Un regard, fugace, des gestes précis, en un soupir la table se dresse, le couvert, impeccable, trouve rapidement des mains alertes, affamées du monde; les habitudes, les plats, les prétendants, tous virevoltent et s'entrechoquent sous les airs d'une Valse rythmée, sensuelle et digne. Rien ne presse, dans le domaine Downton, tout est dans la retenue, le GOOD BEHAVIOR, réprimer ses émotions, ses envies, le désir brûle de l'intérieur, les cordes des violons se tordent intensément, la nuque de Mary se laisse découvrir au fil du temps, lentement, précieusement gardée jusqu'à cette scène, où, d'un coup de rein majestueux la caméra vient se planter juste derrière son cou, soufflant légèrement au dessus de son oreille, un mot d'amour ? L'amour se grignote à l'heure du goûter, servi avec le thé sur un plateau fragile. Fragile mais persistant, à l'instar du serviteur boiteux omniprésent, hantant chaque plan de sa présence bénéfique.Une déclaration touchante sur un chemin bordé d'arbres chantant, par une douce après-midi insaisissable, qui rayonnera pour toujours dans le coeur du vieil homme à la rose primée.
Débordée, Daisy. Quel fantastique pied de nez que la scène de la dinde et du pudding, un vent de révolution souffle sur le domaine Downton. "Je salue votre courage d'être venue, je saluerai votre prudence à partir" Lady Sybil, gonflée d'audace et courageuse, insuffle cette idée terrible, irrésistible, d'égalité. De changement. Mary l'incarne sans le vouloir, elle EST tout ça, belle, attirante, têtue, joueuse, consciente de son pouvoir sur le monde, mais en danger, perpétuellement, vivante, gavée d'espoir mais maladroite.. Edith équilibre la trinité, misérable et chétive, prête à se jeter dans le bois aux loups pour quelques secondes d'attention.
Le fond se déguste aussi goulûment que la forme; et, même si rien n'est laissé au hasard, les ombres et les sentiments se détachent parfois de leurs tracés préétablis, évoluant de manière inattendue, permettant à une Grâce Unique et Merveilleuse d'habiter les cadres et l'écran.