School Days est un animé qui ne peut pas faire l'unanimité, de par ses défauts flagrants, et de sa facette mensongère. On pense regarder une romance de triangle amoureux classique, mais l'histoire est bien différente de ce qu'on a l'habitude de voir.
En effet, lorsqu'on regarde un harem, on s'attend à un protagoniste exemplaire qui devra choisir sa bien-aimée parmi ses prétendantes, il se retrouve face à des situations fantaisistes et on l'apprécie dans sa façon d'agir.
Ici, School Days détruit ABSOLUMENT toutes les espérances du spectateur, ce qui perturbe beaucoup ce dernier car l'animé va prendre une tournure inattendue et dramatique, l'exact opposé de son postulat de départ. Ce qui est censé se passer comme prévu pour que l'histoire prenne le chemin du harem classique n'arrive jamais.
Chaque personnage va faire des choix, qu'il considère bon ou mauvais, et c'est ainsi que l'intrigue va se dérouler. On comprend qu'ils contribuent tous, de par leurs actes, à rendre toujours de plus en plus compliqué et délicat la situation dans laquelle ils se sont mis.
Les persos ne sont pas spécialement faits pour être apprécié, ce qui dérange beaucoup de gens dans une histoire de romance. Ils sont surtout faits pour se rapprocher le plus possible de la réalité. Ils ne sont pas détestable car ce sont de mauvaises personnes, mais parce qu'on les confronte à des situations réelles et qu'ils y réagissent de manière... normale (en tout cas pour de simples ados) et ça c'est brillant.
La psychologie de notre trio est très bien développée, il y a une vraie évolution complexe pour chacun d'entre eux (notamment le personnage de Sekai). L'animé est très bien rythmé je n'ai rien à redire, les 12 episodes s'enchaînent parfaitement. C'est un cercle qui a été travaillé du début à la fin, l'intrigue sait où elle va et amorce subtilement tout un tas de choses pour nous montrer que plus les choix pris par les personnages sont importants, plus l'histoire semble converger vers une issue de plus en plus inévitable. Il y a eu un réel travail sur la façon dont le scénario nous a été raconté, ça se voit, c'est pertinent et je tenais à le souligner.
De plus, il y a une vraie ambiance au niveau des symboles, des métaphores dans cette œuvre (par exemple, la prédominance de la couleur rouge dans les mains de Kotonoha et Sekai au fur et à mesure que Makoto fera des choix condamnables, la représentation de pièces théâtrales dans la psyché des persos pour décrire le sentiment de culpabilité).
J'entends souvent dire que la fin est précipitée, n'a aucun sens, survient comme ça sans explication, mais c'est faux. La conclusion est parfaite et vous traumatisera. L'intrigue progresse au fur et à mesure que l'animé casse ses propres codes. L'animé veut nous montrer à quel point les ados sont vraiment plongés dans un univers malsain, les relations au sein du lycée sont toxiques, les persos n'arrivent pas à communiquer correctement entre eux, là où ils arrivent à échanger leur émotions c'est par le biais de leur téléphone. Aucun adulte n'est dessiné durant toute la série pour appuyer le fait que les jeunes traversent seuls des épreuves aussi difficiles. La frontière entre l'amour et le sexe est brouillée par le changement hormonal, la vision qu'on se fait d'être en couple est différente chez chaque personne, on peut être guidé par ses pulsions sexuelles ce qui nous pousse à agir de manière odieuse vis à vis des personnes qui nous entourent, on préfère s'enterrer dans le mensonge et l'incertitude parce qu'on est lâche et qu'on a peur de blesser les autres, on refoule des sentiments qu'on arrive pas à contrôler.
Toutes ces choses font parties de la vie et c'est normal d'y faire face, School Days nous propose quelque chose de beaucoup plus réaliste, on peut facilement comprendre les persos, malgré leurs actes on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Même si Makoto semble être le cœur du problème à cause de son immaturité, il est en fin de compte victime de ses propres agissements. Lorsqu'il se retrouve au fond du trou, rejeté par toutes les filles, il réalise tout le mal qu'il a pu faire, mais il est déjà trop tard, le point de non-retour a été atteint, il n'y a plus de rédemption possible, il est allé beaucoup trop loin.
Le meurtre de Makoto est selon moi compréhensible et bien amenée. Déjà il faut que vous sachiez un truc : Sekai est mon personnage préféré de la série. Même un de mes persos préféré tout court. J'ai adoré sa personnalité, son développement, et ça m'a fait un choc quand elle a tué Makoto, même si au fond, je m'y attendais légèrement quand elle lui a proposé leur dernier RDV. Je ne peux que la comprendre, c'est elle qui a le plus souffert dans cette histoire. Sekai s'excuse car elle est sûrement consciente qu'il ne s'est pas rendu compte de tout ce qu'il a pu faire, elle sait qu'il n'est pas le seul fautif. Tout le monde a participé à cet engrenage. Mais voilà, la situation fait que... Cela montre encore l'absurdité et le pathétique de la situation dans laquelle ils se sont enlisés. On a ici une scène parfaitement réalisée et pleine de symboles, la musique contraste avec ce qu'on voit pour accebtuer sentiment de malaise, il s'agit ici d'une punission morale (car oui Makoto, pendant tout ce temps a agit sans jamais être puni, il n'a pas eu à payer de ses actes) et pourtant, on nous montre quand même la sexualisation de la scène par Makoto et Sekai. Les idées de mise en scène sont brillantes.
School Days est une petite merveille, la série nous propose une approche très intelligente des choses, elle nous donne une romance à l'eau de rose pour au final casser les codes du harem classique et changer de ton petit à petit pour basculer dans une tragédie malsaine et dérangeante grâce à une intrigue qui a été amené depuis le tout début. C'est subtile, c'est pertinent, c'est surprenant. Pour les plus attentifs, vous aurez remarqué que des plans de mise en scène, des symboles, des métaphores, préparaient le changement de cap et la fin depuis au moins l'épisode 2.
Le cas extrême de School Days me fait penser à une sorte de fable, de conte, rien n'est irréel et incohérent, une histoire pareille serait susceptible de se produire. Ça peut nous faire réfléchir sur nos actes dans la vie quotidienne.
School Days fait parti de ces animés assez laids graphiquement, avec des défauts assez flagrants, qui proposent quelque chose de nouveau, de pertinent. L'œuvre possède de riches ambitions quand on prend la peine de s'y intéresser, et pour un petit animé qui a été réalisé par un petit studio presque sans budget, moi j'applaudis.