, un début de 20ème siècle au croisement entre désir de modernisme et respect des valeurs des aïeux. Comme ce fût le cas sur les sept premiers épisodes composant la première saison, les scénaristes parviennent parfaitement à nous faire saisir les enjeux sociaux, moraux, de l’époque, parfait tableau des valeurs, de la hiérarchie des domestiques aux soucis d’intégrité des nobles.
La série peut également s’appuyer, pour contrecarrer son apparente banalité, sur un solide casting. Des comédiens comme Hugh Bonneville, Maggy Smith et j’en passe parviennent à suffisamment relever le niveau pour que l’ensemble soit niveler par le haut. Si c’est parfois poussif, Downton Abbey n’est pourtant jamais désagréable à suivre. On retiendra pourtant, durant cette seconde saison, quelques séquences ou intrigues un peu en deçà de la valeur globale du show, comme le prétendu retour salvateur de l’héritier initial, dont on ne sait rien et dont l’interprète est très mal grimé en grand brûlé. Affaire à suivre, même si l’on voit mal la production s’orienter sur un chemin aussi aléatoire.
Exposant toutes ses faiblesses, la série parvient toutefois à convaincre les masses, voire mieux au vu du succès de la série dans son pays et à l’international. Accessoirement l’épisode écrit spécialement pour la période des fêtes de fin d’année, d’une durée de plus d’une heure trente, est un remarquable prolongement des huit épisodes qui compose cette seconde saison. Bon point. Bref, du divertissement somme toute basique, mais du divertissement basique de qualité. On ne demande donc qu’à découvrir la suite. 13/20