Il fallait y penser…
Il fallait ensuite oser le produire…
Il fallait pour terminer surfer sur tous les clichés possibles…
Franchement, Kaboul Kitchen est très certainement la comédie française qui m’a le plus passionné depuis un petit moment… Oui il faut noter le terme « français » car rare sont les séries purement issues de notre belle France que je regarde, et celle là vaut le détour tout simplement. Tous les ingrédients sont réunis pour nous accrocher dans une première saison de 12 épisodes durant une trentaine de minutes. Un format court bien rythmé qui séduit dès le premier épisode.
D’un côté Jacky (Gilbert Melki) qui tient le Kaboul Kitchen, un restaurant d’expatriés en plein cœur d’une ville de Kaboul au lendemain de la guerre qui tente de se reconstruire. De l’autre Sophie (Stéphanie Pasterkamp), sa fille qui le rejoint pour faire de l’humanitaire dans la région. Lui n’est là que pour faire un maximum de fric. On rajoute ensuite les différentes couches pour créer des situations parfaites avec Axel (Benjamin Bellecour), l’associé de Jacky dans le restaurant, qui tient l’unique agence de communication de Kaboul ; Damien (Alexis Michalik), le photoreporter peu scrupuleux et Don Juan ; ainsi que Amanullah (Simon Abkarian), un colonel de l’armée, homme un peu fou et sanguinaire (surnom la Panthère du Logar) souhaitant se faire élire à Kaboul avec l’aide d’Axel et Jacky. Voilà pour le synopsis de cette série.
Kaboul Kitchen, c’est une série que je vois porteuse d’un message. Non pas frontalement, mais bien indirectement en nous offrant une comédie qui va se jouer de tout le monde et tout le temps au fil des épisodes. Chaque épisode va faire office de tremplin pour mettre en avant un message, et le plus souvent de tolérance. Même si je reste presque persuadé que l’on pourrait penser une unique chose au final : « Nous occidentaux avons rien à faire là bas ». Ce qui n’est pas faux sur la base, mais « l’intelligence » de nos dirigeants nous offre la possibilité plusieurs années après de pouvoir savourer ce genre de séries. Une bien maigre consolation si l’on peut dire…
Franchement les passages avec le Colonel Amanullah sont magnifiques… Entre le « Ils sont partis en vacances à Dubai » après avoir fait exécuter les anciens partenaires de Jacky… ou après avoir découvert que ce dernier inonde et contrôle le marché de Kaboul des films pornos Afghans… ou encore quand il engueule ses gardes tirant sur la voiture de Jacky et s’exclamant « il n’y a que moi qui tire sur Jacky, Jacky est mon ami, je suis le seul à tirer sur mon ami » ! Il y a aussi Constance, parisienne d’origine, qui arrive vers la fin de saison et qui est simplement un pur bonheur. Son pitch de présentation peut rester gravé en se disant qu’il peut bien correspondre à certaines personnes : « Et j’ai passé deux ans à Londres, c’était génial, après le retour à Paris je vous dis pas. Revenir vivre chez ses parents après avoir connu la coloc. Et puis Paris pour faire la fête quand tu as connu Londres… C’est pour ça que j’ai décidé de venir à Kaboul… Pour vivre un truc fort. »
Bien entendu, mesdames et messieurs, il ne faudra jamais prendre pour argent comptant tout ce qui est relaté dans cette série. On peut se douter que certaines pratiques semblent courantes (ex : le bakchich) dans ce genre de pays en proie à une guerre civile continuelle depuis plusieurs années, mais pour le reste… La série semble surtout là pour nous faire réfléchir : la vie politique locale, la place de la femme, les mœurs, etc. Même si la réflexion ne sera pas la première chose que chaque individu fera en regardant une série, il est intéressant de voir les points qui sont principalement « attaqués » dans Kaboul Kitchen et comment ils sont exagérés ! À tel point qu’on peut se demander si le réalisateur n’a pas fait un petit sondage auprès des français pour savoir comment ils voyaient la vie sur place pour en faire une série ensuite.
Aucun tabou, tout le monde en prendra pour son grade !
C’est là le grand charme de cette série. Tous les clichés vont y passer pour nous offrir une autre vision plus vraie que nature de la reconstruction de Kaboul. Et on se laisse prendre au jeu par tous ces personnages si exagérés dans leurs manières et attitudes dans la vie de tous les jours dans un pays toujours en guerre ! On aime, on valide, et on en redemande très vite !