Oz est une série monumentale probablement l'une des plus grandes qui existent. La série HBO a acquis un statut de série culte totalement mérité. Je vais essayer d'aller à l'essentiel car parler de ces 6 saisons passionnantes serait bien trop long. Tom Fontana a ici créé une série d'un réalisme absolu que ce soit dans la description viscérale du quotidien de la prison ou dans l'étude complexe du système carcéral. Le véritable atout de la série est son écriture, tout d'abord celle des personnages. La série s’appuie sur des personnages passionnants et ils sont nombreux : Tobias Beecher ex-avocat qui connaîtra une descente aux enfers éprouvante,son antagoniste Vern Schillinger Néo-Nazi violent et pervers,Miguel Alvarez petit truand imprévisible,Ryan O'Reily l'irlandais machiavélique,intelligent et fourbe,Kareem Said leader musulman ultra-charismatique, jusqu'au-boutiste et porte-parole des prisonniers ou encore Adebisi gangster terrifiant et violent. Ils sont entourés par Tim Mc Manus créateur d'Emerald City assez idéaliste, Gloria Nathan médecin dévouée, Soeur Peter Marie une psychologue bienveillante et Ray Mukada prêtre plein de bonnes intentions, Léo Glynn directeur d'Oz assez lâche et de nombreux matons plus ou moins corrompus. La série surprend sans cesse grâce à ses retournement d'alliances, de situations permanents et à ses personnages en constante évolution positive ou négative. Mais la ou la série frappe fort, c'est dans son propos profondément humain. Porté par un narrateur très lucide (Augustus Hill), la série décrit toutes les composantes de l'homme face aux remords,la culpabilité,les désillusions, la haine, la violence,l'homosexualité (le couple complexe Beecher-Keller), l'animalité de l'homme confronté à ses peurs. La richesse thématique est inépuisable, le système judiciaire, la religion, la corruption politique, la peine de mort sont passés au crible avec intelligence et subtilité. Les interventions de Hill sont toujours métaphoriques et la série déborde souvent sur des sujets lointains comme Napoléon ou les dix commandements pour étayer son propos. Mais la série laisse surtout pantois le spectateur par sa puissance tragique incroyable, l'espoir disparaît souvent pour ne réapparaître qu'a certains moments mais il est très éphémère comme le destin des personnages pouvant mourir à chaque instant ce qui offre une tension accrue à la série mais surtout donne lieu à des scènes d'une violence inouïe:
crucifixion,viol,arrachage de pénis,etc.
Rien ne nous est épargné mais cela a toujours un but narratif et n'est jamais gratuit. Hélas, la série baisse en qualité vers la fin de la saison 4 mais jusqu'au bout elle possédera et ce malgré quelques intrigues moyenne une évidente qualité d'écriture. La forme est également parfaite: le générique est très réussi,la réalisation est immersive, l'utilisation des Flash-Back intelligente, et le travail de tous les acteurs(sans exception) absolument formidable. L'Homosexualité et la religion sont les thèmes les plus récurrents, ils sont toujours abordés de manière subtile notamment par le prisme du couple mythique Keller-Beecher source de haine, trahison et amour. La religion est Le thème de la série, il est lié au destin, à la rédemption et aux efforts des personnages pour s'accepter et accepter leurs fautes."On ne choisit pas Dieu, c'est Dieu qui nous choisit" phrase prononcée par Sœur Peter Marie lors de la saison 4 résume bien cela. Les nombreuses initiatives de Mc Manus et Cie pour tenter de "sauver" certains prisonniers(le chant pour Omar White, le dressage de Chiens pour Alvarez,la lecture pour Wangler,etc) sont toutes vouées à l'échec tant le climat est propice aux tensions raciales, ethniques ou aux luttes de pouvoir (trafic de drogue principalement) ne laissant aucune autre issue à ces prisonniers que de replonger. Selon Augustus Hill, Oz est l'endroit ou l'on vit et ou l'on meure, une sorte d'engrenage, de cercle vicieux qui ne nous lâche plus, une drogue dont on devient accro malgré soi,une drogue qui entraîne le meurtre,la trahison puis les remords et la culpabilité de manière inévitable. Comme dirait Enrique Morales "Fuc*ing Oz". Oz, une série inoubliable, tragique, éprouvante,intense,sans concessions dont on ne peut ressortir indemne. Oz, c'est tellement éprouvant,marquant et puissant qu'on a nous aussi l'impression d'avoir passer ces six saisons entre quatre murs.